Alors que le groupe suisse suscitait déjà l'intérêt du staff de La Grosse Radio (premier album chroniqué en 2010, enthousiasme de notre Ju de Melon quant à leur très bonne prestation live au Hellfest, puis re-chronique du second brûlot du trio), le label Massacre Records nous a aidé à assouvir notre curiosité sur ce fameux trio rock / metal, en nous aidant à obtenir un contact mail direct avec la chanteuse / bassiste et membre fondatrice de la formation, la jolie Nina Vetterli-Treml, femme du guitariste de Coroner, Tommy Vetterli. Une interview fort sympathique, avec une Nina qui n'a pas la langue dans sa poche parfois !
Interview par mailer, questions de Sanguine_Sky et de Ju de Melon
Sanguine_Sky : Bonjour Nina, et merci de m'accorder cette interview ! Pour commencer, pourrais-tu présenter 69 Chambers pour nos lecteurs ?
Nina : 69 Chambers est un groupe de rock / metal à chanteuse de Suisse, comprenant Nina Vetterli-Treml à la basse et au chant, Tommy Vetterli (Coroner / ex-Kreator) à la guitare et Diego Rappachietti à la batterie. Nous aimons appeler notre musique un champ de mine de contradictions, instrumentalement c'est en grande partie très heavy, mais le chant à un côté très pop. Tout comme une majorité de nos auditeurs, nous trouvons cela difficile de décrire notre son et de le classer dans un endroit spécifique, tu dois écouter ça par toi-même. Mais nous pouvons vous assurer que c'est différent de la plupart des groupes de metal à chanteuse que vous pourrez entendre en ce moment …
Torque est le second album du groupe, succédant ainsi à War on the Inside. Quelles sont, selon toi, les principales différences entre ces deux albums ?
Torque propulse notre musique au niveau supérieur. Je crois que ça sonne plus moderne, avec moins de grunge, et plus de metal contemporain, ainsi que de la pop. 69 Chambers a depuis toujours combiné les extrêmes et incorporés ceux-ci à notre propre style, ce second album apporte des contradictions plus au point. Il y a aussi plus de focus sur les détails et j'ai travaillé dur sur le chant pour être capable de m'exprimer dans des voies diverses. De plus, 69 Chambers est devenu à l'unisson. Quand j'ai écrit le premier opus, j'étais pratiquement seule, devant faire avec les nombreux changements de line-up. Mais avec Tommy et Diego dans le groupe, chaque musicien a contribué à la musique, et a eu sa propre influence. C'est ce qui fait de Torque un album plus mature et plus confiant.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de cet album ?
Un peu lent comme nous n'étions pas capables d'enregistrer tout d'une fois, mais plutôt en de nombreuses sessions séparées, mais tout est allé ensemble très doucement, très bien. Tommy, qui n'a pas seulement rejoint le groupe en tant que guitariste, a toujours été notre producteur et je crois qu'il est l'un des meilleurs. Il a le meilleur équipement studio, et a grandement contribué à la qualité de cet album grâce à sa grande expérience musicale.
Nina Vetterli-Treml
Ton mari, Tommy Vetterli, a donc récemment rejoint 69 Chambers. De quelle manière prend-t-il part au groupe ?
Comme je l'ai mentionné, il était avant le producteur (nous nous sommes d'abord rencontrés durant l'enregistrement du premier album). Mais il a rejoint le groupe en tant que guitariste lead pour les concerts depuis un an, et finalement, il a décidé de rejoindre le groupe comme un membre permanent. Et je ne peux plus imaginer 69 Chambers sans lui, non seulement pour ses compétences ou parce qu'il est mon mari, mais parce que nous formons vraiment un groupe, nous sommes très complémentaires Diego, lui et moi. Ça ne fait pas de grande différence que nous soyons mariés, car quand on parle de musique, nous travaillons sur une base strictement professionnelle.
De quelle façon composez-vous dans 69 Chambers ?
J'écris la plupart des pistes moi-même. J'enregistre mes idées avec une batterie synthétique, et montre aux gars la composition entière. De ce point, Diego va commencer à contribuer avec des idées pour la batterie, et nous allons décider ensemble quelles parties nécessitent une amélioration. Les idées de base subissent de nombreuses transformations jusqu'à ce qu'elles soient prêtes pour l'album. Entre le temps où elles sont prêtes pour l'enregistrement, Diego et Tommy vont mettre beaucoup de leur influence dans ces compositions.
As-tu un morceau favori dans Torque ?
Personnellement, j'adore jouer « Naughty Naughty Naughty » en concert parce qu'il y a un aspect très heavy doom … mais je n'ai pas vraiment de morceau préféré dans cet album, toutes les pistes ont quelque chose d'unique et de spécial pour moi, sinon, elles ne seraient pas dans l'album.
Tommy Vetterli
Quels échos as-tu reçu sur Torque ?
Tout type d'échos. Heureusement, surtout de bons échos, certains même très euphoriques. Mais Torque, c'est le type d'album que les gens vont soit adorer, soit détester. Je crois que c'est plutôt une bonne chose. Cela montre que ce n'est pas un de ces albums auquel les gens sont tout le temps habitués.
La musique du groupe mélange à la fois le rock et le metal, est-ce que tu penses que ça peut vous aider à toucher un public plus large ?
Je crois plutôt que c'est plus difficile d'atteindre un public plus large avec ce genre de musique. Il y a une grande scène pour les différents genres de metal, et encore plus grande pour la scène pop. Mais nous sommes un peu coincés au milieu, et la majorité des fans de chaque genre ne sont pas très intéressés par sauter le fossé. Ça demande un peu d'ouverture musicale que tout le monde ne possède pas. Pour moi, jouer avec ces différents styles vient naturellement, mais je réalise que ce n'est pas quelque chose qui plaît à tous.
Quels sont tes sentiments à propos de Torque ?
Je serais une mauvaise artiste si je réponds que j'en suis complètement heureuse. Une fois un projet finalisé, je sais déjà quelles sont ses faiblesses, et ce qui aurait pu être mieux fait. Mais j'accepte cela comme étant la meilleure chose qui aurait pu être faite à ce moment dans le temps. Nous mettons tous nos efforts, notre temps, notre cœur et notre sang là-dedans, et je suis en fait très fière du résultat tout de même.
Diego Rapacchietti
Quels groupes ou artistes t'ont plongés dans le bain du metal ? Sont-ils toujours des influences majeures pour toi ?
Je crois que tu peux dire que je suis une enfant du grunge, car j'ai grandi avec Soundgarden, Nirvana et Alice in Chains. Et peut-être qu'inconsciemment, cette musique influence toujours ma façon d'écrire. Mais je suis plutôt dans des groupes comme Meshuggah, Slayer ou Crowbar ces jours-ci. Je ne dirais pas qu'ils ont un impact direct sur ma façon de composer, mais le style heavy trouve certainement sa voie dans mes compositions alors que mon chant est lui orienté pop.
Est-ce difficile d'être respecté comme un groupe de rock / metal en Suisse ?
La Suisse est un petit pays et la scène metal est facilement jugée. Notre musique ne va pas être jouée à la radio mainstream, donc naturellement, en tant que groupe de metal qui aimerait de l'attention, nous ne devrions pas être orientés Suisse. C'est bien d'être remarqué dans notre propre pays, mais nous sommes surtout concentrés sur les pays autour de nous.
De plus en plus de groupes commencent à jouer du heavy rock / metal avec une chanteuse, à l'instar de Crucified Barbara, Kobra and the Lotus, Sister Sin ou Huntress. Quelle est ton opinion sur ce mouvement, et penses-tu que ce soit pour les femmes un bon moyen d'écraser les stéréotypes ?
Pourquoi une femme n'aurait pas le droit de jouer dans un groupe de metal ? Parce que c'est une menace pour les mâles ? Parce qu'ils pensent que le metal ne devrait être qu'un monde masculin ? Je n'ai jamais prêté attention à ces stéréotypes. Et je ne fais pas vraiment attention non plus à ces groupes que tu as mentionné. Je pense qu'il y a de la bonne, et de la mauvaise musique, qu'importe le sexe de la voix du groupe.
Quels souvenirs gardes-tu du Hellfest et du Motocultor ?
De supers souvenirs bien sûr ! Nous avons toujours aimé jouer en France, et le Hellfest a été un super gros truc pour nous, car nous jouions sur la mainstage comme en tant que groupe presque inconnu. Mais on espère bien que ce ne sera pas la dernière chance pour nous de convaincre une grande foule dans votre pays !
En plus du chant, tu growles. D'où t'es venue cette idée d'utiliser ce genre de voix ?
J'ai commencé à growler durant les concerts il y a quelques années, et j'ai personnellement toujours apprécié la réaction du public, car ils semblaient totalement surpris. Certains pensaient même que c'était le batteur ou le guitariste qui faisaient ces growls. Chanter d'une manière conventionnelle est plus mon truc, mais comme j'adore mixer les divers éléments musicaux, je pense que c'est aussi très intéressant de jouer avec différents styles vocaux. En plus, la musique que j'écoute principalement comprend des chanteurs qui growlent, j'ose penser que ça a une influence. Mais pour moi ce n'est qu'une de mes nombreuses facettes, je ne voudrais pas abandonner le chant mélodique.
Merci beaucoup pour tes réponses ! Un dernier mot à ajouter pour les lecteurs de La Grosse Radio et tes fans ?
Merci beaucoup pour les questions et pour votre intérêt ! Et pour nos lecteurs : écoutez notre nouvel album, et j'espère vous voir à l'un de nos concerts en France dans le futur !
Le groupe au complet