Le onze février dernier, Theo Lawrence et ses coeurs avaient déjà trusté les trois cent places des Étoiles. Une salle cosy du dixième arrondissement parisien, dont les boules à facettes perchées au plafond témoignent de son passé de cabaret… Pour la sortie de leur premier album Homemade Lemonade, ils ont eu envie de récidiver. Une très bonne idée, puisqu'ils ont doublé la mise ! On s'est tenu bien chaud ce onze avril aux Étoiles… Le canadien David Simard avait préparé en douceur la salle avec sa folk langoureuse. Et n'en déplaise aux deux jeunes grincheux croisés à la sortie, Theo Lawrence & The Hearts ne sont nullement un "mélange entre Winnie l’Ourson et Peter Frampton". Un jugement à l'emporte pièce, qui suinte le snobisme à plein nez… Theo et son groupe nous ont gratifié ce soir-là d'un show bien ficelé autant que sincère. Trop sans doute pour ces deux-là !
David simard, pote canadien de Theo Lawrence, lui ressemble étrangement. Chemise sagement bariolée, cheveux sombres bien coiffés en arrière, sourire facile, voix de velours et gratte en bandoulière… Des similitudes qui s'estompent lorsqu'il se met à chanter. Le montréalais donne plutôt dans la folk music, alors que le gentilléen Theo est le héraut français d'une soul bluesy qu'il revisite avec talent. Une autre différence notable ; il n'est pas accompagné de quatre garçons dans le vent, mais d'une charmante jeune femme, Jamie Elliot. Petite robe noire et bottes de cow-boy, la belle assurera les coeurs durant la durée du set, échangeant des regards complices avec son folk singer… Ce concert marque la fin d'une tournée européenne pour David Simard, qui lui a permis de tester de nouvelles compos. Et même d'en enregistrer certaines avec Theo et Thibaut L. Rooster le batteur des Hearts. Des mélodies accrocheuses autant que langoureuses. L'une d'entre elles, nous dira-t-il, évoque le fait de se sentir seul, après avoir trop fumé. Plus subversif qu'il en a l'air le doux David...
Theo Lawrence pénètre seul sur la scène des Étoiles. C'est ainsi que nous l'avions découvert en 2016, en première partie de Gaspard Royant, un autre soulman frenchy, tendance northern soul. Et on avait été vraiment bluffé par l'aplomb tranquille avec lequel ce gamin de vingt et un ans avait emballé la Maroquinerie… Le groupe était déjà formé à l'époque. Theo jouait depuis plus longtemps avec Olivier Viscat le bassiste et venait de rencontrer ceux qui allaient devenir ses Hearts. Lorsqu'ils le rejoignent, on sent vite que l'alchimie des débuts s'est transformée en une véritable complicité de vieux routards. Ils ne sont guère plus âgés que leur chanteur, mais The Hearts ont comme lui ce son vintage, qui surprend toujours à la première écoute. Thibault Ripault épaule avec brio Theo à la guitare et le clavier de Nevil Bernard est pour une bonne part responsable du climax soul…
Une atmosphère qui doit beaucoup à la voix de Theo Lawrence, tout aussi à l'aise dans les aigus que dans les basses. Il maîtrise la posture du frontman tout autant que celle du crooner à la Elvis. Sans le déhanché, mais avec le même succès chez la gent féminine. Le public réagit avec plus de connivence sur des titres anciens tels que "Heavenly dog" ou "Heaven to me", mais aura également fait bon accueil aux titres de Homelade limonade. Gageons qu'il en sera de même le 17 mai prochain à l'EMB à Sannois et surtout le 27 novembre au Trianon !
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