Ach, l'Allemagne, sa choucroute, sa capitale et son hard rock, qu'est-ce qu'on ne donnerait pas pour se payer une bonne pinte de bière entre amis sur de la musique teutonne qui défonce à la Running Wild, Accept ou Grave Digger ? Le heavy teuton, c'est de la bonne, qualité garantie mes bons lecteurs !
ACHTUNG ! Unherz arrive pour vous défoncer le derrière. Alors faites comme la demoiselle sur la pochette, préparez vos fessiers parce que ça va envoyer. Et pas langoureusement ou romantiquement, mais bien à la façon germanique, par des gros bourrus avides de bière, de nichons, tout en bestialité. Et, de façon bien lourde et bien grâce, en plus. Pour rappel, Unherz, c'est un groupe d'où vous savez, qui a été créé il y a seulement 4 ans, et qui en 2010 a fait son premier album, Unherzlich Wilkommen, ce qui leur a permis de s'asseoir sur une petite notoriété dans leur terre natale. La raison pour laquelle, certainement, ils chantent dans leur langue maternelle. Et puis donc en 2012, sur Massacre Records, c'est le deuxième bébé Die Wahrheit Liegt Dazwischen, celui qui est passé du petit cœur Hello Kitty aux fesses provocatrices. Argument commercial : ON.
Paf, "Schmerz neu definiert" est là et l'idée de l'album se fait déjà : ça va être bien heavy, ça va être bien pêchu, ça va être bien efficace, mode allemande oblige, c'est carré et ça bastonne plutôt pas mal. Bien exécuté pour le style, et pas original pour un sou, mais une fois la barrière de la langue franchie, on apprécie pleinement ce titre qui est, quand même, franchement bon ! Guitare qui ne fait pas dans la demi-mesure, voix bien en place et petites parties mélodiques qui déchirent (ou, dans un langage moins châtié, qui trouent le cul), bref ça fait du bien par où ça passe, et on est content : au moins, là, on ne l'a pas dans l'arrière-train.
Généralement, le groupe se tient donc à cette ligne directrice. C'est à dire une musique bien lourde, une voix bien grasse et épaisse, rien n'est là pour faciliter le transit intestinal. Cette galette tire plutôt son épingle du jeu, et avec une guitare très souvent en avant, heureux sont ceux qui constater qu'Unherz sait se sortir les doigts du postérieur. Ce qui ne veut pas dire que la formation ne sait pas nuancer son propos. Autant ne pas offrir de la merde, avec ces allemands, on ne tortille pas du cul pour chier droit, et ça s'entend sur "Mein Weg mein Wille mein Leben" qui nous rappellerait presque un Motörhead teuton, ou sur "Benzin" plus commerciale, radiophonique, mais qui ne fait pas dans la gentillesse et l'aseptisé.
Mais pour éviter trop de redondance, on a quelques mid-tempos. "Dieser Traum" et "Nur wenn du Traeume hast" viennent calmer les ardeurs, on est pas dans un film de fesses, non plus, voyons, la température a bien besoin de baisser. On préférerait presque, car bien qu'elles apportent une touche de diversité, elles ne sont pas non plus indispensables, manquant un peu de saveur. Quitte à prendre des gants, serrer autant les dents et le rectum pour rester tellement dans la retenue (écoutez donc ces guitares trop gentillettes qui contrastent avec ce chant carrément excellent) n'en vaut pas la peine. On aurait préféré plus de folie, cavaler dans les bois, chevaucher avec amour et passion, bordel ! Heureusement, il y a la fessetive ''Leuchtfeuer'', folk avec tout le tsointsoin et le tralala, qui donne envie d'aller dans une taverne, prendre une chope de bière, et faire la fête à la foire à la saucisse dans le fin fond de la campagne allemande. Malgré tout, on repérera quand même un peu trop de répétitions dans l'offrande, dommage.
Dans les morceaux qui sont mieux que les autres, on note "Schmerz neu definiert" qui est le vrai tube de l'album, bien puissant et bien efficace, et "Mein Weg mein Wille mein Leben", qui ne cache pas son influence, mais qui a un refrain que l'on oubliera pas de si tôt ! "Jag mich zum Teufel" est simple, concise, mais ne nous fait pas chier. On ne sera pas vraiment sur le cul, mais on retiendra cette piste sympathique. Vous avez la tête dans le cul après avoir passé une puuuuuure soirée de gue-din (sisi la mi-fa) ? "Benzin", c'est ton aspirine mon pote. Elle va te réveiller. Déjà qu'entendre de l'allemand ça fait parfois se réveiller les morts, alors avec la gueule de bois … bref, refrain solide et carré, chant super bon, tout y est.
Puis Felix Orchsel, c'est le genre de voix qui a bu trop de bière, un peu comme Lemmy. Le timbre n'est pas le même, mais dans l'idée, pensez à ça. Ce mec assure, capable de varier, de se faire agressif, de gueuler même, ou au contraire de s'adoucir. Bref, il en devient l'attrait majeur de la musique, et lui, il va te botter le séant ! Même chantant dans la langue de Goethe, sa conviction et sa rage se font ressentir. Ce type est un frontman qui sait comment en mettre plein la vue.
Die Wahrheit Liegt Dazwischen, c'est pas la fessée, mais ça déménage quand même pas mal. L'album souffre parfois d'un peu de redondance, mais se rattrape par son efficacité. Disposant de tubes à la pelle dans un heavy pure souche ou un hard rock / rock que ne renierait pas certains grands, Unherz a d'autres arguments qu'un paire de fesses pour pouvoir faire vendre sa musique. En Allemagne, on sait bien faire quand même.