30 ans de beuverie, et toujours pas de gueule de bois
Alors que Tankard se prépare à sortir son 15ème album, A Girl Called Cerveza, Andreas Geremia alias Gerre, frontman depuis le début, a accordé une interview à La Grosse Radio. Il revient notamment sur la collaboration du groupe avec Doro, le live et la scène thrash metal depuis ses débuts. Prost !
Bonjour Gerre, merci de nous accorder cette interview. Tankard a 30 ans maintenant. Toujours pas de gueule de bois ?
Ca nous arrive parfois, mais jamais avec la musique. Après toutes ces années, la passion est toujours là.
Vous allez bientôt sortir votre 15ème album, A Girl Called Cerveza. Qu’est-ce que ça fait d’avoir un album fini ?
Cela nous a demandé beaucoup de travail au studio, surtout au niveau des guitares. Cet album est le premier à sortir sous notre nouveau label, Nuclear Blast, qui peut nous offrir beaucoup de visibilité, donc on attend de voir, et on pense que c’est un véritable pas en avant dans la carrière de Tankard.
Comment est arrivé ce passage vers un nouveau label ?
Notre contrat avec AFM était fini et nous avons reçu plusieurs offres différentes. Andy Siry, le responsable du repertoire de Nuclear Blast, est un grand fan de Tankard, donc on s’est rencontrés, son offre nous a convaincu, et maintenant on attend de voir comment les choses vont évoluer.
Doro chante dans "Metal Lady Boy". Comment s’est passée votre rencontre ?
Je reste ancré dans les groupes d’avant, et cela fait longtemps que je suis fan de Doro. J’étais à un de ses concerts en décembre, c’était bien. A un moment elle m’a vu dans la foule, elle m’a dit de monter sur scène et on a chanté "All We Are" ensemble. Après, en discutant avec elle dans les coulisses, l’idée m’est venue de faire avec elle une chanson d’amour. L’idée lui a plu, ça s’est fait, et c’est une de mes chansons préférées de l’album. La chanson parle des transsexuels en Thaïlande et de nos expériences l’année dernière, quand on y est allé pour la première fois.
Peux-tu nous parler des paroles de la chanson "Rapid Fire" ?
Elle parle de ce qui se passe actuellement dans le monde arabe, avec ces régimes dictatoriaux. On voulait écrire une chanson qui se place du point de vue du dictateur. Il y aura un deuxième clip pour ce morceau. On va travailler avec des fans. Ils auront la ligne vocale, les paroles et ils réaliseront le clip eux-mêmes. On va enregistrer tout ça dans deux semaines. J’apparaîtrai dedans. C’est une nouvelle manière de travailler, toutes les vidéos marrantes sur Tankard qu’on voit sur Youtube nous ont inspirées pour aller dans ce sens.
Parlant de clip, parle-nous de celui de "A Girl Called Cerveza".
C’était très drôle à faire. Le clip correspond bien à l’esprit Tankard. La chanson parle d’une fille qui met de la drogue dans ton verre et qui en profite pour tout te voler. C’est raconté de manière comique.
Peux-tu nous parler du titre, A Girl Called Cerveza évocateur de l’album, qui semble aussi correspondre à l’esprit Tankard.
C’était une idée de notre bassiste Frank Thorwart, qui est venue lors de notre première tournée en Amérique du Sud, en 2007 je crois. Il a sorti ça une fois : "cette fille ressemble à de la cerveza (bière en espagnol)". Notre manager a gardé cela à l’esprit, et il l’a ressorti quand on cherchait le titre de notre album. On a trouvé ça très cool, ca va très bien à Tankard, c’est fun. Je ne pense pas que ça servirait à un autre groupe (rires).
Qu’en est-il des thèmes dans les autres paroles ?
On essaie toujours de mêler les paroles drôles avec des paroles sérieuses. D’un côté on a "Metal Lady Boy", de l’autre on a "Rapid Fire" qui parle de dictateurs dans le monde arabe. Tankard est un groupe qui fait le lien entre le fun et le thrash metal. Si on mettait que des paroles sérieuses dans un album, cela ne serait pas crédible, on reste Tankard aux yeux des gens. Notre musique est sérieuse, mais nous ne nous prenons pas trop aux sérieux nous-mêmes, donc il y aura toujours un peu de fun dans nos albums.
Qu’en est-il des chansons sur scène ?
On va jouer "A Girl Called Cerveza", "Metal Lady Boy", “Rapid Fire” bien sûr, et aussi “Not One Day Dead”. Si les gens n’aiment pas, on en jouera d’autres. On a joué pour la première fois "A Girl Called Cerveza" au Bang Your Head Festival, et les gens l’ont adoré. A l’avenir, je pense que ce sera une chanson indispensable aux setlists de Tankard.
Quels sont vos projets pour la prochaine tournée ?
Comme on est tous salariés, on joue sur scène le week-end. En ce moment on fait pas mal de festivals, c’est la saison, comme Rock Hard Festival, Bang Your Head, Summer Breeze, Headbangers Open Air… On joue aussi dans pas mal dans des clubs. Si nous avons l’opportunité pour une tournée, on y réfléchira en fonction de nos jours de congés, mais on essaiera de faire le plus de concerts possibles.
Votre dernier concert en France était en avril dernier, au Chaulnes Metal Fest. Quelles ont été tes impressions ?
C’était cool, les fans étaient vraiment sympas, on s’est beaucoup amusés et on serait très heureux de revenir. Nous avons un autre concert en France cette année (Le 6 octobre, à Pagney-Derrière-Barine (54), Chez Paulette). J’ai aussi un très bon souvenir de notre passage au Hellfest 2010, j’espère qu’on y reviendra.
Après toutes ces années à tourner, avez-vous toujours le goût de la scène ?
Oui, Tankard est plus un groupe de scène qu’un groupe studio. Pas qu’on s’y amuse pas, mais interpréter nos chansons sur scène et les présenter aux fans est bien plus intense. On a tous atteint la quarantaine, mais on a toujours l’énergie qu’il faut pour jouer sur scène. Et on adore ça !
Toi qui étais là au début du thrash, comment as-tu vu cette scène évoluer en 30 ans ?
Nos inspirations viennent des années 70 et 80. Mon premier album était If You Want Blood d’AC/DC. On a ensuite vu apparaître des groupes comme Raven, puis la scène s’est durcie avec les premiers albums d’Exodus, Exciter, Metallica… Et cette musique nous a vraiment infectés.
Que penses-tu des jeunes groupes qui font du thrash comme avant ?
Je pense que les groupes comme Fueled By Fire tiennent bien la route. Ce qui est arrivé dans les années 80 ne peut pas revenir, mais ça fait plaisir de voir des gens qui aiment encore ce genre de musique et qui jouent devant des vieux fans comme nous et des gamins qui prennent du plaisir à écouter ça.
Comment vois-tu le futur du thrash ?
Je pense que le genre sera toujours présent quelque part. Parfois ça baisse, d’autres fois ça revient en avant, mais il survivra.
Un petit mot pour les fans français ?
J’aimerai remercier tous ceux qui soutiennent Tankard, c’est grâce à eux qu’on est là depuis 30 ans. On va bientôt fêter notre anniversaire, l’occasion de se boire une bonne bière !