C'est samedi dernier que je me suis rendu à Saint-Etienne pour rencontrer Komlan, l'un des chanteurs du groupe Dub Inc.
Nous avons discuté de tout et de rien mais surtout de musique et nous sommes revenus sur la tournée de l'album So What.
So What c'est !
Sortie de l'album : le 23 Septembre 2016
1er concert : le 23 Octobre 2016 à Nancy
Dernier concert : le 30 Aôut 2018 en Grèce
Concerts : plus de 130
Pays : plus de 27
4 clips acoustiques :
"Partout dans ce monde"
"Exil"
"Maché Bécif"
"Enfants des ghettos" feat Alif Naaba
4 autres clips :
"Triste époque"
"Grand périple"
"Don't be a victim" feat Naaman (studio)
"Justice" feat Mellow Mood (studio)
Salut Aurélien et merci encore de m'accorder quelques minutes pour La grosse Radio. Notre dernière rencontre remonte au 4 mai pour l'unique date de l'année 2018 dans l'hexagone au Clapier avec le Massa sound et Solo Banton (pour les retardataires c'est ICI).
Quel est ton ressenti sur cette longue tournée de So What ?
Salut Rasdjoh.
On est vraiment contents. C'est notre 6ème album et on ne sait jamais trop à quoi s'attendre quand on débute une tournée. So What a bien été reçu.
Les titres comme "Erreur du passé", "Maché bécif", "Grand périple" ou encore "Triste époque" ont immédiatement eu des vues sur Internet et du coup le public écoutait déjà l'album.
On a constaté, autant en festival qu'à l'étranger, que l'on a un public fidèle, qui se renouvelle et même que d'autres générations nous écoutent et ça fait très plaisir.
Il y a eu des nouveautés sur cet album avec les clips acoustiques !
Oui les vidéos acoustiques sont nouvelles pour nous et c'est une excellente manière de rendre compte de nos voyages et, en même temps, c'est un peu un partage avec notre public français.
Il y a eu aussi les clips studio !
Oui c'est vrai .
On a sorti très tôt le clip "Triste époque" qui a été une très belle expérience car on a travaillé pour la première fois avec une équipe de tournage professionnelle.
"Grand périple" a été tourné en Inde en pré-sortie d'album et on éspère augmenter la diffusion d'images sur le prochain album.
C'est vraiment nouveau pour nous, en indépendance c'est différent que dans une maison de disques où il y a des structures qui proposent des personnes, des boîtes de productions que nous n'avons pas avec le groupe.
C'est à nous d'aller chercher par nous-mêmes donc c'est sûr qu'il y a une vraie évolution par rapport à ça.
Avec Naâman et Mellow Mood, les clips ont été faits en studio donc quand même plus simples à réaliser.
Parmi tous les pays, quel est celui qui t'a le plus marqué ?
Il y a eu beaucoup de choses importantes sur cette tournée, on a été souvent en Afrique.
Le Congo et le Rwanda ont été des expériences incroyables côté artistique mais aussi humain, c'était très fort comme découverte.
Etre sur place et chanter en Afrique du Sud est assez époustauflant, se retrouver sur scène au Swaziland et retrouver Flavia Cohelo là-bas est marrant.
On est allés voir Tiken Jah chez lui lors d'un concert en Côte d'Ivoire et c'était bien aussi.
L'expérience africaine a été très forte et tous les concerts à l'étranger sont assez uniques.
Côté Europe, certains pays depuis trois ou quatre albums comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie sont forts en émotion aussi.
Vous avez fini votre tournée par la Grèce, pays à forte présence musicale, comment avez_vous été reçus là-bas ?
La Grèce est un des pays qui nous est le plus fidèle depuis très longtemps et où on a trouvé un public de Dub Inc hors France.
Nous sommes toujours retournés jouer là-bas même pendant le plus fort de la crise économique et nous avons de vraies attaches dans ce pays.
Es-tu pour le piratage si cela permet de découvrir des artistes à l'étranger ?
Il me semble que vous étiez tombés sur des cd's piratés de Dub Inc au Mexique je crois avec Manudigital ?
Bien sûr et on en est la preuve !
On est apparus vers la fin des années 90 où il y avait encore des cd's qui se vendaient et au début des années 2000 ça a été la chute.
Il n'y avait pas de streaming mais plus que des gens qui copiaient les disques.
Ce qui nous a vraiment permis d'être écoutés de partout étant indépendant à part entière, petit groupe de province avec très peu de contacts et peu de moyens de diffusion dans le temps et évidemment le piratage.
Pour l'étranger c'est une évidence, nous avons rarement vu nos cd's originaux en Grèce.
Au Mexique, la personne qui faisait nos cd's piratés faisait aussi des tee-shirts et c'était drôle.
On a réussi à vivre depuis vingt ans, on est toujours là et on tourne toujours.
On renouvelle notre métier en allant à l'étranger et on agrandit notre terrain de jeu, ça évite le risque de se lasser.
Nos objectifs sont de découvrir de nouvelles choses, d'aller vers un nouveau public et peu importe si celui-ci a piraté nos sons.
Je suis aussi très content qu'avec le streaming il y a eu des changements.
On n'a pas a rougir pour un groupe indépendant comme nous du nombre d'ecoutes que l'on a à travers le monde.
Le piratage nous a desservi au niveau financier et c'est évident mais ça nous a permis d'être plus connus, de faire plus de concerts.
Je ne veux pas parler pour les autres artistes mais pour nous ça a été un point très important.
Crédit photos : Pierre Jaffreux
(Le Clapier à Saint-Etienne, le 4 Mai 2018)
Es-tu d'accord qu'aujourd'hui il existe une scène française qui arrive à s'exporter en dehors de nos frontières ?
Oui bien sûr et on est peut être les pionniers dans le cas sur la scène du reggae français.
On a très vite été à l'étranger même en chantant en français et prouvé à d'autres groupes locaux que ce n'est pas la barrière de la langue qui pouvait empêcher les groupes de se développer à l'étranger. Le fait de chanter en trois langues nous a donné un côté "universel" ou international.
Dès que tu fais de la bonne musique, il n'y a pas de frontières donc oui, de plus en plus c'est le cas.
Par exemple, Manudigital, qui est producteur, peut jouer de partout à travers le monde avec des chanteurs Jamaicains, Français, Africains, Mexicains, il a encore moins de frontières.
En 2008 l'album Afrikya vous avait fait passer à un autre niveau artistique.
Penses-tu que cet album en a fait autant ?
Je ne sais pas, c'est très difficile à dire.
C'est notre 6ème album, on a une progression assez régulière. Comme tu disais tout à l'heure, on a progressé sur l'image. On a la chance de voir à chaque album une évolution évidente.
Nous sommes auteurs, compositeurs, producteurs de nos albums.
Sur chaque album, on est de plus en plus au combat.
Un exemple, étant producteur, So What a été produit dans notre studio à Saint-Etienne, on a progressé dans beaucoup de terrains comme le label, la communication ou encore dans les éditions de nos disques et pour nous l'évolution est là.
Ce n'est peut-être pas quelque chose de visible par le public.
Sur l'album Hors contrôle il n'y a pas eu un seul clip alors que des titres comme "Tout ce qu'ils veulent" ont vraiment eu de l'echo. On ne peut pas être de partout à la fois.
Une chose est évidente et claire, nous sommes de plus en plus complets.
1998 - 2018 : 20 ans déjà, quel est pour toi le bilan de ces deux décennies ?
C'est presque trop tôt pour le dire, je préfère faire un bilan quand ce sera fini ! (rires)
Le bilan est déja ce qui est concret : 6 albums, 2 albums live, 2 dvd's, environ 1000 concerts à travers le monde, des millions de personnes venues à nos concerts, une vraie reconnaissance de la part du public et cela sans avoir eu accès aux gros médias mais grâce aux lives et aux festivals.
Le bilan serait celui-ci si je devais en faire un ! (encore rires)
Quels sont les projets futurs ? Un nouvel album pour 2019 ?
On espère ! On travaille déjà sur la suite.
On a encore envie de jouer, de travailler ensemble donc... oui on éspère qu'en 2019 il y aura un nouvel album.
Crédit photos : Rasdjoh
(Le Zénith de Saint-Etienne, le 18 Novembre 2017)
Toujours autant le feu 20 ans après la formation Dub Inc ?
Oui on continue toujours à s'entendre aussi bien et c'est vraiment très important.
Il y a eu du changement en vingt ans, maintenant on a tous une vie de famille mais oui et heureusement, on a tous toujours autant le feu pour continuer.
Un dernier mot pour les auditeurs de La Grosse Radio ?
Oui, continuez à écouter La Grosse Radio.
C'est une radio que j'écoute régulièrement et qui me permet de me tenir au courant de l'actualité du reggae français et d'ailleurs.
Big up à tous !
Merci Aurélien, c'est toujours cool de discuter musique avec toi, Big up !
Big up à toi Rasdjoh !
Je veux juste finir en faisant un gros big up à tous les membres du groupe alors... Big up à Grégory Mavridorakis, Jérémie Gregeois, Frédéric Peyron, Idir Derdiche, Moritz Von Korff, Benjamin Jouve, Mathieu, Cécile, Hakim Meridja et Aurélien Zohou.
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