Dimanche 17 juin, 21h20 - Valley
Quand ça tourne à l'obsession...
Un évènement que ce concert de The Obsessed, groupe quasiment reformé pour l'occasion avec le line-up de l'album The Church Within (1994) et qui donne ce soir sa deuxième date après celle du Roadburn Festival en avril. Formé autour de Scott "Wino" Weinrich, frontman de Saint Vitus, le groupe américain (créé en 1976) évolue dans un doom aux accents stoner en mode power trio old school efficace.
Particularité pour nous français, la présence du bassiste compatriote Guy Pinhas, qui peut ainsi lâcher toute sa verve en s'adressant au public dans sa langue natale. Il prendra d'ailleurs plus d'une fois la parole dans ce show, histoire de sonder ses fans fatigués par trois jours de festival intenses. Son "Vous fumez bien ? Vous buvez bien ? Vous baisez bien ? Ah moins déjà, dommage" ainsi lâché, souriant et une bière à la main, restera d'ailleurs dans les anales.
Wino saura aussi prendre la parole pour dire quelques mots bien pensés sur ces dragons que sont les policiers (introduction de "To Protect and to Serve"), faisant ainsi écho à ses mots de la veille lors du concert de Saint Vitus, même s'il restera cependant plus discret et ainsi axé sur son chant et la musique. Car à la différence d'hier, Scott doit également assurer les parties guitares, rythmiques et solo, sous le regard amusé et admiratif de Dave Chandler et Mark Adams (autrement dit le reste de Saint Vitus) venus assister à cette prestation en amis. Le frontman n'oubliera pas non plus de souligner que, 18 ans après, il s'agit presque d'un anniversaire et donc d'un moment important pour le groupe qui, après trois albums et plusieurs pauses durant ses 36 ans d'existence, n'a plus d'autre but désormais que de s'amuser de temps en temps sans penser à l'avenir.
C'est donc dans une décontraction à la fois pesante et sombre que The Obsessed distille ses morceaux une bonne heure durant, proposant un beau medley de sa carrière. Le mega-tube "Streamlined" (diffusé sur La Grosse Radio) ne sera bien évidemment point oublié, et c'est d'ailleurs le fameux The Church Within qui se taillera la part du lion sur cette setlist. Un seul morceau du tout premier album éponyme sera joué devant nous, un "The Way She Fly" très caractéristique du psyché fumant qui enrobait le début de leur carrière, le reste étant plus axé globalement sur un stoner profond que Grand Magus par exemple ne renierait pas.
Par moments en mode Motörhead, le trio va pousser le vice jusqu'à effectuer un rappel hommage en interprétant le "Iron Horse/Born to Lose" de la bande à Lemmy. Instant inattendu et agréable durant lequel Scott lâchera les chevaux devant une nombreuse foule en délire qui donne tout ce qui lui reste. Wino sourit, confirme qu'il prend un plaisir incomparable sur scène, comme le montre ce trait d'humour effectué tantôt : un "Can someone turn the radio down?" lorsqu'entre deux chansons se devinaient au loin les mélodies de Mötley Crüe qui jouait au même moment.
Un trypitique en parfaite harmonie, fier et ravi d'être là, ancré autour d'un chanteur/guitariste flamboyant à la force tranquille et vivifié par un bassiste chauve aux doigts d'acier et un batteur (Greg Rodgers) à la frappe imparable. Assister à un tel concert, c'est comme voir l'histoire se réécrire sous nos yeux, celle d'un underground racé et classieux qui a donné ses lettres de noblesses à un style désormais prisé par des groupes bien de notre époque. Comme quoi, les choses sont parfois bien faites...
Setlist (1 heure) / quelques incertitudes sur l'ordre des morceaux :
- Streetside
- Tombstone Highway
- Brother Blue Steel
- To Protect and to Serve
- Streamlined
- Mourning
- Endless Circles
- Skybone
- The Way She Fly
- River of Soul
- Lunar Womb
- A World Apart
- Neatz Brigade
Rappel :
- Iron Horse/Born to Lose (Motörhead Cover)