Jon Moon – Trust

Jeune artiste de la scène reggae germanique, Jon Moon nous présente son premier album Trust. Un essai concluant aux textes conscients, et aux riddims profondément ancrés dans la tradition roots.

Né en 1996 à Berlin, c'est bercé par sa famille fortement imprégnée de musique, qu'il se met au piano dès l'âge de cinq ans. Trois ans plus tard, il se prend de passion pour la batterie qui deviendra son principal instrument. En 2015, il rejoint les bancs de l'Université des Arts Populaires, où il obtiendra une bourse d'étude dans la production musicale.

Depuis l'âge de treize ans, Jon Moon compose et enregistre ses propres chansons, ce qui en fait un artiste précoce. Son amour pour la musique en général se mue en un amour viscéral pour le reggae. L'artiste a soif de connaissances et s'intéresse de plus près au mouvement rasta durant son séjour en Afrique du Sud.

En 2016, il publie son premier single "Unification" en combinaison avec Lutan Fyah. Mais il pense déjà secrètement à la suite et commence à enregistrer l'album Trust
Un album dont nous vous parlons aujourd'hui, sorti le 12 Décembre dernier en autoproduction sur son label Yutman Records, mixé et masterisé par Ganjaman et lui-même. Un bébé qu'il a chéri, un projet qu'il a voulu abouti.

Un des secrets de la réussite de cet album, réside dans une formation solide musicalement et expérimentée, regroupant la crème des musiciens Outre-Rhin: Giuseppe BigFinga Coppola (batterie/percussions), Fabien Odi Zepeauer (basse), Franck Polensi Pollack (claviers), Florian Stahl Munzer (guitare). Jon Moon s'implique personnellement aux percussions et s'essaye au trombone dans une section cuivres composée de Stephan Frantzel (sax/flûte) et de Gabriel Rosenbach (trompette).

L'Afrique du Sud, terre du regrétté Lucky Dube, sera une étape marquante dans sa propre histoire. C'est dans ce pays que Jon Moon va s'intéresser à la culture rasta. Il la découvre et adopte vite sa philosophie qui se traduit par des textes forts, presque des louanges à la gloire du Créateur avec des titres rondement menés comme "Songs Of Joy" et "Rasta Is".


"Singing songs of joy for Jah almighty
Singing songs of joy for the people of the world".

 

Adopter une démarche rasta ne se limite pas au simple port de dreadlocks. C'est surtout un certain sens des valeurs dont l'unité fait partie. Un savant mélange de cohésion et de force afin de ne pas succomber aux tentations, comme il nous l'explique en compagnie de Lutan Fyah sur le titre "Unification" où prime l'amour de son prochain, quand "We Are One" est un déchirant cri de ralliement.

Jon Moon & Lutan Fyah - "Unification" [ Official Video 2016 ]

Etre rasta, c'est aussi savoir aimer sa terre. Une notion de respect pour une nature qui nous apporte tant et que l'homme, affaiblit chaque jour. Le titre "Mama Earth" traite de ce sujet. Jon Moon dresse un constat qui se veut affligeant. Cependant, un autre espoir est possible et "Head Up" se veut optimiste, prêt à aller de l'avant, quand la flûte traversière fait souffler un vent de fraîcheur pour contrecarrer la grisaille et combattre la morosité, invitant la population à esquisser un sourire, pendant longtemps proscrit.

Pour les rastas, la sensibilité de l'être humain doit être mise en exergue. C'est condamner certains préjugés indus, certaines idéologies endoctrinantes que des soit disant prêcheurs tentent de camoufler. "More Fyah" est pesant, se dressant telle une chape de plomb, agrémentant ainsi la sensation obscure de malaise ambiant, appuyé par une hypocrisie malsaine qu'il fustige avec "Hypocrites" aux allures de rub a dub.

Que serait une vie sans douceur? Comment ne pas profiter des bons moments tout en simplicité que nous offre la vie? Pour Jon Moon, la musique est vitale, celle-la même où il trouve son équilibre. Et de ce fait, les connections se font rapidement et de l'Allemagne à l'Afrique il n'y a qu'un pas lorsqu'il s'associe avec l'artiste Crosby sur la big tune "Sweet Song".

Jon Moon ft. Crosby - "Sweet Song" [ Official Video 2017 ]

Le bonheur dans sa plus simple expression est aussi synonyme de quiétude, de ce besoin de liberté et de grands espaces, où l'on peut s'évader et vagabonder à l'infini. C'est cette osmose recherchée que Jon Moon trouva au cours de son voyage, posant ses valises dans un pays où la couleur de la peau porte un lourd tribut. Cette résidence sera sa base de lancement et il composera ce "Camp Reggae".

Jon Moon - "Camp Reggae" [ Official Video 2017 ]

L'évocation des duos précédents avec Lutan Fyah puis Crosby, nous donne l'occasion avant de clore cette chronique, de nous intéresser aux autres intervenants sur cet album. C'est une voix qui n'a rien à envier aux plus grands tout d'abord, lui-même choriste pour Rita Marley notamment. Commander Messiah nous vient du Nigéria via l'Allemagne, et vient agrémenter de sa tessiture vocale le titre "Sun Shines Brighter". Ganjaman qui coproduit ce disque vient lui aussi poser sa voix sur un ska riddim made in Germany, chanté dans la langue de Goethe, et intulé "Nicht In Bester Lage".

Jon Moon - Trust

Trust est un beau projet longuement réfléchi, Jon Moon travaillant dans l'ombre le temps de le faire mûrir pour enfin éclore et apparaître au grand jour comme l'artiste talentueux qu'il est. Au travers des quatorze pistes, il promène son reggae roots porteur des valeurs qui font de cette musique ce qu'elle est, nous invitant à la réflexion, à l'amour et à l'unité.
Jon Moon a en lui ce feu de vie et une attraction lunaire à laquelle vous ne résisterez pas.

Jon Moon - Trust
Sortie: 12 Décembre 2017
Label - Yutman Records

    Tracklist:

    1 - Songs Of Joy
    2 - Unification ft. Lutan Fyah
    3 - Sun Shines Brighter ft. Commander Messiah
    4 - Rasta Is
    5 - More Fyah
    6 - Nicht In Bester Lage ft. Ganjaman
    7 - Head Up
    8 - Hypocrites
    9 - It's Time
  10 - Sweet Song ft. Crosby
  11 - Dancehalltrack
  12 - Camp Reggae
  13 - Mama Earth
  14 - We Are One

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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