Faces of Eve, premier effort studio du groupe anglais du même nom, est un album qui mélange les genres. On va des breakdowns de hardcore au chant clair (et propre) de metal progressif en passant par des guitares léchées et assez techniques. Alors, que peut-il ressortir de ce mélange des genres ?
Le metalcore est un genre particulier. Il ressemble souvent à un exercice de style, souvent bien fait, ne le cachons pas. Mais, du fait d’être un « exercice de style », les groupes se cantonnent à quelques grands mouvements basiques (breakdowns, chant clair, chœurs screamés) sans aller chercher un peu plus loin dans l’originalité.
Ici, Faces of Eve tente de voir plus loin que la frontière. Cela passe notamment par une utilisation permanente du chant clair, ce qui le rapproche, grosso modo, d’un groupe de metal progressif. Pas question ici de dévoyer le genre, c’est souvent très bon. Ici, aussi.
Cela ne fait cependant pas oublier quelques points négatifs, du moins au premier abord. A la première écoute, on est un peu face à un dilemme : ça ne décolle pas vraiment, la musique est scolaire et loin d’être rattrapée par un chant saturé inexistant. Et on l’attend, ce chant saturé. Ne serait-ce qu’un growl à la fin d’un morceau, tombé comme un cheveu sur la soupe. Mais non, le chant clair reste la norme pour Benjamin Black. Et au final, on s’y fait et c’est même plutôt pas mal. Rafraîchissant serait le mot juste : on comprend les paroles.
Les breakdowns font également une grosse partie de l’album. Si l’on en trouve au milieu des morceaux, ils sont également nombreux à être situés à la fin de chaque piste. Au lieu de relancer de façon totalement commune un morceau en plaçant les breaks au milieu, les mettre à la fin permet de conclure sur une note plus sèche et plus contrastée que le reste de l’album. On notera au passage le break d’une minute sur le morceau "Colours", ainsi que "IV" et "Loveless", qui en plus d’être des morceaux instrumentaux d’une minute quarante chacun sont des breakdowns à eux seuls. A la fin de cet album, on trouve également le très intéressant diptyque "As Above" / "So Below", une même chanson mais reprise en acoustique pour sa seconde occurrence.
S’il y a une frustration certaine à ne pas avoir de screams ou de growls sur une instru de cette qualité (parce qu’elle l’est), l’album est cohérent et le groupe garde une ligne de conduite du début à la fin, sans jamais s’en départir. La présence des breakdowns et leur disposition si particulière dans les morceaux rajoute également à la personnalité du groupe, qui tente de sortir des sentiers battus d’un genre trop scolaire et trop prévisible.
> Faces of Eve, sorti le 25 août chez un label indépendant.
