L'affiche du concert nous promettait un duel explosif entre deux groupes locaux aux couleurs musicales differentes.
Dans un angle: Red Beans & Pepper Sauce, fiers représentants du Classic-rock, mâtiné de Heavy-Blues et de Soul. Dans l'autre: Ladies Ballbreaker, un groupe exclusivement composé de femmes qui ont fait le pari de reprendre rien de moins qu'AC/DC. Explosivité il y a eu, mais sans duel, sans mort d'homme (presque). Les deux groupes se sont enchainés comme le Hardrock est venu du Rock & Roll, en puissance.
RED BEANS & PEPPER SAUCE
Dès l’ouverture du concert des Red Bean & Pepper Sauce, on sent poindre la particularité de ce groupe.
Sous la guitare résolument Blues-Rock de Laurent Galichon, l’attitude de dure à cuire et la voix Soul de la chanteuse Jessyka Aké, on remarque les accents de basse de Denis Bourdié et surtout de clavier de Serge Auzier qui évoquent très rapidement le Rock psyché de cette période bénie, quelque part entre les années 60 et les 70’s, qui sent la sueur, le Blues et les retours d’acide. Dès le deuxième morceau le clavier prend les devants avec un long chorus que ne renierait pas Ray Manzarek.
Laurent Galichon, s’il n’a jamais autant l’air de prendre son pied que quand il joue du blues, gratte quand même avec plaisir des riffs de funk. Ici, Jessyka interpelle le public en bonne raconteuse. La batterie de Niko Sarran est imperturbable sur son rythme funk, tandis que la guitare retourne à ses amours premières, brodant son Blues et montant en puissance vers l’outro du morceau, carrément heavy.
Après cette montée d’intensité, le groupe nous offre une pause avec une ballade qui débute par une sombre introduction au clavier. Jessyka retient sa voix, pendant que le morceau vire vers la power ballad, avec un beau solo de guitare suivi d’une outro au synthé, un bruit blanc qui enchaîne avec le morceau suivant. Quelques coups de marteau donnés à la batterie par Niko annoncent le changement, avec un rythme martelé mais chaloupé. Laurent se saisit d’un dobro. La basse arrive tard sur ce morceau, et vient ajouter son groove rond, avant que soudainement le rythme ne change et que le clavier ne se déchaîne.
On reste sur la même énergie pendant le morceau suivant, Rock fin 60’s à fond, tout roule, ondule et balance.
Pour la suite, c’est le Blues, lourd et au fond du temps, qui reprend ses droits. Jessyka fait une belle démonstration de voix avant de laisser la place à la guitare de Laurent. Les accompagnements se font de plus en plus minimaux, tandis que pleure la guitare pour un solo mémorable. Petit à petit, la batterie prend plus de place et le Blues se distille par vagues.
Les derniers morceaux laissent place à toute l’énergie du Heavy-Blues, teinté de Hardrock. La batterie se déchaine, la grosse caisse est matraquée, il nous semble même entendre l’utilisation d’une double pédale. C’est un concert qui s’achève poing levé !
LADIES BALLBREAKER
Quand le poing est levé, passer aux cornes ne demande qu’un bien minime effort.
Nous sommes déjà fin prêts pour le show infernal des Ladies Ballbreaker qui prouveront qu’une paire de couilles n’est absolument pas nécessaire pour faire du Rock et qu’elles sont prêtes à écraser la paire de quiconque soutiendrait le contraire.
Ci-gît Bobby Ballbreaker
Avant tout chose, oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur les groupes de reprise. Le spectacle des Ladies Ballbreaker donne l’impression que ces chansons mythiques n’ont été écrites que pour être jouées ce soir. Talent, tartan, rage et humour, tels sont les ingrédients qui sont mis en œuvre pour le plaisir de nos esgourdes et le malheur de nos cervicales.
Ci-dessous un clip de leur passage au Hellfest 2016, avec leur version de «TNT» :
On peut parler d’abord des deux guitaristes : Cerise et Loren. Cerise à la rythmique, qui donne toute la base d’énergie nécessaire à sa consœur soliste, Loren, qui prend un plaisir contagieux à triturer ses cordes, haranguant le public au passage.
Cerise, à la rythmique
Le retour de Loren, guitariste soliste
Ensuite vient Blandine. Elle ouvre le set à la basse avec «Live Wire», maltraitant sa corde de mi avec toute sa hargne, rapidement accompagnée de Katia, la batteuse énergique et souriante, dont c’était malheureusement le dernier concert en compagnie des Ladies Ballbreaker. La complicité entre les musiciennes saute aux yeux. Toute la soirée, la batterie de Katia sera inondée de post-it d’adieux, déposés entre deux riffs et trois head-bangs par les membres du groupe, visiblement émues.
Blandine
Katia
Enfin bien sûr, en dernier, mais pas des moindres, vient Patricia, maîtresse de cérémonie, cheffe d’orchestre et chanteuse principale du groupe.
Patricia jouera la diva capricieuse sur «Big Balls», se fera sortir de scène, soulevée par Blandine, mais mes aïeules, sa voix gratte, crisse, siffle et crache sur «Back in Black». Les guitares sont furieuses, la basse et la batterie assassines. Déjà bien chauffé par «Live Wire», «Dirty Deeds» et «Whole Lotta Rosie», le public ne se retient plus du tout.
Patricia
Pas de pause, les Ladies Ballbreaker finissent de nous briser avec «TNT», avant de nous abattre avec «Shoot to Thrill». Ici, pas de mimétisme. Il y a bien deux-trois jeux de jambes hommages de la part de Loren, mais sinon leur énergie est la leur. Blandine bondit d’avant en arrière, vire comme une toupie rageuse, on peut voir le sourire banane de Cerise entre deux head-bangs, quand ses cheveux daignent nous laisser l’apercevoir.
Patricia, après cet enchainement fatal, nous propose de nous asseoir un peu. Un bon vieux blues des familles, «The Jack». C’est l’occasion de discuter un peu avec quelques membres du public, qui saluent unanimement le talent de Loren, une «vraie magicienne» à la guitare.
Bien reposés, nous sommes prêts à repartir, les Ladies Ballbreaker nous font d’abord voir rouge avec «If You Want Blood», puis nous offrent une mise en scène burlesque de «Bad Boy Boogie». Allez, nous n’allons pas vous éventer le show, disons seulement qu’il y est question d’homme objet et de strip-tease…
En parlant de burlesque, la chanson «Big Balls» valait déjà son pesant de cacahuètes quand elle était chantée par Bon Scott. Patricia y rajoute sa patte, avec un chant plus proche du conte dans une lumière rouge, sa meilleure voix de diva et une mise en scène comique que nous avons déjà évoquée plus haut. Alors que Patricia se débat en coulisse, Cerise remet tout le monde d’accord avec un riff imbattable…On retrouve le groupe en entier pour «Highway to Hell» qui clôt donc le set, avant le rappel où elles joueront «Riff Raff», et pour finir vraiment «For Those About to Rock».
We salute you girls.
Les Red Beans & Pepper Sauce ont encore quelques dates de prévues en octobre, retrouvez les sur leur page Bandsintown pour prendre votre dose de blues rock revival.
Pour les Ladies Ballbreaker, une seule date est prévue en novembre pour l’instant, info ici, mais gageons que la remplaçante de Katia prendra la route bientôt. N’hésitez pas à les surveiller sur les réseaux sociaux.
Crédit Photo: Yann Landry, La Tête de l'Artiste. Album photo complet du concert ici
