Vendredi 22 juin 2018 - 19h40 - Main Stage 2
Steven Wilson
Invasion progressive
Avec un dernier album, To The Bone, très orienté pop, on était en droit de se demander quelle ligne musicale allait choisir Steven Wilson pour convaincre le Hellfest. Progressif à souhait, son set allait être une claque à tous les niveaux, musical comme scénique.
Dès l'arrivée des musiciens sur scène, un premier constat fera frémir les amateurs : c'est Nick Beggs qui officie à la basse. Armé la grande majorité du set d'un Chapman Stick qu'il maîtrise à la perfection, l'Anglais que tout le monde du milieu prog s'arrache et qui nous avait déjà mis les frissons lors de la prestation de Steve Hackett au Trianon est à lui seul la promesse de musiciens d'un niveau incroyable mais aussi d'un second frontman totalement envoûté. Et en faisant la part belle à des morceaux longs, laissant les parties chantées à de rares apparitions pour se concentrer sur autant de passages techniques qu'aériens, Steven Wilson fait honneur à ses accompagnants.
"Je sais que nous ne sommes pas le groupe le plus metal que vous verrez cette année, mais on va essayer de jouer nos morceaux les plus lourds". Le répertoire de Porcupine Tree sera évidemment de la partie, représenté par "The Creator Has A Mastertape" et "Sleep Together", les guitares jouent de saturation, de passages doucerets qui laissent place à des climax intenses, l'émotion est en montagne russe et ne laisse aucun répit. Les réticents auront beau dire que Steven Wilson n'a pas sa place dans un tel festival (on est prêts à entendre l'argumentaire, mais vaudrait mieux qu'il soit crédible), la réception est unanime, captivée et passionnée. Elle sera d'ailleurs encore plus étonamment positive lorsque le risque de jouer "Pariah", morceaux très doux du dernier album, sera pris. Difficile de résister à cette magnifique ballade et à la voix de Ninet Tayeb - malheureusement absente et juste projetée sur l'écran -. "People Who Eat Darkness", autre représentant de To The Bone, sera quant à lui dans une veine plus classique.
C'est aussi dans la prestance scénique qu'il y a du contenu. Outre le charisme omniprésent de Beggs, qui en plus d'être un monstre de technique est un chien fou sur scène se jetant à terre en martelant son instrument, en jouant comme si le Démon l'avait possédé, tout le monde a sa façon de s'impliquer, un délire propre qui se mêle parfaitement à celui des copains.
La claque. En plus d'un son excellement mixé qui met à l'amende les prestations précédentes, c'est l'interprétation de ces morceaux à la fois difficiles à exécuter et accessibles qui domine. Quand elle est en plus faite par des mecs qui partent en vrille sans pour autant mettre une note de côté, ça fait pas qu'un peu le taf.
Home Invasion
Regret #9
Pariah
The Creator Has A Mastertape
People who Eat Darkness
Ancestral
Vermillioncore
Sleep Together
Photos : Nidhal Marzouk. Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.