Quixote R.P.M Party – Volume 2 au Petit Bain – 21/11/17

On vous l’avait annoncé, le label Quixote R.P.M - ou plutôt Patrice Mancino son boss - était tellement content d’avoir dix ans, qu’il remettait ça au Petit Bain après s’être déjà empiffré de gâteau d’anniv’ en juin au Divan du Monde… On lui sait gré de l’avoir remis le couvert. En entrée, nous avons eu droit à un cocktail bien frappé - normal c’était leur première release party - façon Captain Americano. Puis vint le plat de résistance, un robuste met breton, fait maison par The Craftmen Club. Quant aux Traditionnal Monsters servis au dessert, s’il fallait continuer dans l’allégorie culinaire, disons que cela dégoulinait de sauce à la menthe, une spécialité d’inspiration briton aux saveurs punk !

Depuis février dernier et l'expo éponyme, les illustrations de Serge Clerc* couvrent toujours les murs du Petit Bain. Une déco qui contribue à mettre les amateurs.trices de post-punk, dans l'ambiance… directe ! L'un d'entre eux réclame des bouchons à z'oreilles au barman, "parce qu'il va en avoir besoin pour le premier groupe !". Vraiment ? On se décide à suivre ce conseil de celui qui semble bien connaître la puissance de frappe de Captain Americano… Ils ont pourtant l'air d'être dignes de confiance dans leurs pimpants uniformes de pilotes de ligne, cravate comprise et coupe irréprochable. Mais lorsqu'ils font décoller leur jet, nous sommes décoiffés dès les premières secondes et bien contents d'avoir suivi la suggestion avisée de leur fan…

Captain Americano - Petit Bain - © M. Ruzniewski
Photo © M. Ruzniewski

C'est ce que le gros son que nous balancent Julien et ses trois co-pilotes, c'est du stoner rock, bien grunge et métallique à souhait. "Wrong pilot" qu'ils disent ? En tous cas, "good destination" pour ceux et celles qui aiment être transportés par un ouragan de guitares. Il y aura bien une petite escale sonore sur le troisième titre "Walk over" durant laquelle la basse de Nicolas s’expose de manière très fugace, mais pour mieux repartir dans les turbulences des guitares d'Erwan et Julien… "Hell No" vendu comme étant une "chanson qui parle d’amour", est sans doute ce qui se rapproche le plus d’une ballade au sein de ce premier album A swing. Pour le reste, pour swinger, ça a swingué, voire même drôlement tangué ce soir là au Petit Bain

Captain Americano - Petit Bain 2 - © M. Ruzniewski
Photo © M. Ruzniewski

Patrice Mancino remerciera particulièrement les gars de Guimgamp d'avoir fait le déplacement au Petit Bain. Ça ressemble bien aux Craftmen Club, ces vrais artisans du rock n'roll de venir soutenir un label militant tel que Quixote R.P.M. Les quatre men in black balancent d'entrée "Love", un titre de leur quatrième opus sorti il y a peu et enchaînent avec "Click on the box", extrait du précédent Eternal life. Puis on prend "La route" avec eux. On la trouve pas vraiment "encore longue", et ce n'est pas par des "faisceaux lumineux" que nous sommes éblouis mais bien par la présence de Steeve Lanuzel, toujours aussi intense au chant. Le français lui va fort bien au chant !

The Craftmen Club - Petit Bain © M. RUZNIEWSKI
Photo © M. RUZNIEWSKI

Histoire de nous contredire, les Craftmen se lancent dans le groovy "Except to trash" et un "I can't get around" au heavy blues meurtrier… Et après leur "Vampires", reviennent à la langue de Momo pour "Nos enfants rois". "Merci pour cette jolie petite famille" susurre Steeve d'un air énigmatique… "Colores" et la basse de plomb de Marc Corlett, le rock n'roll "Animals", tous balancés avec une hargne fiévreuse… On termine exsangues, sans un poil de sec sur leur "jetée". On aurait pourtant du s’douter qu'en passant au Petit Bain, les Craftmen Club allaient nous faire passer par dessus bord…

The Craftmen club - Petit Bain 2 © A. Svirodova
Photo © A. Svirodova

Avant que les Traditionnal Monsters ne montent sur scène, Patrice Mancino a bien tenté de s’étendre quelques minutes sur le combat qui est le sien et de rallier à sa cause, ceux et celles qui considèrent que la musique n’est pas juste un produit jetable de plus… C’était sans compter avec ce trublion de Dick Turner qui lui colle sous le nez un mini cake parsemé de bougies, lui braille aux oreilles un tonitruant "happy birthday" et ne lui laisse même pas le temps de les souffler ! Une entrée en matière qui n’a pas du surprendre le boss de Quixote, lui qui affectionne tout particulièrement la fantaisie punk de celui qui arbore en début de set un béret et une barbichette. Un look d’américain égaré à Montparnasse dans les années trente… "It’s hard to be a men" entame-t-il avec conviction et trombone, rejoint par ses acolytes. Des trois, cachée derrière ses futs, Emiko Ota semble la plus discrète mais n’est pas pour autant la moins tapeuse… Le fez madnessien qui coiffe le chef du susnommé Arnaud Caquelard, bassiste et récent progéniteur de son état, oscille au gré de ses déhanchements. Le plus prudent de la bande est sans doute le guitariste Axel Monneau, qui se cache derrière des ray-ban et une chèche de touareg. Cela ne l’empêche de faire cocotter sévère son instrument, voire de lui faire cracher ses cordes…

Traditionnal Monsters - © A. Svirodova
Photo © A. Svirodova 

La prestation de ce combo azimuté est éminemment monstrueuse et tout, sauf traditionnelle. Pour autant, on se surprend à ne pas "pusher le panic bottom" alors que Dick Turner nous y invite, nous en supplie même en se mettant carrément à genoux ! Certes, la bande sonore est un rien expérimentale, mais toujours fun, les barrissements du trombone de Dick Turner y contribuent notamment. Et pour peu que l’on soit sensible au cabotinage tant vocal - on songe à un Peter Gabriel période acides - que vestimentaire. Au septième titre "Black butterflies", il s’éclipse pour revenir coiffé d’une tiare dorée et d’une ample vêture noire. Un costard grand prêtre illuminati tintinesque, qui colle à merveille à un morceau empreint d’une ferveur quasi mystique. Totalement païenne, au vu des paroles des titres qui suivent ; "I want a girlfriend", "Girls’ school" et "my baby is a like a pizza"… Pas de doutes, ce sont bien des appétits terrestres dont se réclament Dick Turner et son gang, même si nous ne sommes pas vraiment certains qu’ils ont les pieds sur terre… Et c’est tant mieux !

* Pour les plus jeunes d’entres vous, qui n’ont pas eu la chance de découvrir le rock n’roll via Rock n’folk, NME ou Guitar Player, sachez que Serge Clerc fut LE dessinateur rock des années 70-80. Son intégrale rock est à déguster sans aucune modération !
 



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