Petit bain de sang...
La veille de leur passage au Motocultor, les Américains de Dying Fetus viennent investir la salle parisienne localisée sur les quais de Seine. Petit Bain accueille le combo, accompagné pour l'occasion de Goatwhore (qui décidément semble sur toutes les affiches depuis quelques temps), pour une soirée mouvementée à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme...
Goatwhore
L'ambiance estivale des terrasses éphémères installées le long de la Seine détonne avec le public qui fait la queue pour rentrer dans la salle. Toutefois, pas de quoi décontenancer les spectateurs qui investissent tranquillement la fosse pour le set de Goatwhore, fosse encore clairsemée au moment où les Américains démarrent leur prestation.
Déjà vu récemment à Paris en ouverture de Sepultura, le combo de la Nouvelle-Orléans va proposer toutefois un set plus intéressant qu'en mars dernier, notamment en raison de la plus grande mobilité de Ben (chant) qui cette fois ci n'a pas le pied dans le plâtre.
Musicalement, le groupe évolue dans un thrash/black metal, teinté de death, comme un mix entre Venom et les Sepultura du début. Tout de cuir et de clous vêtu, Sammy Pierre Duet (guitare) fait le show sur le côté droit de la scène, levant sa guitare en permanence, sans toutefois mettre une note à côté. Goatwhore bénéficie qui plus est d'un son relativement correct. En bref, tous les éléments sont réunis pour passer un bon concert, mais le public ne décolle que tout doucement. Il faut dire que malgré les vociférations de Ben, le set paraît bien long aux spectateurs qui ne connaissent pas encore bien le combo.
En effet, suite à l'annulation de Venom Prison, initialement prévu, un temps de jeu plus conséquent a été donné à Goatwhore, qui l'utilise pour balayer sa discographie, tout en mettant en avant ses deux derniers albums.
Au final, le combo américain a bien profité de son temps de jeu pour faire découvrir sa musique, fort sympathique mais manquant parfois de variation pour réellement séduire.
Setlist Goatwhore
In Deathless Tradition
Chaos Arcane
Alchemy of the Black Sun Cult
Under the Flesh, Into the Soul
Nocturnal Conjuration of the Accursed
Baring Teeth for Revolt
Cold Earth Consumed in Dying Flesh
Mankind Will Have no Mercy
Collapse in Eternal Worth
Abandon Indoctrination
Vengeful Ascension
Apocalyptic Havoc
FBS
Dying Fetus
On ne se lasse jamais d'assister à un concert de Dying Fetus. Ne serait-ce parce que la bande de John Gallagher (chant/guitare) est impériale sur scène, avec un brutal death, qui tire parfois sur le grind, toujours technique mais aussi férocement accrocheur. Et le set démarre à merveille avec "Wrong One to Fuck With", titre éponyme du dernier album du combo. Comme à chacune des apparitions du groupe, on est surpris de voir se dégager autant de puissance alors que le groupe n'est composé que de trois membres sur scène, et ne joue qu'à une seule guitare.
Certes, on peut regretter que Sean Beasley (basse/chant) et Gallagher soient aussi statiques sur scène, mais la précision technique dont ils font preuve ne facilite pas le jeu de scène débridé. Par contre, c'est dans la fosse que l'ambiance est complètement folle. Comme à chacun de leur concert, le public mosh, monte sur la scène pour slammer et s'éclate dans une ambiance bon enfant, rompant totalement avec le jeu de scène du groupe... Malheureusement, sur "Grotesque Impalement", un spectateur se réceptionne mal sur un slam et finit au sol, le crâne ouvert.
Le concert est donc interrompu à la fin du titre, pour une durée d'une vingtaine de minutes, le temps que les pompiers arrivent et évacuent le blessé. A ce propos, on soulignera l'attitude respectueuse du public, qui patiente dans le calme, vraisemblablement choqué par l'accident, particulièrement impressionnant. Une vingtaine de minutes plus tard, le trio réinvestit les planches pour poursuivre son set avec l'excellent "From Womb to Waste". Malheureusement, on sent que sur scène et dans le pit l'ambiance a été refroidie et peine vraiment à redécoller. Il faudra attendre trois ou quatre morceaux pour que le public se lâche à nouveau.
Il faut dire que du côté du groupe, c'est comme à chaque fois une communication minimale qui est de mise, Dying Fetus se concentrant sur l'interprétation de ses brûlots. Les deux vocalistes se partagent le micro et on remarque d'ailleurs que le chant de Beasley est parfois plus profond et mieux maîtrisé que celui de Gallagher. Techniquement, le bassiste/chanteur est également impressionnant, surtout lorsqu'il se lance dans des plans en tapping sur sa quatre cordes.
En raison des deux panneaux à l'effigie du logo du groupe, il est difficile d'apercevoir le jeu de Trey Williams (batterie) pour peu que l'on se trouve un peu sur les côtés de la salle. Pourtant, le batteur est au centre du spectre sonore, proposant un jeu puissant et sans concession.
La seconde moitié du set est consacrée aux classiques du groupe, tels que "Praise the Lord", "Your Treachery will Die with You" ou encore le grind "Kill Your Mother, Rape your Dog", que l'on ne se lasse jamais d'entendre (à la manière d'un "Hammer Smashed Face" de Cannibal Corpse). La setlist reste en effet bien équilibrée, et même si le trio a mis en avant son dernier opus, il est toujours jouissif d'entendre des titres comme "Subjected to a Beating" (tiré de l'avant dernier album, le génial Reign Supreme).
Malgé l'interruption de leur set, Dying Fetus ne s'est pas laissé décontenancé par la situation et a proposé un set rageur et brutal. Tout juste peut on regretter l'accident qui a refroidi le public pendant une partie du set, car sans cela, nul doute que la soirée aurait été parfaite pour tout le monde.
Setlist Dying Fetus
Wrong One to Fuck With
Panic Amongst the Herd
Grotesque Impalement
From Womb to Waste
Fixated on Devastation
Subjected to a Beating
Induce Terror
Seething with Disdain
Praise the Lord (Opium of the Masses)
Your Treachery Will Die with You
Kill Your Mother, Rape your Dog
Photographies : © Justinator 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Merci à Garmonbozia