Dans notre constante recherche de renouvellement auditif, nombreux sont les groupes qui, jeunes ou vieux, nous proposent régulièrement de nouvelles prises de risques, des mélodies originales. Mais parfois, on n'a aucunement besoin de ravir une certaine mélomanie, plus de se prendre un bon coup d'autoroute en plein dans les tympans, une autoroute qui va droit au but, qu'on aura vite oubliée qu'on aura vite oublié mais qui fait du bien par là où il passe.
Maintenant que Motörhead, qui se plaçait aisément sur ce crédo, n'est plus, et qu' AC/DC semble ne plus savoir où donner de la tête, les "anciens" groupes qui peuvent encore envoyer ce son gras d'outre-caverne sont en voie d'extinction. Mais rassure-toi, doux rockeur amoureux de la sature, Nashville Pussy est toujours là, plus gras et moins inspiré que jamais.
À vrai dire, c'est pas non plus ce qu'on leur demande, d'être inspirés, puisqu'ils ne l'ont jamais vraiment été. Quand on écoute du Nashville Pussy, on veut de l'accord qui tabasse, avec une voix dégueulasse qui éructe, des choeurs mal branlés, et l'impression que chaque toucher de corde va nous foutre un plomb au coin de la mâchoire. Ça semble simple à faire et pourtant, le son des Américains leur est propre, et leur identité intacte.
Donc ouais, Please To Eat You est un énième album de hard rock sauce punk bien vénère, ne proposant rien de bien mémorable, mais créant malgré tout une envie de l'écouter d'une traite. Avec la ferme envie de péter des gueules. On en oublie vite le contenu, mais lorsqu'il s'agit d'avoir envie d'une nouvelle dose d'adrénaline (même si depuis Up The Dosage, la bande a sacrément ralenti le tempo), on sait où il se situe. On sait surtout que le réel attrait de Nashville Pussy, ce sont leurs performances scéniques, et que ces nouveaux titres éclatent largement la barrière du live. On s'imagine déjà Blaine Cartwright rugir au son de "Drinking My Life Away" et Ruyter Suys marteler sa six cordes avec rage.
En somme, un album oubliable dans la continuité de la discographie du groupe, mais aussi une preuve qu'ils sont toujours là, et qu'il est temps d'aller les voir. Un synonyme du temps qui passe par des musiciens qui bouffent la chandelle par tous les bords mais survivent encore, qui semblent constamment à fleur de poudreuse et de bière bon marché, tant qu'ils le peuvent, tant que c'est sale.