Soom T - interview Born Again
De passage dans la capitale pour le Born Again Tour, Soom T se donnait en concert dans la salle du File 7 ( Le Gros Report ici ). L’occasion pour La Grosse Radio de lui poser quelques questions.
LGR - Après Free as a Bird, tu as arrêté ta collaboration avec le label avec qui tu étais pour retourner faire les sound systems, ton premier amour, pourquoi avoir retenté l’aventure d’un album ?
(-Sous un label indépendant – Strong Foundation et pour notre plus grand plaisir !!!)
Soom T - Parce que je crois que c'est ce qu'un artiste est censé faire, j'adore tellement créer. Pouvoir créer un projet complet, un album, c'est un énorme travail. C'est une opportunité merveilleuse de collaborer avec des amis, de créer quelque chose ensemble et de s'unir vraiment avec d'autres gens.C'est très important.
Parce que j'aime la scène du sound system ne signifie pas que je vais arrêter de faire des albums. Donc, j'ai été très heureuse de revenir au studio dans l'objectif de créer un nouvel album, de la musique. C'est le seul moment, où je me sens profondément heureuse. Tu sais, je me sens libre ! C'est pour cette raison que j'ai décidé de faire un nouvel album, je n'en ai pas réalisé depuis deux ou trois ans – je n'en sors pas tous les ans, comme certains artistes. Je préfère privilégier la qualité, et passe parfois deux ou trois ans à écrire, en récoltant les idées, et l'inspiration. Seulement au bout de cette durée, je me dis qu'il est temps d'essayer de faire un album.
LGR - Est-ce que cette expérience a fait changer ton regard sur le milieu de la musique ?
Soom T – J’ai connu Farsh en 2013 lors de mon passage à la radio et on s'est toujours très bien entendu. Alors nous avons saisi l'opportunité pour faire l'album. Nous avons tous les deux des goûts musicaux similaires : nous adorons le hip-hop, le old-school, le hip-hop avec une vibe reggae... donc, je pense que nous étions l'équipe parfaite pour essayer de créer quelque chose et j'en suis très fière.
LGR - Born Again, ce titre est révélateur, l’album de la renaissance. Une renaissance musicale, vocale, on te découvre dans cet album dans des registres dans lesquels on ne t’avait jamais vue auparavant ?
Soom T - Totalement, je pense que chaque album permet d'avoir une nouvelle approche de la création artistique . C'était une opportunité magnifique mais oui, ça m'a permis d'avoir une perspective trés différente, sur la manière de créer, plus organique, de façon “Gypsy”.
Tout a été organique. Je ne fais pas d'effort particulier pour impressionner, je ne cherche pas à m'exhiber aux gens, ça vient de manière naturelle. Après avoir quitté le label Chapter Two/Wagram pour retourner au sound system, je suis revenue voir mon ancienne équipe, mes anciens amis et il y avait Farshad – lui qui était toujours là, même dans les moments difficiles, et pouvoir se retrouver afin d'approfondir l'expérimentation, j'étais très exaltée à l'idée de faire ça. Le résultat parle de lui même.
LGR - Peux-tu nous en dire plus sur la conception de Born Again ?
Je sais que c’est dû à ta rencontre avec Farshad Eman lors d’une émission de radio.
Soom T - “Born Again” : le concept est finalement ma marche avec Jésus. Je suis une " Born Again Christian ". Farshad connaissait ma foi en Jésus Christ depuis des années, ma confiance en la foi et mes fortes influences spirituelles dans les paroles. Farshad m’a laissé libre court à la création afin d’exprimer ma créativité et le fait de pouvoir créer un décor musical était complétement dingue. Je me sens béni à ce jour d’avoir pu créer cela.
LGR - Sur cet album, j’ai trouvé que les chansons étaient beaucoup plus intimistes comme dans « Stand my Sister » que sur tes précédents albums, pourquoi te livrer autant sur Born Again ?
Soom T - Je crois que c'est important. Je commence à être une artiste plus âgée. Je voulais aussi montrer aux gens qu'en tant qu'artistes nous devons être honnêtes à cent pour cent. Nous devons montrer nos moments difficiles, il était évident que je partage davantage beaucoup plus de ma vie privée. Autrement, ma musique serait superficielle.
De plus, j'ai déjà donné ma perspective sur la ganja, mon point de vue de changement de vie à la liberté... et “Born Again” était très profond et personnel. Ça parle vraiment de ma marche avec Dieu, ce qui n'est pas quelque chose que normalement je partage avec les gens. Le temps de travail s'explique à cette difficulté que j'avais à m'exprimer sur des sujets aussi privés et complexes. J'avais une chanson et les paroles, mais je ne voulais jamais l'enregistrer, mais ça s'est fait, et je l'ai utilisé, et après, je me suis dit que je ne voulais pas cette chanson sur l'album, peut-être qu'elle est " trop personnelle ", tu sais, trop de douleur... Mais, finalement mes sœurs, mes amis, Farshad m'ont dit : “Tu sais quoi ? Soom, c'est sincère et tu devrais la garder. Essaye de conserver le réel, faut le garder en tête ".
LGR - Comment le public a-t-il réagi en découvrant l’album ?
Soom T - Je ne suis pas sûre, mais généralement ça a été très positif comme retour, n'est-ce pas ?
LGR - Comment une petite femme comme toi arrive à autant envoyer sur scène et dans ses chansons ?
Soom T - Je suppose que le seigneur est avec moi. C'est écrit dans la bible : Dieu rend les faibles forts pour humilier les personnes fortes. Il trouve quelque chose de petit, de faible et gentil, et lui permet d'avoir un peu de pouvoir... pour que l'idée que se font les gens du pouvoir puisse être détruite. C'est un moyen de mortifier les gens forts, grands et costauds, et ça c'est magnifique. Je pense que le seigneur se sert de moi de manière à humilier les gens parce que je suis aussi petite et faible, je ne suis pas plus intelligente que les autres et c'est beau lorsque le Seigneur nous aide.
Je crois que cette énergie vient de Jésus Christ et du Saint Esprit.
LGR - Est-ce compliqué de se faire une place dans le milieu qui est très masculin pour une femme ?
Soom T - Je n'y pense pas, je ne me vois pas comme dominée. Je pense qu'en effet plus de mes sœurs devraient arriver sur la scène et s'introduire, mais je pense qu'en général nous vivons dans un monde dominé par nos frères. Mais je pense que dans l'ensemble, les frères sont heureux et fiers, et ils sont là pour me soutenir. Ainsi je ne crée pas de division, tu sais, toutes ces absurdités féministes, je n'aime pas. Frères et sœurs devraient s'unir, nous devrions nous unir et chercher l'ennemi véritable à qui nous confronter. Donc, non je ne me sens pas encerclée et inconfortable du tout.
Je ne le vois pas comme dominée par des hommes parce que j'ai une femme en tant que tour manager, j'ai travaillé avec beaucoup d'artistes féminines... j'ai beaucoup de femmes extraordinaires autour de moi, et, je pense que, tout le monde a sa place et nous devrions tous être heureux. Et si c'est notre place, c'est la direction qu'il faut prendre pour l'atteindre. Et nous sommes à notre place pour apprendre, en tant qu'homme ou femme pour apprendre de la situation. En tout cas pour moi je sais que c'est une situation initiatique.
LGR - Quels sont les artistes qui t’ont influencée ?
Soom T - Tu sais quoi, j'ai beaucoup d'artistes qui m'influencent et... Lauryn Hill, Céline Dion, Rage Against the Machine, […], Mahalia Jackson, Sam Cook & The Soul Stirrers, euh... j'ai dit Céline Dion ? Hahaha, j'adore Céline Dion. Il y a énormément d'artistes qui m'inspirent. J'essaye de réfléchir à qui d'autre... Tupac Shakur, je suis aussi beaucoup inspirée par des artistes chrétiens, j'écoute beaucoup des choses comme l'orchestre philharmonique de Londres qui jouent des musiques classiques chrétiennes.
LGR - Ce soir, tu es backée par ton groupe « The Stoned Monks », peux-tu nous les faire découvrir un peu plus ?
Soom T - Les Stoned Monks sont exceptionnels. Ce sont des mecs très drôles, ils adorent rire et ils sont très positifs. Ce sont des musiciens incroyables. On est toujours en train de rire, ils adorent rigoler... ils ont un rire contagieux, c'est merveilleux, ils ont un très bon sens de l'humour. Ce sont des joueurs incroyables extrémement doués, je dois toujours être très gentille avec eux, tout le temps pour qu'ils restent mon groupe. Ce sont de très bons musiciens, tous très établis dans leur propre style : Xavier Waks est un excellent ingénieur, et puis Thomas Join-Lambert, à la batterie, Cyril Colling au clavier, la basse avec “Titi”, Thierry le Chauve, et tu as la guitare de Grégory Emonet qui a déjà joué auprès de Fatoumata Diawara et Gloria Gaynor, tu sais “ I Will Survive ” . Ils sont tous très professionnels et ont joué depuis trente ans. Ils sont sublimes, je peux te dire que je suis bénie d’avoir un groupe comme celui-ci et je prie pour que mon groupe soit béni par le Seigneur et que mon groupe reste auprès de moi pour toujours.
LGR - Aurais-tu un dernier petit mot pour les auditeurs de la grosse radio ?
Soom T - Soyez bons entre vous ! Si tu vois quelqu'un qui souffre, imagine si c'était toi, et ne l'ignore pas. Arrête-toi et parle avec ces gens. Prie pour eux, tiens-leur la main, achète-leur à manger, et regarde-les avec sympathie et amour, car c'est de cette manière que le seigneur regarde les gens. Je pense que c'est le seul message à offrir.
Aimez la musique, aimez la vie, oui... mais n'oubliez pas le message que véhicule la musique. Aime tes voisins. C'est ce que le Seigneur nous a dit de faire, d'aimer son prochain. Les gens oublient ça. Nous sommes tellement pris dans nos préoccupations, que nous arrivons à oublier le vrai message, de s’aimer entre nous comme Jésus nous a aimés.
Prenez soin de vous, nourrissez-vous, et si tu vois des gens qui souffrent, faîtes de votre mieux pour les aider. Aide tes amis s'ils sont en difficulté, demande-toi s'ils ont besoin de quelque chose. Garde les intérêts des autres dans ton cœur, toujours. Ça c'est un bon conseil, qui t'aidera à trouver un bon endroit dans la vie. Sur cette conclusion, que Dieu nous bénisse tous. Soyez bénis.
Merci beaucoup Soom d’avoir répondu à nos questions, un gros BIG UP à toi, nous te souhaitons le meilleur pour l’avenir.
J’aimerais aussi tout spécialement remercier Amélie Arcamone et Farshad pour leur accueil et leur gentillesse et justement nous en avons profité pour poser quelques questions à Farshad, le producteur de Born Again.
La chronique de Born Again ici
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LGR – Peux tu nous parler de la conception de cet album ?
Farshad – Comme Soom le disait toute à l’heure, cela s’est fait naturellement, c’est assez organique comme on en avait parlé durant la session d’écoute, c’est né d’un freestyle que l’on avait fait à la radio et ça a enchainé sur une session d’enregistrement. On a enregistré une quinzaine de morceaux chez elle en Angleterre ensuite Soom est venue en France.
On a travaillé sur les morceaux, on a rajouté de l’organique, on a rajouté des vrais instruments, Soom a réenregistré des voix quand il fallait, on a rajouté des harmonies derrière, etc. Et on a fait une petite session d’écoute et une petite résidence musicale à la montagne.
J’ai ramené 3 musiciens, les meilleurs musiciens que je connaissais, 3 de mes frérots et je ne savais pas trop comment ça aller se passer en réunissant ses différents styles musicaux, on va dire " ses expériences musicales et ses techniques différentes " et ça a émergé sur 6 nouveaux tracks dont 3 ou 4 sont sur l’album.
LGR - As-tu des projets à venir ?
Farshad - Il y a pleins d’autres projets, on a encore d’autres sons, il y a d’autres morceaux que l’on n’a pas pu sortir parce qu’à cause des droits, on est indépendant mais on veut faire les choses dans les règles. On a créé une boite d’édition, une boite de prod, on veut faire des contrats d’artistes, des trucs clairs pour derrière faire une sorte de redistribution éthique. Voilà, on veut un peu casser les règles, on veut éclaircir un peu tout ça.
La transparence dans la musique, c’est ce que l’on essaie de faire avec Soom, de travailler le plus simplement possible, en essayant d’être clair chacun de notre côté. Pour moi, la musique, c’est du partage, c’est de l’amour, Soom et moi, on a de l’amour à donner. Elle avec sa voix, nous avec toute l’équipe qu’il y a derrière, Strong Foundation, c’est une grosse équipe, il y a beaucoup de gens qui sont impliqués dans chaque morceau, on peut le voir dans l’album, les crédits, il y a beaucoup d’intervenants et pour chaque chanson, c’est différent. C’est des frérots que j’ai été chopper à droite et à gauche et ce sont des morceaux que l’on a sélectionnés pour l’album parce qu’il y a d’autres compos encore en stock qui ne figurent pas sur Born Again de belles choses à vous faire découvrir, peut-être à l’avenir.
Un dernier mot pour La Grosse Radio ?
Big up à tous les gens de La Grosse Radio qui nous suivent, tous les activistes de la musique, on est une grande famille. Ce n’est pas avec les grosses télés, les gros médias que l’on va faire le truc, c’est entre nous, en se passant le message, on est tous ensemble, on est une famille.
Big up !!!
Un spécial gros big up à Farshad Eman, Soom T, Amélie Arcamone, Maxime D'IWelcom, Parker, merci pout tout !!!
Crédit photos : Samuel Dufour/Mamats
L'occasion pour nous de souhaiter un bon anniversaire à Soom T qui le fêtera ce samedi à Bristol lors du Soom T's Birthday Bash.
