Motocultor Festival 2018 – Jour 2

Motocultor 2018 - Jour 2

Samedi 18 août 2018

 


Week-end oblige, le Motocultor est bien plus garni en ce samedi après-midi que la veille. Que ce soit pour retrouver sa tente au camping ou remplir son estomac comme son gobelet, il faut désormais s’armer de patience (ou décaler son déjeuner, ou encore préférer bouffer la poussière sous les chapiteaux). Car oui, il n’y a plus beaucoup de verdure sur le sol du festival et les foulards sont de mise afin d’éviter de voir ses dents noircies par les nuages de poussière accompagnant pogos et circle-pits.

Le temps est magnifique et il fait vraiment chaud, les deux scènes sous tente sont donc une bénédiction et il n’est pas bien compliqué de trouver un endroit où poser ses fesses et profiter des bons concerts qui s’annoncent.

Certains ont probablement noté que cette journée allait laisser la part belle au death avec quelques ténors tels The Black Dahlia Murder, Behemoth ou encore les inévitables bouchers de Cannibal Corpse. Pour le reste, nombreux doivent être ceux qui attendent la venue d’une tête d’affiche qui promet : Abbath. En espérant que ce dernier ne joue pas trop de malchance comme ses aventures estivales de 2017 (gastro + grosse chute au Metaldays et à l’Xtrem fest)... Réponse un peu plus tard.

 

HEART ATTACK

12h45 - Dave Mustage


C’est sur un sample très doux que le batteur de Heart Attack entre sur scène. Avant de s’asseoir devant sa batterie, il commence par prendre une photo du public déjà plutôt nombreux pour ce premier concert de la journée. Puis, les autres membres du groupe viennent se positionner face à sa double grosse caisse. C’est le petit moment de calme avant la déferlante.

Heart Attack commence avec un morceau très énergique qui nous colle une bonne claque dès le réveil. On a droit à un wall of death dès la première chanson histoire de bien commencer cette deuxième journée de festival ! La terre est sèche sous le chapiteau de la Dave Mustage. Le wall of death soulève un énorme nuage de poussière. Seuls quelques bras et quelques jambes apparaissent à travers l’écran de poussière. On se croirait dans une bagarre de cartoon.

Pendant ce temps sur scène, le groupe occupe tout l’espace et nous distille son thrash groovy et percutant. Les petits frenchies sont heureux d’être là et n’hésitent pas à le partager. Ils dédicacent même un de leur morceaux à tous ceux qui soutiennent la scène metal française et nous savons à quel point ils sont nombreux en ce jour!

Le bordel continue dans la fosse. La foule enchaîne les pogos et les circle pits. On bouffe la poussière mais ça n’a l’air de gêner personne tellement l’osmose se fait entre Heart Attack et les gens dans le pit. Bref, une belle ouverture pour ce samedi 18 août!

INGESTED

13h35 - Supositor Stage


Deuxième groupe de la journée, deuxième baffe ! Dès son entrée sur scène Jay Evans chauffe le public en le faisant crier ce qui entraîne un pogo dès les premières notes du premier morceau du set. Les festivaliers sont survoltés en ce deuxième jour de festival !

Le chanteur lance ensuite un circle pit dans lequel on verra un jeune homme vêtu d’une très jolie robe arc-en-ciel et d’une bouée licorne se démener au milieu des metalleux plus classique vêtus de noir..

Ingested nous offre un death ultra efficace. On en prend plein les oreilles et aussi plein la gueule quand on se trouve au milieu du pit. Jay Evans est heureux d’être là et ne cesse de communiquer avec le public qui obéit à la moindre de ses requêtes. Il lance même un petit challenge aux festivaliers qui s’amassent de plus en plus pour venir les voir. Plus le circle pit sera rapide, plus les musiciens joueront vites. Pari tenu ! Les musiciens semblent satisfaits de la réaction du public. Les Anglais dédicaceront même une chanson à celui-ci tellement le courant passe bien.

Les quarante minutes de concerts passent à une vitesse fulgurante. Le set est trop court, on en redemanderait volontiers. Cette journée de samedi est plus que prometteuse !

MONOLITHE

13h35 - Massey Ferguscène


Monolithe a le privilège de lancer les hostilités sur la Massey Ferguscène. Avec un grand backdrop en arrière-plan et deux autres sur le devant de la scène, l’ambiance de ce groupe de death metal atmosphérique transcendant la foule avec des jeux de lumière rouge sang pour une immersion totale dans l’univers de ce groupe français.

Les growls de Mike Gallant se marient parfaitement avec les éléments progressifs inclus dans le set, avant que ce dernier n’annonce “la dernière pour ce matin”. On ne pourra pas reprocher grand chose au quintette, pas même l’ambiance assez plate de la foule, venue en masse, mais qui a su respecter un certain calme devant ce show immersif.


 

EREB ALTOR

14h20 - Dave Mustage


Il fait bien chaud en ce début d’après-midi. Pourtant, l’atmosphère est plutôt froide: une scène sombre, un logo froid, deux draps sur lesquels on distingue le loup Fenrir… Ca sent bon le viking et le folk/pagan ici.

L’ambiance est posée, les quatre musiciens d’Ereb Altor arrivent sur scène avec en musique de fond une introduction épique et presque onirique, comme s’ils promettaient un beau voyage en terre scandinave. Dès le début du set, le guitariste/chanteur, Mats montre un très fort charisme ainsi qu’une excellente maîtrise du chant folk. De plus le son est propre et l’ensemble on ne peut plus audible. Les morceaux s’enchaînent, alternant pagan énergique et titres plus atmosphériques. Le public n’est en aucun cas perdu et les fans du genre (très peu représenté cette année) semblent aux anges. Les novices quant à eux ne manquent pas de s’éclater sur des passages ultra catchy à mi-chemin entre Amon Amarth et Motörhead.

Les musiciens prennent clairement leur pied et les déclarations vont bon train: “C’est un putain de plaisir d’être ici”, “Vous savez comment secouer votre putain de tête ?” ou encore “Nous ne sommes pas de ceux qui trahissent les Dieux du nord pour le Christ blanc !”.

Mission accomplie pour les Suédois qui ont à coup sûr attiré de nombreux nouveaux fans dans leurs filets.


 

MÖHRKVLTH

15h10 - Supositor Stage


Place maintenant au black metal du Finistère avec Möhrkvlth. Costumes noirs et maquillage blanc pour les musiciens black metal oblige, mais le soleil éclatant n’aide pas vraiment le groupe à faire entrer le public dans leur univers. En effet, costume et maquillage n’ont pas vraiment l’effet escompté en plein jour.

Le public est nombreux devant la Supositor Stage mais décroche très vite. On aura connu Möhrkvlth plus en forme. Leur musique est au rendez-vous, mais les pauses entre chaque morceau se font longues. Résultats, beaucoup de gens s'assoient et écoutent leur musique d’une oreille distraite. On entendra même certains festivaliers leur hurler un “À POIL!!!!” tout à fait inapproprié. On peine vraiment à entrer dans l’univers sombre du groupe. Et c’est bien dommage!

Première prestation mitigée de ce Motocultor Festival. Les Français auraient peut-être mérité un peu de grisaille ou de pénombre pour pouvoir nous montrer l’étendue de leur talent.

HANGMAN’S CHAIR

15h10 - Massey Ferguscène


Toujours aussi bien représentée en cette édition 2018, la scène française voit l’un de ses gros poissons (en termes de sludge/stoner) se produire: Hangman’s Chair. Un seul mot pour résumer la prestation qui s’annonce: puissance.

D’une part, les quatre musiciens en imposent, notamment le bassiste Clément et le guitariste Julien, tous deux dotés d’une forte carrure et tout de noir vêtus (doivent avoir un poil chaud quand même). Le chanteur/gratteux Cédric n’est pas en reste. Outre un très fort charisme, le frontman livre une bonne prestation vocale, en dépit de quelques problèmes de micro au début du set.

Le public est franchement réactif et les amateurs du bourreau semblent plutôt nombreux. Les nuques se secouent au rythme de la batterie de Mehdi, qui propose un jeu de grosse caisse là aussi très huge et puissant.

Sans faute pour les Franciliens? Peut être bien lorsque l’on voit leurs sourires face aux acclamations du public. Au plaisir de revoir Hangman’s Chair.

SUICIDAL ANGELS

15H55 - Dave Mustage


Il est 15H55. Tandis que certains metalleux se dirigent vers les snacks pour la pause goûter, d’autres se ruent sous la Dave Mustage pour aller pogoter sous les compositions des Suicidal Angels.

Nick Melissourgos, le chanteur et guitariste de la bande grecque, scande des “Are You With Us ?” tandis que la fosse répond avec des circles pit et autres slams. Suicidal Angels propose un thrash metal original, avec des riffs plus courts mais une énergie qu'ils n'auront volé à personne.

Leur dernier opus Division of Blood ayant déjà fait le tour de l'Europe, c'est un retour en arrière sur leur discographie que nous offrirons les musiciens, même si on regrettera l'absence de certains titres phares des deux premiers albums.

On notera tout de même ce backdrop absolument somptueux, décrivant un ange déchu sous un aspect 3D bien sympathique.

ESBEN AND THE WITCH

16h50 - Massey Ferguscène


C’est au tour de Esben And The Witch de monter sur scène. Le trio allemand remplace Les Discrets programmés initialement. Les curieux viennent tout doucement se rapprocher de la scène comme envoûtés par la voix chaude et sublime de Rachel qui se fait entendre après une intro calme et planante.

Le charme est vite rompu par le déchaînement des instruments. Le son de Esben And The Witch est très lourd et en total contraste avec la voix magique de Rachel. Le tout donne un mélange intéressant qui pique le public au vif. Le chapiteau n’en finit pas de s’emplir. La musique du trio berlinois nous transporte et nous donne la chair de poule. Le chant de sirène de Rachel nous attire et l’on se fait irrémédiablement engloutir par les mélodies fracassantes des instruments. Le public est comme hypnotisé par la prestation du groupe, on peine à détourner nos yeux des trois musiciens qui ont l’air d’évoluer dans un autre monde, bien à eux. Ils jouent souvent de dos, se regardent, échangent sans dire un mot en parfaite harmonie dans leur bulle musicale.

Le groupe terminera son set hypnotique par leur morceau “The Jungle” avant de disparaître derrière la scène. Une belle découverte qui nous aura laissé quelques frissons.


 

BLOCKHEADS

16h50 - Supositor Stage


Le grind est un genre que l’on apprécie toujours en festival, surtout à l’heure de l’apéro. Assurant leurs balances eux-mêmes, les Français ne manquent pas de les faire avec le sourire. Une fois n’est pas coutume, le premier titre est très court et Xavier salue rapidement et très chaleureusement son public “Salut amis Bretons, 25 ans au service de la musique grâce à vous”. Un circle-pit est demandé et exécuté d’entrée. Le son est très, très massif, les morceaux s’enchaînent à une vitesse folle (genre oblige) et la batterie est plus qu'omniprésente, mais l’ensemble est tout à fait audible.

La rage et la vitesse de la musique de Blockheads offre également quelques passages bien groovys où l’on note de belles influences thrash. En quinze minutes, ce sont déjà neuf morceaux qui sont joués et l’énergie des musiciens ne diminue à aucun moment. Xavier est bavard et généreux en remerciements “Quel plaisir! Merci à la sécu qui est là pour vous, profitez de chaque instant de ce Motocultor”, mais n’oublie pas d’être engagé à coup de “ Que cette société nous laisse libres de penser!”.

En bref, c’est un excellent moment passé en compagnie de ce groupe qui a maîtrisé son sujet de A à Z. Avec une pensée toute particulière pour les peaux de la batterie qui auront beaucoup, beaucoup souffert pendant 45 minutes !

CERF BOITEUX

17h40 - Dave Mustage


Grand gagnant du tremplin Bretagne/Pays de Loire du Motocultor, le groupe  de post rock Cerf Boiteux était attendu, et pourtant… La déception fut grande sur cette prestation, tant les musiciens se sont contentés de rester dans leur bulle, centrée autour du batteur sans bouger, devant une fosse quasi vide.

Il n’y avait pourtant aucun concurrent en face à cette heure-là. A défaut de nous livrer un vrai dark ambiant, les Rennais se sont  contentés d’assurer leur set en repartant comme ils sont venus. Nous resterons sur notre faim.


 

PELICAN

18h30 - Massey Ferguscène


On avait un peu perdu de vue les Américains de Pelican. Le groupe de metal instrumental venant de l'Illinois a fait profil bas pendant quelques années. Ils le mentionneront même lors de leur set, nous rappelant qu’ils n’avaient pas joué en France depuis 2013. Leur public est visiblement là pour eux. On a l’impression que les gens dans le pit sont loin d’être des festivaliers curieux étant venus faire une nouvelle découverte.

Pelican nous offrira un set à la hauteur de nos espérances. Pas un accroc, le son est bon, technique, lourd et agressif. Des gens dansent à gauche de la scène comme transportés pour leur musique. On entre tout de suite dans leur univers. Les Américains n’ont rien perdu de leur prestance après ces années tapis dans l’ombre. On ne les retrouve que plus talentueux. Et même si l’on commence à prendre place devant la Dave Mustage pour le concert de Tagada Jones, le public de Pelican ne bougera pas d’un poil avant la fin de leur prestation accrocheuse.

Un excellent set pour les Américains qu’on aura eu plaisir à retrouver lors de ce festival.


 

NECROWRETCH

18h30 - Supositor Stage


Violence à nouveau sur la petite scène du Motoc avec les Français de Necrowretch et leur “Putride death metal”. Le groupe semble bien attendu par une fan base bien présente, scandant le nom du groupe pendant les balances de ce dernier.

Vlad et sa troupe ne perdent pas de temps et envoient un death technique et efficace dès les premiers riffs. La fosse bouge bien et l’ambiance est excellente. Malgré quelques problèmes de son, celui-ci reste massif et apporte une côté “sale” plutôt positif. Non sans rappeler Marduk, la musique du combo offre moult passages puisant tantôt dans le thrash et parfois dans le black, le mélange est réussi et les titres s’enchaînent très bien. On regrette peut-être ce petit manque d’interaction avec le public, mais cela permet au moins aux titres de bien s’enchaîner.

De plus, les musiciens montrent un plaisir plus qu’évident et l’entente entre chacun d'eux est optimale. Fort bon moment pour les amateurs du genre.


 

TAGADA JONES

19h25 - Dave Mustage


Ne cherchez pas de place, vous n’en trouverez plus : Tagada Jones comble les auditeurs, proposant, en 50 minutes, un set explosif sous une tente archi complète. Pogos, slams, chant, on ne peut pas se voiler la face devant la puissance fédératrice du combo rennais.

Deux ans déjà que la bande gravitant autour de Niko joue son album La Peste & Le Choléra, et pourtant la sauce continue de prendre, le groupe profitant de ce bain de foule en Bretagne pour saluer l’organisation du Motocultor et ses bénévoles.

Concluant avec le fameux “Mort Aux Cons !”, Tagada Jones quitte la scène, utilisée à merveille sur ce set, tandis que les metalheads continuent de chanter cet hymne dans les bars... oui, les slams, ça donne soif !  


 

NOSTROMO

20h25 - Supositor Stage


La Supositor affiche une jauge tout à fait respectable pour l’arrivée de Nostromo, malgré le poids lourd jouant en face. Les morceaux ont du mal à s’enchaîner, la faute à des pauses trop longues entre chaque titres. L’ambiance retombe ainsi dans la fosse et le public finit par se lasser de ce procédé.

Dommage, car la scène est, quant à elle, très bien utilisée, avec un backdrop magnifique et des jeux de lumière transcendants, la nuit tombante aidant à la mise en valeur. On notera aussi un travail soigné de l’ingé son, qui aura su trouver un équilibre durant le set des coreux venus de Suisse.


 

THE BLACK DAHLIA MURDER

20h25 - Massey Ferguscène


Avant Cannibal Corpse, c’est un autre mastodonte du death qui va se produire sur la Massey. Et le public ne s’y trompe pas, puisque nombreux sont les festivaliers à se masser sous la Massey (c’est drôle, hein?). Quatre coups de charley et c’est parti, Trevor Stmad et sa troupe envoient une sauce divinement grasse et technique.

Les zikos débordent d’énergie et les soli mélodiques sont exécutés avec brio. “Nightbringers”, le troisième titre joué, réveille la fosse une bonne fois pour toute et les slams ainsi que les pogos commencent à partir dans tous les sens.

Avec sa tête de gros nounours, Trevor inspire la sympathie et le chanteur ne se prive pas d’en abuser avec des mimiques franchement poilantes. Côté chant, il semble toutefois moins en voix que d’habitude et plus “poussif” à entendre un groupe de festivaliers, manifestement habitués aux prestations des Américains.

Qu’à cela tienne, TBDM a été une excellente mise en bouche avant le plat de résistance qui arrive tout de suite après sur la scène principale...


 

CANNIBAL CORPSE

21h20 - Dave Mustage


… Et c’est à l’heure que la boucherie commence. Tout sourire (?!), Corpsegrinder et ses compères ouvrent sur "Only one Will Die", tiré de leur dernière production en date : Red Before Black.

La mayonnaise prend immédiatement et le public se laisse complètement aller. Le brutal death des Américains fait mouche et c’est un Alex Webster plein d’énergie qui s’éclate sur sa basse, suivi par Paul Mazurkiewicz et son jeu de batterie carré et efficace.

L’avantage CC, c’est que l’on n'est jamais surpris. Quoi qu’on pourrait presque dire que George Fisher est un poil plus souriant que d’habitude (mais vraiment un poil). Inévitable, la bonne vieille vanne: “ Vous pouvez toujours essayer de secouer la tête comme moi, mais vous allez échouer!”.

La setlist offre tout de même trois titres du dernier album, auxquels viennent se greffer quelques classiques, dont un "Stripped, Raped and Strangled" interprété en duo avec Trevor Stmad.

Convaincant, Cannibal Corpse termine son set sur l’immanquable "Hammer Smashed Face" et sous les applaudissements d’un public convaincu qui aura, à défaut d’être surpris, passé un de ces fameux moments “classiques mais efficaces”. Gruik !


 


SHINING

22h20 - Supositor Stage


Le cadre de la Supositor Stage est absolument parfait pour accueillir Shining. En effet, l’environnement est à la fois sombre, intimiste et sinistre. La foule est assez dense. Niklas entre en scène avec son habituel bouteille de whisky à la main. Les photographes sont d'ores et déjà prêts à esquiver (ou à se prendre une lampée en pleine face). Notre photographe Tiphaine, toujours alerte, réussira à baisser la tête à temps pour éviter le crachat du suédois, ça promet.

Dès son arrivée sur scène on sent que Niklas est d’une humeur de chiotte. Rien ne lui convient. Tout au long du set, il insultera le public tantôt en anglais, tantôt en suédois. Il multipliera les doigts d’honneur, et autres mimiques montrant qu’il aimerait bien nous dézinguer si possible… Il faut dire que le public n’est pas très réceptif. Personne ne suit les demandes de Niklas qui, même énervé, donne tout sur scène en ce début de concert. Il est cependant difficile de savoir si le manque de réactivité du public est dû à l’attitude du chanteur ou si c’est ce manque de réactivité qui entraîne cette attitude agressive sur scène. Sûrement un peu des deux. Mais ce qui est sûr c’est que Shining peine à convaincre ce soir.

On commence à voir des doigts d’honneur se lever en direction du chanteur. Son jeu de scène plutôt théâtral (complaintes à genoux, bras ensanglantés, …) disparaît peu à peu pour laisser place à une attitude désinvolte.

Il faut dire aussi que ce soir, nous n’avons pas à faire au line up habituel de Shining. En effet, Peter Huss étant absent pour des raisons personnelles, c’est Charles Edger, guitariste de Mayhem qui le remplace ce soir. Niklas fera beaucoup d’apartés pour discuter avec lui et surtout dire du mal du public. On le voit bien vu le nombre de gestes déplacés qu’il fait à notre égard. Beaucoup de gens n’attendront pas la fin du concert et partiront voir Celeste ou se placer pour Behemoth, ce qui énervera d’autant plus notre frontman.

Cela n’empêchera pas ses musiciens de donner une prestation remarquable. Marcus Hammarström, à la basse, occupe toute la scène. Il est très présent que ce soit au niveau du jeu ou des choeurs. Charles Edger nous offre des solos de haut vol. Il connaît le répertoire de Shining sur le bout des doigts et donne une performance plus que charismatique. Jarle Byberg est toujours aussi bon derrière ses fûts de batterie. Le groupe a également un deuxième guitariste live, plus discret, dont la sangle de guitare se cassera en plein show. Il faudra deux techniciens pour venir l’aider à réparer tout ça sous le regard furibond de Niklas.

Même si la musique est au rendez-vous, on sent très vite une tension entre les musiciens également. Niklas ne cesse de passer devant Marcus Hammarström comme s’il avait peur qu’il lui vole la vedette. Vient ensuite le moment de présenter les membres du groupe. Niklas prendra le temps de faire une présentation élogieuse de Charles Edges et de son batteur à qui il offrira une gorgée de whisky, mais omettra de citer les deux autres musiciens de façon tout à fait délibérée.

Shining clotûrera son set par “Besök från i(ho)nom”. À la fin du morceau, Niklas nous gratifiera d’un “merci” puis se ravisera et nous lancera un très beau “fuck you all” avant de quitter la scène rapidement.

On ne peut pas dire que Shining aura eu son moment de gloire ce soir au Motocultor Festival, malgré une prestation musicalement irréprochable. On a beau connaître les frasques du chanteur et son agressivité légendaire, quand le public est fait de plus de curieux que de fans, l’attitude ne passe pas !

 

CELESTE

22h20 - Massey Ferguscène


C’est l’heure de faire un peu de spéléologie. Ok, on a déjà dû vous la faire, mais il est vrai que le concept de jouer avec des lampes frontale est assez particulier. Heureusement que Thomas Orlanth, notre photographe, est talentueux, car nous aurions pu vous livrer un simple texte en guise de report.

Au lieu de cela, le “spectacle” visuel offert par les français prendra toute sa valeur grâce aux clichés. Côté ambiance, on ne peut pas dire Celeste ne rassemble pas. Les fans sont nombreux, la fosse répond présente et le son est de qualité.

Le gros point fort de Celeste est également le fait qu’ils chantent en français. Ces paroles décrivent des situations parfois horribles, d’autres fois plus douces, mais toujours expressives.

Celeste est un show à aller voir en salle, l’esprit ouvert, se laissant porter par l’atmosphère offerte par le groupe. Seulement alors, vous en dégusterez toutes les subtilités.


 

BEHEMOTH

23h15 - Dave Mustage


Sur la Dave Mustage, l’heure, c’est l’heure ! La faute à de la pyrotechnie, le pit photos est désert, esseulé de ses habituels photographes.

Arborant une scénographie magistralement satanique, les polonais entrent sur “Ov Fire and the Void”, avant que des jets de fumée épaisse ne réveillent une bonne fois pour toute la fosse. La pyrotechnie est utilisée avec parcimonie, les différents accessoires entourant et occupants la scène sont d’un goût douteux, tandis que nous aurons même droit à un changement de backdrop, pour laisser place au logo même de Behemoth.

Le groupe de black metal (et tant pis si Adam “Nergal” Darski déteste cette catégorisation) sait comment faire plaisir à ses fans, servant tour à tour “Conquer All”, “Alas, Lord Is Upon Me” ou encore “A Forest”, reprise de The Cure, avec comme guest sur scène Niklas Kvarforth, qui, de son côté, connaît parfaitement la recette pour se faire détester en quelques minutes.

Déjà que le set de Shining, ou plutôt en particulier le comportement du chanteur, laissait à désirer, mais son arrivée pendant celui de Behemoth n’est pas très appréciée, tant les doigts d’honneur le visant se multiplient dans la fosse. On a que ce qu’on mérite Niklas !

Behemoth ne s’est pas contenté de faire le job: c’est une véritable prestation de headliner qui a été livrée, au grand bonheur de la foule venue en masse sous le chapiteau.


 

PUNISH YOURSELF

00h20 - Supositor Stage


Comme c’est le cas pour mal de groupes depuis le début du fest, la Supositor offre un décor optimal pour des prestations misant gros sur le visuel. Inutile alors de dire que Punish Yourself va être comme un poisson dans l’eau.

Enfin à condition de pas être trop loin de la scène ou de ne pas souffrir de problème de vue. Certes les peintures fluos recouvrant les corps des membres du groupe font leur petit effet, mais passé 10 mètres, on ne voit plus grand chose. Au moins les cages à miel sont gâtées, tout comme les articulations car il est extrêmement difficile de ne pas répondre à l’appel de la danse (trance?). Après un “Spin the Pig” et avant un “See Ya Later”, vx69 se fend d’un sublime “Est-ce qu’il y en a qui sont venus bouger leurs culs???”.

Réponse immédiate du public tant verbalement que physiquement. Sur scène aussi ça s’agite avec une Klodia qui se déhanche en toute occasion et assure le spectacle à coup de scie circulaire sur son plastron en metal, effets visuels garantis…

Pour le reste PY ne se prive de rien et offre à son public une valse d’énergie. Un très bonne façon de terminer cette (physique) deuxième journée.

 

TURISAS

00h20 - Massey Ferguscène


Après avoir enchaîné les ambiances plutôt sombre, Turisas nous offre un show bien plus festif en cette fin de soirée.

L’arrière de la Massey Ferguscène est parée d’un très beau décor représentant les musiciens du groupe telle des icônes religieuses. Soudain, on entend une voix divine s’élever de la scène. Le groupe entre en scène maquillé de rouge et de noir. Les lumières rouges s’associent parfaitement au son conquérant de “The March of the Vanangian Guard”, première chanson de ce concert.

Le public est nombreux et adhère totalement à la musique épique du groupe finlandais. La foule tape des mains en rythme. Ca danse, ça saute, ça chante. L’osmose entre le groupe et son public est immédiate. Il faut dire que contrairement à Shining plus tôt, l’ensemble des musiciens de Turisas arbore un sourire radieux. Les Finlandais sont heureux d’être sur scène et partagent volontiers leur bonheur avec les gens venus en masse pour les voir ce soir.

Mathias Nygård est très expressif avec le public. Il occupe tout l’espace et prend la parole pratiquement après chaque chanson pour chauffer la foule. Bientôt on verra une déferlante de slammeurs s’abattre sur les mecs de la sécu toujours aussi alertes en cette fin de soirée. Mathias nous fera également part que le groupe fera cinq dates en France en février et mars prochain. Ils seront à Paris, Lille, Marseille, Bourg-en-Bresse et Bordeaux pour le Wayfarers and Warriors Tour accompagnés de Korpiklaani et de Trollfest. Des dates bien festives en perspectives.

Nous aurons droit ce soir à de grands classiques du groupe comme “We Ride Together” ou encore l’habituelle reprise de “Rasputin” de Boney M pour conclure leur set. Sur ce dernier morceau, on sentira la voix de Mathias moins assurée, mais qu’importe ! Ce soir, Turisas nous aura offert un beau spectacle. On se sera amusé et on aura apprécié le contact amical et enjoué du groupe avec son public.

C'est le moment de clotûrer cette deuxième journée de festival, avec le set de Abbath et de ses musiciens. Un peu tard peut être pour le Norvégien ?...


 

Rédacteurs : Eloïse Morisse, Karnogal et Jerembzh
Photos : Thomas Orlanth : https://www.thomasorlanth.com /  Tiphaine Zanutto 



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