Les Mothra Slapping Orchestra sont de retour ! Le trio d'exilés réunionnais remet le couvert trois ans après la sortie de Toi... Tu Creuses... Adeptes du vinyle et du son vintage, la sortie physique du petit nouveau Catch Your Monster se fera sur deux LP chez le label réunionnais Maudit Tangue et le digital sera géré par les américains de Hair Ball8 Records. Comme quoi, même à 11000 kilomètres de leurs bases, les Mothra Slapping Orchestra arrivent à prêcher la bonne parole. Allez, on part à la chasse aux monstres...
“Wanna tell you a story 'bout a woman I know...Who cares about the lyrics ? It’s only rock ‘n’ roll !” S’il y a bien quelque chose à retenir, c’est cette phrase là ! Après le clin d'œil au « Whole Lotta Rosie » d'AC/DC, «Who Cares?» Une façon polie de revendiquer un coté punk lorsque certains en 77 nous balançaient Never Mind The Bollocks ? On tient peut-être ici la version actualisée façon 21ème siècle ! Les Mothra s’en foutent de mélanger tout un tas d’influences du rock garage, du punk, du blues, du swamp rock des Cramps… On s’en fout on vous dit tant que c’est du rock bordel!
Dans ce Catch Your Monster, tout un tas de choses se télescopent, se mélangent pour donner au final une entité propre liée à la sauce Mothra Slapping Orchestra. Le combo se veut forcement marqué par le rockabilly façon Stray Cats. Ca, c'est l'effet contrebasse ! Mais il n'y a pas que ça. La guitare Gretsch, même si elle est un peu plus distordue que celle de Brian Setzer, rajoute un coté psychobilly. Et on se dit aussi tout au long de l'écoute de ce long album que les Cramps ne sont jamais loin.
On nous a vendu des monstres. Y'en a ! Plein ! « In Love With My Vampire » ne nous contredira pas. Côté guitare, le vibrato de la Gretsch en prend pour son grade. Le son clair fait merveille. La voix féminine de Camille y accompagne Eric, le taulier, et on retrouve des relents de Boss Hog lorsque Cristina Martinez répond à Jon Spencer. Les descentes de contrebasse renvoient définitivement au « Rock This Town » des Chats Errants.
Avec « Let Me Be Your Frankenstein », on évolue plutôt dans le heavy rock façon Alice Cooper avec le petit clin d’œil au « Feed My Frankenstein » dudit Vincent Furnier. Et on retrouve toujours cet art du petit bruitage d’ambiance rajouté au milieu d’un pont.
On retrouve chez les Mothra ce soin tout particulier du détail pour créer des atmosphères particulières. L’intro d’« Igor » évoque ces ambiances marécageuses, un rien glauques. Pour les quadragénaires bercés à la super Nintendo, ce titre aurait été fabuleux comme bande sonore de Super Ghouls ‘N’ Ghost. Les claviers rajoutés derrière font merveille. On imagine volontiers cet " Igor " en prince transylvanien des ténèbres.
La musique alternative française fait aussi partie intégrante de l’univers de Mothra Slapping Orchestra. Si l’on cause du titre « Du Recul » notamment, il faut garder à l’esprit que dans le giron des Mothra se trouve en bonne place Patrice Gomes, chanteur des mythiques Rats. Après la stupéfaction de trouver chez les Mothra un morceau qui démarre doucement… (45 secondes de calme ! Record battu !), on sent la patte dudit rongeur et revoilà vite le combo reparti sur le sentier de la guerre. Et en français dans le texte !
" I Don’t Care ! " Tout un programme ! Un coté lounge avec la Gretsch qui twangue puis on embraye sur un riff addictif façon « Antisocial ». Malgré le titre on reste à moitié dans la langue de Molière et on se dit que Noir Désir période Tostaky n’est pas loin mais on retrouve des influences de punk alternatif comme chez Ludwig Von 88 qui viennent s’additionner avec le coté hard rock déjà bien dévoilé précédemment.
Teaser Catch Your Monster
Des références musicales, les Mothra Slapping Orchestra en ont un paquet mais coté Septième Art, ils ne sont pas en reste. Doit-on rappeler que Mothra est un papillon qui compte dans les plus sérieux opposant à Godzilla dans les classiques de japanimation ?
Les séries TV sixties, c'est leur truc aux Mothra. « Amazing Days » ne nous contredira pas ! Un coté surf instrumental léger nous accueille avant que les grosses guitares s’invitent à la fête ! Niveau vocal, on à l’impression d’être invité chez un crooner façon Jon Spencer dans Heavy Trash puis le coté gros rock nous rappelle qu’Eric le hurleur du combo a été biberonné aux hard rock des années 80 dans ses tendres années sans pour autant renier un coté Iggy Pop période Lust For Life.
Enfin un morceau de moins de trois minutes ! C’est sûr, il va y avoir un coté rock primitif ! Et bien, ça ne loupe pas ! Un croisement des pionniers du genre avec un soupçon de punk 77 et voila « My Favor », une belle claque dans ta face !
Autre référence prégnante dans ce Catch Your Monster, les clins d’œil au coté obscur de la Force qui sont très sympathiques. Le morceau « Dirty Wookie Boogie » est carrément dédié à l'univers Star Wars. C’est donc naturellement en causant de Chewbacca qu’on nous accueille. Musicalement, c’est la contrebasse qui s'y colle avant que le combo durcisse le ton. Puis Eric se retrouve possédé alors qu’un clavier piloté par le dénommé "Zorteil" distille un solo à la Jerry Lee Lewis. Une construction bien alambiquée mêlant plusieurs style et où l’on retiendra le meuglement de Chewbacca délicatement glissé au milieu du morceau. Si l’on rajoute une ambiance soul jazzy susurrée par une suave voix féminine, on vous laisse faire le tri dans ces multiples influences mais en tout cas la sauce prend et autant dire que niveau sauce c’est plutôt tabasco caliente que mayonnaise allégée.
Après Star Wars, Tarantino et ses sbires ! « Smelly Pussy ! Hairy Pussy !...Come On In Pussy Lovers !!!” C’est bien Chet, taulier du Titty Twister dans From Dusk Till Dawn de Robert Rodriguez qui nous invite à écouter le morceau “Sick”. Niveau influence le blues boogie de Tito And The Tarantulas, responsable de quelques belles pièces de la B.O. du film cité précédemment se fait sentir. Un morceau fort réussi en forme d’hommage à la fois au boogie blues poisseux et à Quentin Tarantino.
Enfin sur tout album des Mothra Slapping Orchestra il faut une reprise ! Ben là, y en aura deux !
Tout d'abord "Mama" des Z'ears. Un petit coup de De Lorean… Back In Time ! Nous revoilà il y plus de dix ans quand Eric débarque de son pays Narbonnais pour former les Z’ears avec quelques allumés notoires. Y a-t-il un nom pour dire que quelqu’un fait une reprise de lui-même ? En tout cas, c’est ce qui se passe ici et la version des Mothra est assez fidèle à l’originale. Elle aura le mérite de remettre au gout du jour ce formidable titre plein de fougue rock garage.
Mama - Zears 2007Mama - Mothra Slapping Orchestra 2017
Après s’être attaqué à Prince lors de leur premier E.P. avec une version de « Kiss » qui donnait vraiment un peu de patate à la version du Kid de Minneapolis, les Mothra veulent rendre « rock » Depeche Mode ! Tout un programme ! Passé la surprise de ce choix des plus téméraires, on se laisse surprendre et l’on s’aperçoit que les compos du gang de Martin Gore peuvent aussi fonctionner à la testostérone. Comme les Mothra se plaisent à le répéter avec plein d’humour. « Notre première cover a poussé Prince vers l’au-delà, si la deuxième n’est musicalement pas à la hauteur peut-être aura –t-elle le même effet et débarrassera le monde du rock de Depeche Mode ! » Qui aime bien châtie bien !
Voila, c'est fini. On a eu ce qu'on voulait et à l'inverse de Jean-Louis Aubert on a voulu ce qu'on a eu ! Les Mothra Slapping Orchestra s’affirment et passent facilement le cap redouté du deuxième album. Maintenant, on attend leur retour sur le vieux continent accompagné d’un nouveau contrebassiste et d’une chanteuse-clavier, le trio devenu quartette devrait faire parler la poudre (aucune allusion à une quelconque drogue ici)…
Un grand merci à Mikael Thuillier pour les photos
Sortie vinyle Catch Your Monster Part.1 chez Maudit Tangue le 20 décembre 2017
Sortie digitale chez Hairball8 Records début février 2018
Sortie vinyle Catch Your Monster Part.2 chez Maudit Tangue mi 2018