Seasick Steve – Can U Cook ?

Le style de Seasick Steve n’est plus a présenter. Toujours retranché derrière sa barbe, sa salopette bleue et sa casquette John Deere, Steve du haut de ses 75 printemps bien tassés, savoure le moment. Un moment qui commence à durer depuis qu' il est sorti de sa réserve il y a maintenant une quinzaine d'années pour nous faire découvrir son travail.

On note très vite en mettant Can U Cook ? sur la platine une production bien plus léchée, avec un son moins lo-fi qu’à l’accoutumée même si le bonhomme se pose toujours en virtuose pour faire sonner ces vieilles guitares dont peu de gens feraient cas vu leur état de défraichissement avancé. Mais Steve, lui, il s’en fout de tout ça. Il joue et il chante comme un vrai bluesman. Et on retrouve encore ces morceaux bien trash au niveau de la guitare comme sur "Can U Cook ?" par exemple. Malgré un son un peu moins vintage on retrouve un de ces blues urbains que Jon Spencer aurait pu écrire avec R.L. Burnside.
 


 

Plus blues traditionnel, "Down The Road" nous montre un Steve encore une fois très à l’aise avec sa voix décidément bien plus travaillée que cet album que sur les précédents. On sent vraiment un éloignement du son lo-fi des débuts pour se rapprocher des standards bien pensant du blues actuel.

Avec "Shady Tree" on retrouve du blues électrique un peu plus actualisé. Les riffs sonnent comme du Stevie Ray Vaughan reprenant "Mary Had A Little Lamb" ou des titres de cette veine. On retrouve ici un son électrique bien saturé qui lorgne plus vers les premières productions de Steve. Côté solo, c’est un clavier qui s’y colle pour rajouter une profondeur à l’édifice. Cela aussi s’éloigne du côté minimaliste.



 

Certains titres attaquent fort avec une grosse guitare et là on se rappelle que John Paul Jones, éminent bassiste de Led Zeppelin était venu prêter mains forte à Seasick Steve il y a quelques années. On retrouve des idées que le grand Zeppelin aurait pu avoir. Et ici on s’éloigne du blues pour parfois atteindre un phrasé pouvant même lorgner vers des sonorités beaucoup plus actuelles avec une basse qui groove puissamment.

Le fait de rajouter sur l'album monsieur Luther Dickinson, qui a officié avec les Black Crowes et le North Mississipi Allstars et qu’on retrouve aussi sur certains albums de Jon Spencer n'est certainement pas étranger à ce son que Steve et Dan Magnusson, son fidèle batteur, nous livrent ici.

Sur cet album comme sur le précédent, Steve s'attaque au domaine de la ballade et sa voix sait se faire plus feutrée soutenue par des nappes d’harmonia. On se retrouve alors au niveau des morceaux blues dont des gars comme Keith Richards raffolent. On pense à la période Sun Records du "Killer" Jerry Lee Lewis. On a ici une voix de bluesman torturée qui hurle sa douleur. Le thème de la solitude comme fil conducteur et voilà que le bonhomme laisse parler la poudre. Un bien bel effort au niveau vocal comme sur "Company" où le chant limite rap de Seasick Steve donne vraiment une connotation beaucoup plus actuelle. Et encore une fois même si la voix ne couvre pas pléthore d'octaves, elle n’en est pas moins gorgée de feeling. Nous voila donc en train de transposer au chanteur la question plutôt dévolue à la guitare. Une note sur quatre temps de B.B. King n’a-t-elle pas plus de portée que trente-deux notes de Steve Vai dans le même temps ? Ici, on penche clairement vers le 1er cas.

Comme à son habitude, Seasick Steve n'a pas son pareil pour nous raconter les belles histoires de l’Amérique profonde comme l’ami Bruce Springsteen a su si bien le faire. Le "Last Rodeo" de Steve renvoie à des productions du Boss comme "Tougher Than The Rest" par exemple. A quand le duo sur scène ? Seasick Steve invité à Broadway avec le Boss ?

"Chewin' On Da Blues" est encore un morceau très lent avec un son de guitare assez travaillé, plus propre qu’à l’accoutumée. Seasick Steve se serait-il vraiment assagi ? On va finir par le croire avec la multiplication des ballades. Il reste néanmoins toujours ce coté un peu décalé et hors du temps qui fait le charme des compositions du bonhomme.

Seasick Steve, sans renier ses vieilles habitudes essaye de livrer ici un album un peu plus actuel notamment au niveau de l’enregistrement. Il s’éloigne du blues traditionnel du delta dans lequel il se retrouvait un peu enfermé. Un bel effort pour se renouveler à 75 ans. Pas mal, Stevie !

 

Seasick Steve - Live "Le Cabaret Vert" in Charleville-Mézières 2018

Quelques dates sont déjà programmées en France le 2 octobre 2018 à Rouen et le 3 octobre 2018 avant de revenir ver la capitale, au Bataclan, le 28 novembre 2018.
 

Seasick Steve France Tour 2018


Sortie le 28 septembre 2018 sur le label BMG

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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