Né des ruines encore fumantes de Kaotoxin, le label Xenokorp s'inscrit dans la droite lignée de son grand frère. Preuve en est la signature de Savage Annihilation pour leur second album, Quand s'abaisse la croix du Blasphème, après un premier opus sorti chez Kaotoxin. Le groupe de death metal du centre de la France y reprend les éléments déjà présents sur Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries, à savoir un death metal à tendance old school et chanté dans la langue de Molière.
Le Morbid Angel de la période Gateways/Heretic semble être l'influence principale de ce combo, qui réalise un album de fort belle facture, dont le plat de résistance est constitué de deux titres de près de huit minutes, "Quand S'abaisse la Croix du Blasphème" et "Par Delà les Dunes de Cadavres" (dont le riff d'intro pourrait avoir été composé par Trey Azagtoth). Malgré la longueur de ces deux compositions et la complexité de leurs structures, le groupe parvient à ne pas perdre l'auditeur, en proposant de nombreux changements de tempo notamment. Ces deux titres proposent de véritables montagnes russes de riffs rageurs, parfois doom (le pont de "Par delà" à 3mn en témoigne), ponctué du chant puissant et profond de Dave.
Malgré ces titres longs et tortueux, Savage Annihilation n'oublie pas d'être plus direct et efficace sur des titres comme "Organe après Organe" (qui bénéficie par ailleurs d'un excellent solo de fin exécuté avec mélodie par Dave), ou "Hyrreit". Ces deux morceaux, plus classiques et plus faciles d'accès constituent une bonne porte d'entrée pour découvrir le trio, même si par conséquent ils sont peut-être les moins intéressants de la galette.
On apprécie également l'aspect cinématographique insufflé à cet opus avec la présence de petits interludes parlés ("Hyrreit", "Quand S'abaisse la Croix du Blasphème"), nous plongeant dans une ambiance de torture et d'inquisition. Cette ambiance est également renforcée par le chant de Dave qui, chose rare dans le style pour être soulignée, est compréhensible pour l'auditeur. De plus, l'outro de l'opus, "Le Tombeau de l'Atrocité" dégage une aura mystique avec son chant féminin lyrique mêlé à de la guitare acoustique, qui évoquerait presque les travaux d'Ennio Morricone. Une brillante conclusion pour un opus de cette qualité.
La production de l'album colle parfaitement à l'ambiance old school recherchée par Savage Annihilation avec un riffing à la distorsion grasse à la suédoise ("Dévorante Dégénérescence Anthropophage"). La basse est bien mise en avant dans le mix, ce qui permet d'apprécier les petites subtilités glissées par Benoit (ex-Insain, Slave One) à la quatre-cordes, qui diversifient un peu plus l'oeuvre. Mais celui qui est le plus mis en avant, c'est le cogneur de fûts, Mike, dont le jeu sait se faire varié, depuis les blasts classiques, jusqu'aux breaks dévastateurs.
Avec son deuxième opus, Savage Annihilation propose un death solide, quoique difficile d'accès, et de nombreuses écoutes seront nécessaire à l'auditeur pour se familiariser avec l'univers du trio. Une fois ce premier effort fait, il est certain que l'amateur de death old school y découvrira un album riche et à la personnalité bien trempée. Un gage de qualité en somme.
Album disponible chez Xenokorp
Crédits photos : Droits réservés Xenokorp/Savage Annihilation