« Nous avions des chansons que nous ne voulions pas perdre, que l’on ne voulait pas voir sur une étagère pendant quatre ans, nous avons donc décidé de rompre avec notre manière de travailler et de terminer les chansons rapidement avant de les rendre publiques ». dEUS a surpris tout le monde en sortant sans crier gare Following Sea mois d'un an après Keep You Close. On pourrait penser que le travail a été bâclé. Il n’en est rien.
Surprise dès la première piste. Comme son titre l’indique, ‘’Quatre Mains’’ est un morceau chanté en Français. Ambiance musique de film avec chant ‘’gainsbourien’’ sur les couplets. Je n’ai jamais pu supporter la musique de Gainsbourg. Heureusement, ce chant devient ensorcelant sur les refrains. ‘’Sirens’’, qui au vu de sa mélodie porte bien son nom, fait délicieusement monter l’adrénaline. La voix de Tom Barman est mélodieuse. Envoute. Comme les sirènes nous attirant à elles par leur chant, que l’on peut entendre résonner dans le morceau. Le couplet d‘’Hidden Wounds’’ est assez spécial, comme si un capitaine de sous-marin parlait dans son micro. Mais le merveilleux refrain nous fait remonter à la surface pour sentir la brise fraiche nous frôler doucement la joue.
Changement d’atmosphère avec un ‘’Girls Keep Drinking’’ kitsch et old school. ‘’Nothings’’ s’oriente quant à lui vers un rock exotique avec des guitares pop indie tandis que ‘’Soft Fall’’ continue d’apporter quelques rayons de soleil sur cet album qui avait commencé avec des couleurs plutôt sombres (le bleu foncé des fonds marins).
On bascule dans le romantisme avec ‘’Crazy About You’’ et ses airs de guitare qu’un charmant jeune homme pourrait chanter, installé dans un hamac au bord de l'eau, sa chère et tendre assise à ses pieds. Un peu ‘’gnan gnan’’ comme morceau soit dit entre nous. ‘’The Give Up Gene’’ ne manque lui pas de rythme. Mais à aucun moment il ne décolle telle la mouette prenant son envol. Le refrain un tantinet fantomatique aurait pu être traité de manière largement plus intéressante. Plutôt énervé instrumentalement parlant, ‘’Fire Up The Google Beast Algorythm’’ perd son charme du fait de la voix trafiquée de Barman.
‘’One Thing About Waves’’ monte en crescendo. Au début, on imagine le ciel devenir menaçant, la mer s’agitant petit à petit. On retourne dans l’atmosphère sombre et initiale de l’album. « Waves ». Ce mot répété avec insistance procure des frissons. A un peu plus de la moitié de la piste, la guitare souleve les vagues. Fait tomber la nuit. Attire l’orage. Ne vous projetez-vous pas dans cette scène magnifique ? La pluie tombante, les éclairs illuminant le phare au loin, le vent qui se déchaîne...
C’est finalement sur quelques notes de piano accompagnées de cris de mouettes que l’effort du quintet se termine. Dans le calme et l’apaisement. Avec le retour de la rosée du matin, les premiers rayons de soleil transperçant l’épave d’un navire échoué sur la plage. Une fin certainement à l’image du groupe : vidé par tout ce travail, mais content, et serein pour la suite. C’est tout ce qu’on leur souhaite.
A l’image de sa jolie pochette, c’est une galette rafraichissante. Reposante. On retrouve une grande diversité des ambiances d’un morceau à l’autre, et la voix posée et mélodieuse de Barman reste le plus grand atout charme du groupe.
Pourtant, malgré un tout bien arrangé, l’opus ne laisse pas si enthousiaste que ça. Pas de gros tube comme la formation l’a fait avec ‘’Keep You Close’’ sur le précédent album. Ce qui n’empêche pas cette nouvelle création de tenir le cap. Avec le pouvoir de faire déborder notre imagination et nous transporter bien loin sur les flots, ainsi que dEUS en a le secret.