Une mise en bouche ravageuse !
Radieux et malicieux, le fossoyeur continue son oeuvre et creuse sans se soucier du monde qui l'entoure depuis désormais 32 ans... Jamais il ne s'arrêtera, et se permet même quelques pauses à flanc de cercueil avant d'entreprendre sa nouvelle tranchée, une sorte d'avant-goût laissé ainsi à ses futures victimes.
Car si Clash of the Gods, 14ème album de Grave Digger, parait le 24 août prochain chez Napalm Records, le combo allemand ne s'en laisse pas compter et propose ainsi un EP, sorti un mois avant toujours chez la même bannière autrichienne, un Home at Last annonciateur des meilleures auspices. De quoi remuer ciel et terre, entre ténèbres et puissance.
Certains vont venir argumenter en disant qu'un EP avant un album ne sert à rien de nos jours, si ce n'est à satisfaire la folie pécunière des maisons de disque ou autres combos suceurs de sang. Tel sera leur droit, et il est vrai que sur le papier ce mini CD ne propose aucun intérêt si ce n'est de combler l'attente des fans les plus impatients. Et pourtant...
Un seul morceau du nouveau disque figure sur cet petite sortie, l'éponyme "Home at Last" qui annonce la couleur tout en riffs d'acier implacables. L'ambiance du creuseur morbide reste inchangée, Chris Boltendahl semble s'améliorer derrière le micro tel le bon vin, son timbre sombre et incontestablement heavy s'avérant de plus en plus percutant délivré au service de mélodies toujours positives.
Quid du reste alors ? Deux inédits et trois live, pour un 6-titres percutant mais bien difficile à juger, surtout lorsqu'on a déjà le nouvel album en sa possession et d'ores et déjà bien écumé entre ses oreilles. Sur ces deux "non albums tracks", on retrouve ce qui sera sûrement l'un des hymnes metal de l'été, un "Metal Will Never Die" des plus clichés aussi bien dans ses paroles et dans sa musique, que vous pouvez découvrir depuis lundi sur les ondes de La Grosse Radio Metal. Rien d'original en somme mais une guitare qui acère notre ouïe sans vergogne, des effets wah-wah rappelant presque Kiss et consorts sur les couplets (Axel Ritt muscle et diversifie ainsi son jeu), et une pêche d'enfer qui nous donne en effet envie de vivre et mourir pour le metal ("For metal we live, for metal we die..."). Le morceau qui le précède nous plaque contre un mur de lourdeur dantesque, toute la "Rage of the Savage Beast" se dirige contre nous et nous nous laissons attaquer sans crier gare. Ponctuée d'un passage épique rappelant ce que les voisins de Powerwolf adorent nous concocter, on ne peut que rester coi à l'idée que ce morceau ne figure même pas sur l'album à venir. Annonciateur d'un grand cru ? Vous en saurez plus bien assez tôt.
Point rapide sur les trois lives proposés, tous enregistrés lors du Wacken 2010 qui restera pour beaucoup l'une des meilleures performances scéniques du groupe. Et l'un des meilleurs concerts de cette édition. N'étant personnellement pas cliant d'un live en simple son CD, je ne m'attarderai pas sur ces pistes, sachez simplement que l'affaire est rondement menée et que l'ambiance s'avère parfaitement retranscrite. Quant au choix des titres, on retiendra l'osée et récente "Ballad of the Hangman" sortie en 2009 et les cultissimes "Excalibur" ou "Heavy Metal Breakdown" qui bénéficiera d'un outro/rappel pour l'occasion. On aurait bien aimé un "Valhalla" en plus mais ne soyons point trop gourmand non plus.
Alors, il ne sert à rien cet EP ? Ecoutez-le donc et vous verrez que la réponse est clairement non, ne serait-ce que pour découvrir deux très bons morceaux qui resteront sans ça sans doute inédits.
Note : 4/5