En ce début d’année, les goules et les démons sont de sortie. La formation italienne Deathless Legacy propose dans son nouvel album, Rituals of Black Magic, la bande-son d’une soirée spiritisme idéale pour occuper les longues soirées d’hiver. L’auditeur ne frémira pas vraiment d’effroi mais sera immergé dans une ambiance plutôt réussie pour les amateurs du genre.
Des chuchotements, des cris, un orgue lugubre, des cordes menaçantes, et puis des grincements sinistres et dans une voix d’outre-tombe un démon – à moins que ce ne soit quelque nécromancien – qui psalmodie dans une langue oubliée depuis longtemps. Est-on dans un vieux film d’épouvante ? Du tout, il s’agit de "The Grimoire", introduction de Rituals of Black Magic.
Comme le titre de l’album le laisse supposer, l’introduction plante le décor d’un album qui invite à une séance dédiée à la sorcellerie et aux sciences occultes. Après cette mise en bouche très cinématographique, l’album démarre avec le titre éponyme, introduit par un clavier imitant un orgue, suivi de près par les guitares et la section rythmique.
Deathless Legacy se présente comme un groupe d’horror metal, avec un penchant certain pour les ambiances gothiques et les claviers, présents aussi bien en soutien de la mélodie qu’en solistes sur de très nombreux passages. Ils alternent les sons de pur synthétiseur, ("Rituals of Black Magic", "Bloodbath"), de piano ("I Summon the Spirits"), d’orgue ("The Grimoire", "Read the Bones") et se rapprochent parfois même du clavecin ("The Abyss").
Quand ils se font plus discrets, c’est pour laisser la place aux guitares. Celles-ci sont souvent placées en retrait des claviers et de la voix, formant un mur dont il est difficile d’identifier les subtilités. Mais le mix les met aussi régulièrement en avant, que ce soit par des riffs mieux mis en valeur par le son ("The Abyss", "Homunculus" ou "Bloodbath" par exemple, sur lequel on entend des guitares bien énervées), ou par des soli qui ponctuent très régulièrement les chansons. Certains sont assez convenus et manquent d’inspiration sur la mélodie, mais pour certaines chansons ("Rituals of Black Magic", "The Abyss"), les guitaristes font sonner leurs instruments comme un bruitage de jeu vidéo type shoot them up, ce qui ajoute au côté loufoquement horrifique.
Si claviers et guitares sont tour à tour mis à l’honneur, la basse et la batterie ne brillent guère par leurs performances, se contentant d’un rôle d’accompagnement. Mais l’ambiance horreur / gothique / cabaret est largement portée par la voix de la chanteuse, particulière, rauque, au beau timbre grave quand elle chante en voix claire, et très écorchée quand elle se met à éructer. Le contraste est intéressant, même si le côté crié semble parfois surjoué. On imagine bien la dame en sorcière des ténèbres, d’autant qu’elle affectionne chuchotements supposés terrifiants et rires démoniaques en plein morceau ("Vigor Mortis", "Homuculus"), le tout parfois ponctué de roulements de R typiquement italiens.
A la vérité, son statut de sorcière ne fait guère de doutes : la biographie du groupe, officiellement italien, explique qu'en réalité des esprits possédèrent le corps d’un jeune homme mort pour en faire un nécromancien, qui ramena plusieurs âmes torturées d’entre les morts et donna ainsi naissance aux créatures formant Deathless Legacy, parmi lesquels une sorcière. L’aspect physique des musiciens évoque d’ailleurs des morts-vivants.
Si Rituals of Black Magic est leur quatrième album, c’est le premier qui est autant en accord avec l’univers du groupe : les arrangements, la voix, les chœurs, évoquent complètement l’épouvante de cabaret, tout comme les paroles, qui évoquent d’anciens signes démoniaques, des goules, des sacrifices, des bains de sang et des esprits en tous genres.
L’ensemble est plaisant pour peu que l’on soit client du genre. Les éléments pris individuellement ne sont pas tous follement originaux (certains passages de guitare, certaines mélodies – le refrain de "Vigor Mortis" notamment) mais l’ensemble est cohérent et a le mérite de proposer une ambiance homogène. Certains titre possèdent une réelle atmosphère, comme "Bloodbath", "I Summon the Spirits" ou "Haruspex", sur lequel les chœurs scandent le titre avec véhémence. D’autres chansons finissent en revanche par se ressembler, et l’album aurait gagné à être être amputé d’un quart d’heure pour plus d’efficacité et moins de redondance. Mais le groupe possède tout de même suffisamment de charmes maléfiques pour donner envie de le suivre lors de ses prochaines invocations démoniaques.
Tracklist
1- The Grimoire
2- Rituals of Black Magic
3- The Abyss
4- Vigor Mortis
5- Bloodbath
6- I Summon the Spirits
7- Homunculus
8-Ars Goetia
9- Hex
10- Read the Bones
11- Haruspex
12- Dominus Inferi
Sortie le 19 janvier 2018 chez Scarlet Records