Fête de L’Humanité, jour 3 (16/09/18) : Les Hurlements d’Léo, Marcel Et Son Orchestre, Grand Corps Malade

Dernier jour pour le festival. Moins de concerts que les jours précédents, à cause d’une part du grand meeting du PC – après tout, on est quand même à la Fête de L’Huma, il faut bien montrer qu’il reste deux ou trois communistes en France – et de l’autre de la fermeture qui a leu à 20h – après tout, c’est un festival familial, il faut le temps de rentrer coucher les mioches, il y a école demain.

 

Divertimento
Grande Scène, 13h

L’un des plus atouts de la Fête de L’Huma est sans contexte son éclectisme inégalé. Certes, à l’heure actuelle, la plupart des festivals sont généralistes, et même les rassemblements estampillés rock programment du hip-hop et de l’electro, mais à L’Huma, cela tient vraiment du sacerdoce, et, semble-t-il, de la volonté d’ouvrir le plus possible les horizons musicaux du public. Dans quel autre festival est-il possible d’avoir en un week-end du death metal et de la variété, du punk et du gnawa, et même… De la musique classique.

Car en ce tout début de dimanche après-midi, c’est l’orchestre symphonique Divertimento qui ouvre la Grande Scène. Une formation habituée du festival, et qui porte le même objectif de rendre la culture accessible à tous. Sa présence est donc logique, d’autant qu’il fête cette année ses vingt ans. Il y a peu de monde au début du concert, et même si la foule augmentera un peu durant le spectacle, l’heure précoce et la chaleur n’aident pas forcément à attirer les peuples.
 


Pour l’occasion, l’orchestre joue d’abord des œuvres de Léonard Bernstein, extraits de symphonies et de bandes originales de films, avant d’interpréter des musiques de films d’autres compositeurs.

La cheffe d’orchestre prend le temps d’expliquer le contexte de chaque extrait avant de l’interpréter. Une bonne partie du concert va être consacrée à West Side Story, ce qui permet d’aborder des genres différents, du jazz au mambo.

Faire jouer un orchestre en festival n’est pas forcément chose aisée, mais le son est étonnamment bon. Évidemment, la vue n’est optimale, les cuivres et les percussions sont peu visibles, d’autant que ces derniers sont placés derrière des vitres, et les écrans sont d’un grand secours même aux premiers rangs.
 


La poussière et la chaleur presque caniculaire ne sont pas des conditions optimales pour écouter un concert classique, mais les quelques dizaines de personnes aux barrières – essentiellement des personnes d’un certain âge, mais on trouve aussi des adolescents et de jeunes adultes – et les quelques centaines sur les collines en hauteur semblent apprécier. Quelques tensions apparaissent entre ceux qui ont les codes des concerts classiques et sont habitués au silence religieux des salles de concert, et les profanes qui bavardent gentiment pendant les morceaux… Heureusement que certains habitués sont plus tolérants que d’autres.

La chaleur est aussi compliquée pour les musiciens : on souffre pour eux, en habit de soirée, des serviettes ont été disposées sur les violons, et l’orchestre est obligé de se réaccorder en plein concert à cause de la température. Cela ne l’empêche pas de jouer très bien, et après Bernstein, il passe sur différents classiques du cinéma, plus accessibles : le générique de la 20th Century Fox, Les Sept Mercenaires, La Panthère Rose, Diamants sur Canapé… Et un final, épique à souhait, sur une version réarrangé de Pirates des Caraïbes ! Passer de Bernstein à une saga Disney en moins d’une heure, c’est aussi ça la culture et l’ouverture d’esprit à L’Huma.
 

Rédaction : Aude D

Grand Corps Malade
Grande Scène, 14h30

Journée très française pour achever le festival, puisque Grand Corps Malade vient chauffer La Courneuve avant le meeting politique. Il y a à présent beaucoup plus de monde, et l’homme arrive avec quelques minutes de retard, en compagnie de ses trois musiciens, un batteur, un claviériste et un guitariste.

L’artiste s’est fait connaître pour avoir popularisé le slam en France, mais sur cette tournée, loin de proposer une version épurée, il fait la part belle aux instruments et aux arrangements. La musique est agréable sans proposer grand-chose de révolutionnaire, et les sons de basse sont très mis en avant.
 

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Mais dans le slam, ce qui compte le plus, c’est évidemment les textes, et de ce côté-là, les paroles enchaînent les fulgurances bien trouvées et les platitudes vues et revues. Le fait d’aborder des sujets aussi divers que les réfugiés syriens ou sa paternité permet au moins d’intéresser des publics différents, mais une ironique déclaration d’amour à Patrick Balkany reste tout de même le morceau de bravoure du spectacle en termes de texte.

Sur son dernier album, le slammeur a visiblement voulu élargir ses horizons, en se mettant à la chanson pure et dure. Et là, clairement, le scepticisme est de mise, car quand il chante, cela ressemble à de la variété bas de gamme.
 

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Son dernier album en date, Plan B, est d’ailleurs au cœur du spectacle, et Grand Corps Malade enchaîne les traits d’humour plus ou moins réussis sur la différence entre plan A et plan B, expliquant par exemple que "être ici aujourd’hui, en fait c’est mon plan B, mon plan A c’était de rester à la maison". Malgré – ou grâce à – des blagues parfois foireuses, le personnage scénique est sympathique et humain, jusqu’à sa façon d’avouer avec franchise qu’il impose au public des choses qu’il ne supporte pas lui-même en tant que spectateur – scinder l’auditoire en deux pour lui faire chanter un refrain en alternance.

Après une demande en mariage douteuse d’un des amis du slammeur en direct et deux derniers morceaux particulièrement réussis, Grand Corps Malade laisse la place à Pierre Laurent et consorts. Si la prestation n’était pas la plus mémorable du festival, elle constituait un répit bienvenu avant les deux tornades punk qui vont conclure les festivités.
 

Rédaction : Aude D

 

Les Hurlements d'Léo
P'tite Scène, 15h30

Dimanche midi, il fait chaud. Trop chaud pour aller croiser la foule et se frotter aux allées surpressées. De toute façon pas la peine, c'est sur la P'tite Scène que ça se passe. On y voit la programmation de deux assos bien connues, Droit de Cité et Festival Sur Les Pointes, qui nous auront fait vivre nos plus beaux moments dans le parc de la Courneuve (avec quelques stands bien achalandés en houblon et autres Grenadines).
 

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L'espace est bien plein pour accueillir Les Hurlements d'Léo, venus défendre leur Luna de Papel devant un public chaud patate. Petit problème technique pour démarrer, une guitare qui refuse de sonner, puis c'est parti.
 

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Les HDL, si leur album est très musical, ajoutent de l'énergie brute sur scène. Tout comme Rachid Taha, dont l'ombre rode autour du plateau, leur rock marché au plaisir. Le dernier album défile à100 à l'heure. Les morceaux rocks fonctionnent forcément bien dans ce format de concert (l'appétit, avec Arno Futur qui viendra sur scène rejoindre ses potes), et les titres rock-steady y trouvent une puissance supplémentaire. "Filles de joie". Petite gourmandise, "Le café des jours heureux", sera de la fête. Un titre qui a 20 ans, et qui ne fait pas son âge.
 

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Les Hurlements d'Léo ne seront pas venus pour enfiler des perles, comme dit ma grand mère. Le public aura remué la poussière, ça aura chanté, dansé... Un pur moment de communion. Et quand on voit ce qu'ils savent faire, on attend avec impatience leur Cigale, qui s'annonce monstrueuse. Rendez-vous en janvier 2019 !
 

Rédaction : Yannick Krokus

 

Marcel Et Son Orchestre
P'tite Scène, 17h


 

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Dernier concert. Certains stands commencent à plier les gaules, le houblon commence à se faire rare. Heureusement le Rhum à Michel, judicieusement placé sur le côté de la P'tite Scène, continue sa contribution au bien-être ambiant. Il faut dire qu'il fait chaud, les aminches! Les nordistes, peu habitués à cette canicule septembriesque, se font attendre. Marcel, son orchestre, et ses délires, arrivent enfin.
 

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On a failli attendre... Mais les bougres ne nous laissent pas le temps de leur dire quoi que ce soit. Grimés comme il se doit, subtil hommage au carnaval de Dunkerque (ce sera d'ailleurs une des rares marques de subtilité), Marcel et son Orchestre démarrent tout de go avec une recherche de pantoufles, sur fond de ska-punk déjanté. Le décor est planté, ça ne va pas s'arrêter.

Depuis leur retour sur scène il y a un an, Franck Vandecasteele et sa troupe de joyeux drilles jouent pour le plaisir. Et ça se voit, ça s'entend. Le public, dans un vibrant hommage aux chevauchées sauvages, enchaîne les logos rieurs, dans un nuage de poussière digne des plus grands westerns. On n'y voit plus à 10 mètres, mais pas grave, on se marre quand même. Dans la catégorie du plus grand Nawak, on notera un livreur de pizza qui traverse le public en stage diving, Les Hurlements d'Léo habillés comme il se doit dansent sur scène, la visite sur canot pneumatique du public par un Marcel, les déguisements dans le public...
 

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Rire intelligent, et engagé aussi. Cri de colère contre la non-présence de son parti à la Fête de l'Humanité (cherche où milite Franck), dédicace et soutien à l'intersyndicale des cheminots... Marcel et son Orchestre ont toujours été un groupe militant, il n'y a pas de raison pour que cela ne change, bien au contraire.
 

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Un dernier "Neurones à crête", puis un rappel... Les vaches font meuh meuh, et c'est la fin. Un dernier Rhum à Michel, puis il faut partir. L'Humanité 2018, c'est fini.

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Rédaction : Yannick Krokus

Crédit photo : David Poulain

 



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