Guerilla Poubelle is back. Après Amor fati en 2013, enfin un nouvel album, La nausée. Il y avait bien eu un EP en 2016, Inferno, pour nous faire patienter. Et des concerts, plein de concerts, partout, tout le temps. Avec Guerilla poubelle, avec leurs autres groupes respectifs. Avoir le temps de pondre un album au milieu de cet emploi du temps, c'est déjà un exploit. Et quand en plus l'album est bon, ce n'en est que meilleur.
5ème album, en presque 15 ans d'existence. "La nausée", comme le bouquin de Sartre. Celui des "Mains Sales", comme "ceux qui ne sont rien", plein de "cambouis sur leur futales". Les Guerilla Poubelle sont toujours là, fidèles au poste. Du côté des plus faibles, des oubliés, des abandonnés. Textes noirs, Punk en mode mineur. Gros son, paroles tels des uppercuts, la rage des débuts n'a pas laissé la place à la résignation. non, bien au contraire.
On a même l'impression que, plus les années passent, plus la confrontation entre GxP et le monde qui les entoure est sans issue. "Plus je connais les hommes et plus j'aime les chiens". Alors désabusés? Les illusions sont partis? Plus d'espoir?
Photo : Yannick Krockus
Si on considère que la colère est porteuse d'espoir, alors oui, Guerilla poubelle ne se laisse pas aller. "En Marche", violente charge contre qui tu sais et plus généralement contre un système déshumanisé, à la solde de l'argent roi, résume en une minute et trente secondes la rage de GxP devant une destruction sociale systématique, et exprime à lui tout seul l'origine du titre de l'album. La Nausée...
Autre thème cher aux GxP, l'identité sexuelle, le genre. "Identité rigide", ou comment trouver sa place quand on ne rentre pas dans une case. "Les Fils et les filles des sorcières", hommage à celles qui se sont battu pour avoir le droit de disposer de leur corps. Féministe, évidemment. Clique, c'est bon.
Musicalement, Guerilla Poubelle fournit un album à leur image. Gros son, voix saturée, production bien réalisée, et gros relents de Street-Punk. Les breaks si caractéristiques se retrouvent sur quelques morceaux, signature indélébille d'un style bien marqué, qui rend GxP à part dans le monde du Punk français. Petit jeu, cherche bien, les GxP ont même laissé traîner une petite phrase de studio à la fin d'un morceau. Celui ou celle qui trouve gagne un grille-pain à pédale.
Avec ce 5ème album, les Guerilla Poubelle ont pu montrer que, même si on fait 300 concerts par an et qu'on gère une asso de promotion et d'organisation de concerts, on peut se poser pour graver quelques pistes. 13 titres, 26 minutes. On pourra regretter un manque d'imagination et des albums répétitifs, ou au contraire louer cette fidélité à leur style. On en pensera ce qu'on voudra. Mais on écoutera La Nausée avec plaisir. Un plaisir noir.
Qu'on ne s'y trompe pas, GxP est un groupe de scène. Ecumant les scènes, des plus petits rades aux plus grandes salles, que tu habites à paname ou au fond du Larzac, ils viendront chez toi. Et c'est là qu'ils sont les meilleurs, alors n'hésite pas. Toutes les dates sont disponibles sur le site de Guerilla Asso, ou sur Facebook.