Et si on se laissait porter par un post-metal progressif venu tout droit des montagnes brumeuses norvégiennes ? C’est l’expérience que nous propose Spurv, un jeune groupe originaire d’Oslo qui a dévoilé le 31 mai dernier son troisième album, sobrement intitulé Myra (marais).
D’une production impeccable se dégage un ensemble de mélodies planantes assaisonnées d'un brin de mélancolie, d’un registre dramatique et d’une pointe de structures progressives pour un tout absolument inédit. Spurv embrasse la douleur, la tristesse et la solitude pour en faire ressortir un florilège de titres plus magistraux les uns que les autres. Et si les Norvégiens puisent très clairement leurs influences dans le black metal national, leurs compositions montrent qu’une réappropriation de ce qui devient presque tradition musicale en Norvège est tout à fait possible, amenant ainsi un vent nouveau sur le paysage artistique scandinave. ”¨
A la croisée des mondes du rock progressif et du black metal, Spurv nous sert une musique instrumentale aussi spatiale que froide, poussant à une profonde introspection. La musique respire, prend le temps de se poser et de tisser des liens solides entre les morceaux dont on vous épargnera la prononciation. C’est loin de la sobriété d’un Paint The Sky Red que se développent des ensembles musicaux à la fois orchestraux et très organiques, qui cultivent une sensibilité musicale rare, repoussant le danger d’une sur-orchestration et d’une lourdeur accrue. Spurv n’hésite d’ailleurs pas à expérimenter, à apporter de nouvelles sonorités, presque stoner pour certaines, afin de bâtir une musique aux bases et aux basses vibrantes voilées d’une mélodie de guitare clean lente, magnifique, comme sur “Fra Myrtempelet” qui vient marquer le point culminant de l’album.
Myra est une oeuvre à prendre comme un tout, comme une expérience musicale presque monolithique voguant entre les flots d’émotions puissantes et variées. D’un sublime incomparable, les mélodies de Spurv restent très reposantes et lentes, esthétisant la dissonance typique du black metal sur des titres comme “Fra Dypet Under Stenen”, et apportant une touche électronique qui ravive l’ensemble harmonique. Et Spurv fait les choses bien en vous prenant par la main pour vous accompagner dans son voyage vers une identité musicale qui lui est propre. L’ouverture de l’album s’avère assez classique, bien que le rythme asymétrique de “Og Ny Skog Bæres Frem” soit plutôt original et même perturbant. Mais s’en suit une déferlante expérimentale qui fait déjà de Myra un classique du post-metal.
Spurv pousse le genre dans ces retranchements en clôturant son album sur un morceau long de dix minutes, introduit par une mélodie de piano somme toute sobre mais plaisante, laissant place à une orchestration quintessentielle et aussi dramatique que celle ouvrant l’album. Et c’est avec brio que Spurv arrive à créer une boucle infinie, confortable, dont on peine à sortir tant le tout relève du génie. Et si les Norvégiens maintiennent cette qualité de production et de composition, alors ils ne serait pas étonnant de les voir gravir les marches du succès en ce qui concerne la scène post-metal/post-rock. Spurv, on vous a à l'oeil.
Tracklist:
1. Et Løfte I Fall
2. Og Ny Skog Bæres Frem
3. Fra Dypet Under Stenen
4. Hviler Bekkenes Sang
5. Et Blekt Lys Lyder
6. Fra Myrtempelet
7. Den Gamles Stemme Brister
8. Allting Får Sin Ende, Også Natten
