C’est à Audierne, commune bretonne de 3800 âmes située à plus de 30 km de Quimper, que l’artiste Vincent Fouquet a organisé samedi 8 septembre un évènement culturel et transversal autour de son exposition Et il n’y aura plus de nuit. Une ville au port coloré et aux petites rues pleines de charme, arpentée par des touristes en quête de dépaysement à la saison estivale. Dans un désir de proposer un rendez-vous nouveau dans la région, faire découvrir d’autres formes d’art et attirer les curieux du coin, cette journée a réuni de nombreux participants d’horizons différents.
Présentant son travail et ses œuvres baignées dans l’opposition entre réel et irréel, l’obscurité, ou la mort, le graphiste expose jusqu’au 13 octobre à la salle Le dessus des halles. Le début de journée a été marqué par son vernissage, dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Personnalités politiques de la région, associations locales, amis et curieux ont fait le déplacement pour venir à la rencontre de celui plus connu sous le nom de son studio « Above Chaos ».
A cette occasion une dizaine d’artistes ont été invités à se joindre à lui. Conférenciers, groupes et public se sont mélangés sur ce territoire plus habitué à voir des promeneurs en chaussures de randonnées que des amateurs de musique extrême en rangers.
Près de 100 personnes ont assisté aux conférences données au cœur de la salle Le dessus des halles parmi les travaux de Vincent Fouquet. Du rapport entre Celtes et sacrifices exposé par Dolorès, à l’explication du symbolisme et de l’ésotérisme par Dist de Kaerth, en passant par la présence de la culture bretonne dans les musiques extrêmes développée par Greg Moign.
Olane
Après cette grande richesse culturelle, place au voyage en musique avec Olane. Le projet mené par Heli au chant et Quentin à l’instrumental oscille entre musique du monde et dark ambiant. L’album, pas encore sorti, s’est donc dévoilé au public en avant-première, mêlant cultures et langues du monde entier (paroles en Créole réunionnais, en Français, en Arménien…). Une musique primitive, envoûtante, humaine, portée par une voix tantôt cristalline tantôt plus grave et plus profonde. Une belle entrée en matière et un pari réussi pour le duo qui, on l’espère, nous permettra d’écouter ses titres rapidement !
Möhrkvlth
Autre show atypique, celui de Möhrkvlth donné pour la première fois en version acoustique. Fondé par Vox T. Bises en 2015, le groupe officie habituellement dans un black metal épique, imprégné de culture bretonne et de mythologie celtique. Les musiciens accompagnés par la violoniste Louarnika ont repensé les compositions pour coller parfaitement à cette configuration. Un showcase captivant aux accents de cérémonie intimiste. Pour conserver son caractère exceptionnel, aucun album n’est prévu sous cette forme, mais d’autres lives en acoustique sont déjà programmés.
Seconde partie au Théâtre Georges Madec
Spleen XXX
Deuxième partie des festivités au théâtre Georges Madec à Esquibien. Plus de 120 amateurs de décibels ont fait le déplacement et c’est Spleen XXX qui les accueille. La formation rouennaise a offert une prestation aussi froide et mélancolique que sa musique. Une coldwave efficace aux passages rappelant The Cure ou Bauhaus, baignée de l’univers de Charles Baudelaire qui suinte la noirceur et le mal être. L’utilisation d’une boite à rythme, la basse ronflante et la voix plaintive ont accentué ce sentiment glacial et irréel, comme une véritable folie musicale.
Conviction
Le doom pachydermique de Conviction a ensuite résonné avec lourdeur entre les murs du théâtre. Des fondations sûrement peu habituées à une telle masse imposante. Les musiciens ont été forcés d’interrompre leur set en raison d’une alarme incendie déclenchée par les fumées du concert. Un incident réglé rapidement, le groupe reprend le travail à grand renfort de riffs accrocheurs et de soli agressifs. Si le set a commencé avec la musique du film Shining (Stanley Kubrick), il s’est terminé avec une reprise du morceau "Born Too Late" de Saint Vitus. Un show puissant qui a rappelé les grandes heures du style et mis les spectateurs en transe.
Volker
Ambiance film d’horreur avec Volker. Jen Nyx au chant occupe la scène telle une louve enragée, vociférant les paroles avec une hargne manifeste. Le combo a visiblement bien l’habitude des lives et offre un show ultra propre et carré, presque un peu trop. Si la musique déjantée à la croisée du grunge, du punk, et du rock imbibé de l’univers horrifique des années 80 fait mouche, elle manque un peu de spontanéité sur les planches. Le public s’est laissé tout de même emporté par ces histoires sanglantes et le spectacle grandiloquent offert par les musiciens.
Les Chants Du Nihil
Dernier concert de la journée et non des moindres : Les Chants de Nihil. Le groupe breton revenait sur scène après deux ans d’absence et les spectateurs leur ont réservé un accueil chaleureux. Avec son black metal racé et poétique, le combo a emporté l’auditoire dans un voyage épique et même optimiste, loin des standards misanthropes ou satanistes du style. Le groupe a même offert un morceau inédit de 2008 aux ouailles d’Esquibien (et d’ailleurs). Des mélodies travaillées et variées portées par le chant de Jerry, puissant et diversifié. Un sans-faute pour le retour de la formation.
Globalement, aucune fausse note pour cette journée de vernissage qui se voulait une première, mais aussi une dernière dans le genre. Une date qui a rencontré un franc succès par son caractère original, auprès du public mais aussi des instances et soutiens locaux. Le nombre de places assises est même venu à manquer pour les conférences de l’après-midi.
Mention spéciale pour le choix du théâtre Georges Madec pour les concerts, situé dans un village ancien et plein de charme, non loin d’une superbe église. La configuration « place assise » a d’abord créé la surprise auprès des spectateurs, mais rapidement chacun a trouvé sa préférence. La morphologie du lieu permettant d’avoir le choix : debout devant la scène et sur les côtés, ou assis au fond de la salle. Face à l’engouement, et à la réussite de cette date on ne peut qu’espérer un nouvel évènement pour l’an prochain, mêlant autant d’univers artistiques différents.
Report par Camille Lambert.
Photos par Tiphaine Zanutto. Toute reproduction interdite.