Interview réalisée le vendredi 15 juin au Hellfest
- Aðalbjörn "Addi" Tryggvason (chant, guitare)
- Guðmundur Óli Pálmason (batterie)
- Sæþór Maríus "Pjúddi" Sæþórsson (guitare)
Interview menée par Ju de Melon et Lionel/Born666
Retranscription : Katarz
Nous avions eu l'immense plaisir de découvrir que le groupe Solstafir avait accepté de nous accorder une interview au Hellfest. Nous avions adoré leur dernier album Svartir Sandar, pour certains de nos chroniqueurs il se place même comme l'album de l'année précédente.
Après l'excellent show donné au Hellfest (notre live report en témoigne), nous avions des questions concernant les détails de celui-ci et sur l'avenir du groupe.
Vu leurs noms pas possibles, au mieux de les numéroter, nous vous dirons simplement que les musiciens qui s'expriment le plus sont le chanteur, Aðalbjörn Tryggvason alias "Addi" et Guðmundur Óli Pálmason le batteur.
Quant aux autres ? Ils se mettent à gambader dans les couloirs et l'arrivée inattendue de notre chroniqueuse Katarz n'a pas amélioré les choses lorsqu'elle se mit à discuter avec le gratteux Sæþór Maríus "Pjúddi" Sæþórsson en sirotant de la bière Hellfest labellisée "Solstafir". Apparemment, la bouteille a déjà été largement entamée par Pjuddi et leurs discussions semblaient plus porter sur la mer islandaise et les vagues que sur un contenu journalistique. En punition elle copiera l'interview.
Dès le début de la discussion, quand il s'agit de s'asseoir, il semble que le groupe se donne de petits surnoms... enfin plus exactement au fameux guitariste portant divinement bien le chapeau.
Aðalbjörn Tryggvason et Guðmundur Óli Pálmason, très concentrés...
Ju de Melon : Alors comme ça on vous donne des surnoms ? Nous voici donc par exemple avec Clint Eastwood ou Chuck Norris, guitariste de son état ! On te donne d'autres surnoms aussi ?
Addi : Oui parfois c'est El Gringo de Puta. (rires)
Pjuddi : Parfois c'est El Gringo... El Gringo de Norte. (rires)
Ju de Melon : Un de nos anciens premiers ministres, on le surnommait comme ça. El Gringo. Donc tu aurais pu être le premier ministre en France. (Rires)
Born666 : Votre dernier album s'est transformé en double album en cours de route. Peut-on dire que c'est votre Exile on Main St. (NDLR : Double album des Rolling Stones) ?
Addi : Non je vais te dire ce qu'il en est vraiment. Chaque grand groupe a fait un double album dans sa carrière. Pink Floyd l'a fait, Nine Inch Nails l'a fait... Guns N' Roses, Metallica, Smashing Pumpkins..
Pjuddi : Et les Rolling Stones... (Rires)
Addi :Voilà. Donc nous avons souhaité aussi faire un double album. Donc tu peux dire que c'est notre principal fait d'arme à ce jour, Définitivement, oui.
Guðmundur Óli Pálmason
Born666 : Est-ce que cet album vous l'avez composé sur une longue période ou est-ce que cela a été rapide ?
Addi : Oh non non ça a été rapide.
Born666 : Moi dans la chronique que j'ai écrite pour la Grosse Radio, je vous avais mis un 10/10, ce que je fais très rarement, parce que pour moi c'est le meilleur album de l'année dernière. Vous l'avez composé comment cet album ? Sous alcool ? Drogues ?
Addi : Je vais te dire toute l'histoire. Tous les quatre, entre début février et fin avril plus exactement, nous nous sommes retrouvés en studio. On ne buvait que de l'eau, on fumait des cigarettes, on démarrait à 10 heures du matin, 7jours sur 7, et on composait de 10 heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
Pjuddi : Et beaucoup de café !
Addi : Et c'est ainsi que l'album est né. Cela a été un processus d'écriture complètement différent de l'album précédent, puisque notre précédent opus, nous avons mis des années à l'écrire. Donc là c'était moins Rock'n'Roll, juste que l'on mangeait du yoghourt, on buvait du café et on fumait uniquement des cigarettes. Et on a réussi à composer un album d'une telle envergure.
Born666 : Beaucoup de gens disent que ta voix a changé. T'es-tu entrainé au niveau du chant ou quelque chose?
Addi : Je ne crois pas que ma voix a changé, juste la manière dont je chante. Avant j'utilisais beaucoup de chant crié... Nous avons toujours aimé évoluer, pousser les choses en avant. C'est pour ça qu'en quelques années le chant a évolué vers moins de cris, plus de chant clair. Aujourd'hui j'ai un chant beaucoup plus clair. J'ai tout simplement souhaité arrêter ce que je faisais avant pour expérimenter de nouvelles choses. Il suffit, pour voir la progression, que tu écoutes un album de 2007 et un album de 2011.
Chuck Norris et Angela Gossow?
Born666 : Oui, du coup il y a quatre ans on vous catégorisait dans le Black Metal atmosphérique. Comment tu décrirais votre musique maintenant ?
Addi : Oui, mais tu sais on peut même dire que nous changions tous les jours. Mais même si la musique change, je crois que nous restons toujours le même groupe. De toute façon si nous existons encore dans dix ans, je peux te garantir que l'on continuera à évoluer et on fera quelque chose d'encore totalement différent !
Born666 : Mais si tu devais décrire le style Solstafir à quelqu'un qui ne vous connaît pas, comment décrirais-tu votre musique ?
Guðmundur : Ca dépend à qui tu dois décrire notre style. Si je devais le décrire à ma grand-mère, je lui dirai que je fais du Heavy Metal. Mais si je devais l'expliquer à un connaisseur, je lui conseillerai d'écouter nos albums avant de se poser ce genre de questions et "fais-toi ta propre idée". Voilà ce que je lui dirais. Nous ne mettons pas une étiquette sur le style de musique que nous jouons. Nous nous considérons juste comme un groupe de Rock N' Roll.
Born666 : Peut-on vous comparer aux Pink Floyd avec des éléments Metal ?
Guðmundur : Oui mais nous n'aimons pas nous comparer à quelque groupe que ce soit. C'est trop subjectif.
Born666 : Il y a un journaliste qui a dit que votre dernier album est un chef d'oeuvre, qu'en est-il de vos fans ? Quelle est leur réaction ? Ont-ils reçu l'album aussi bien que Köld ou que la presse ?
Guðmundur : Nos fans ? Je crois que la plupart d'entre eux ont aimé, même s'il n'est pas exclu de voir des commentaires sur internet du genre « Oh je préfère ce qu'ils faisaient avant ».
Addi : Mais tu vois nous on a la liberté que certains groupes n'ont pas ! Regarde Iron Maiden par exemple, ils doivent jouer toujours le même musique parce que les fans attendent cela d'eux ! Nous ? On a la liberté ! On n'est pas obligé de refaire le même album dix fois ! Regarde encore quand on a fait notre tournée européenne, on a eu envie de se faire plaisir et de rejouer de vieux morceaux, parce que nous aimons les jouer ! Mais les gens ? Les gens s'en foutent ! Ils ne connaissent pas notre premier album, ils veulent entendre le dernier ! Et j'aime ça !
Ju de Melon : Et parlons de "Fjara", votre single...
Addi : C'est le pire titre de l'album. (Rires)
Ju de Melon : Pour moi c'est le meilleur. Une très jolie vidéo aussi, on est très loin du Metal...
Guðmundur : On a pas vraiment décidé de faire cette vidéo tu sais...
Addi : Quand on a écrit cette chanson on savait qu'elle allait être particulièrement douce. Nous aimons les chansons douces ! On aime la musique douce, atmosphérique tout autant que le Heavy Metal. Nous savions que cela allait sonner très particulier, avec ces voix très claires, les brosses sur la batterie, et pourtant plein de métalleux aiment cette chanson. C'est dingue parce que c'est la chanson la plus douce que nous ayons faite, et tous les métalleux en sont dingues.
Guðmundur : On savait que les réactions allaient être fortes à ce single, mais nous ne nous attendions pas à tant de fans !
Ju de Melon : Et quelles sont vos réactions par rapport au concert, puisque vous avez donc joué il y a quelques heures ?
Addi : C'était bien ! On a joué presque en même temps que Brain Police, ce sont de bons amis à nous. On avait joué avec eux à Reykjavik et puis on les avait vus répéter dans leur studio...
Ju de Melon : Une petite question à propos de l'avenir du groupe. L'album est sorti, la tournée est derrière vous...qu'en est-il de la suite ?
Guðmundur : Le futur ? Tu as vu Terminator ?
Ju de Melon : Oui, tout le monde va crever... mais je veux dire vous réfléchissez à un nouvel album ?
Addi: Nooon, rien de ça pour l'instant. On pourrait encore faire une ou deux tournées. Je pense que d'ici la fin de l'année on réfléchira à l'idée de faire un nouveau disque mais pour l'instant on en est encore loin.
Born666 : Vous vous rappelez certainement l'éruption de votre volcan en Islande...
Addi : Ah bon ? C'était un volcan ? Jamais entendu parler. (Rires)
Ju de Melon : Cela ne vous a pas influencés ?
Addi : Naan. Un volcan est un volcan.
Guðmundur : Mais c'est drôle parce que tu vois le titre du dernier album est Svartir Sandar qui signifie « sable noir » donc on est pas loin de cette image. Mais en fait ce titre ne vient pas de l'éruption, nous l'avions en tête depuis un moment déjà avant la catastrophe. Mais quand tu vis en Islande tu as ce genre d'incidents tous les deux ou trois ans.
Addi : Autrement nous l'aurions appelé Eyjafjallajökull.
[Interlude bière avec notre guitariste El Gringo de Norte qui visiblement drague Katarz]
Ju de Melon : Et les tensions politiques en Islande ou plus exactement "le renouveau démocratique" qui se trame là-bas, personne n'en parle vraiment ailleurs en Europe. Pourtant vous avez refusé de reconnaitre votre dette je crois ?
Addi : On ne veut pas rentrer dans ces discussions, même si nous aurions pu en discuter pendant des heures. Un groupe ne parle pas de politique, c'est ennuyeux. Je m'en fiche de ces trucs.
Guðmundur : De toute façon nous ne sommes pas un groupe politisé, en aucune manière. Tout ce que vous devez savoir c'est qu'il y a de nouvelles personnes au pouvoir maintenant, même si les médias ont décidé de ne pas en parler. Et il y a des raisons à cela... posez vous les questions. Imaginez donc si la Grèce avait fait pareil, en serions-nous là aujourd'hui ?
Addi : Ah je crois qu'on a assez de politique là... je vais vomir.
Ju de Melon : Et avez vous des connexions avec d'autres groupes locaux ? Comme le très connu Sigur Ros bien évidemment...
Addi : Nous avons effectivement des connexions avec eux, ce sont des amis à nous, nous les connaissons depuis dix ans et qui sait si un jour nous ne ferons pas un truc ensemble ?. Nous avons d'ailleurs enregistré notre deuxième album dans leur studio, ainsi que le dernier, Svartir Sandar. Nous sommes très amis, nous traînons dans les bars ensemble.
Un intrus s'est glissé sur cette photo Solstafir/Team LGR... saurez-vous le reconnaitre ?
Born666 : Et une petite dernière pour la route ! (Rires) Pourquoi avant le concert et même entre les morceaux vous réglez vos guitares comme des forcenés ?
Addi : Non ! Non ! Je vais te raconter l'histoire. Aujourd'hui on a eu cinquante minutes pour régler nos instruments avant de monter sur scène, tranquille. Sauf que j'ai constaté des soucis techniques, on a dû changer les câbles, trouver des solutions. J'ai failli avoir une attaque parce que dix minutes avant le show ça ne marchait toujours pas. Alors le show a commencé et j'ai réalisé que ma gratte était cassée. Alors je te dis pas le stress.
Born666 : Le son était quand même bon.
Guðmundur : Oui en fait cela nous a pris un peu de temps avant de réaliser ce qui n'allait pas. Mais c'est le genre de choses qui peut arriver.
Ju de Melon : Merci à vous, la France vous adore.