Back to MaMa, Part Two et ce sera tout ! Notre crise de gonzophilie aïgue nous a été fatale ; il n’y aura pas de retour des deux chronirockers fous en mode number three. Pas très grave, les troisièmes volets des trilogies sont rarement les meilleurs… Certes, le dernier jour de cette édition 2018 du MaMa festival, nous aurions pu nous déplacer pour Mama’s guns - pas seulement pour faire de mauvais jeux de mots - la Cafetera Roja, voire ce vieux briscard d’Eagle Eye Cherry… Pour les deux premiers, c’est sûr, ce n’est que partie remise. C’est de nos chouchous basques The Very Small Orchestra qu’il sera question et de notre découverte de ce MaMa, la volcanique Michelle Williams et ses Gospel Sessions !
The Very Small Orchestra (and the others fuckers) - le Paprika
Lorsque que l'on a appris que The Very Small Orchestra débarquait de leur pays basque au grand complet (avec les Others Fuckers donc), dans un resto hongrois, pour un p'tit showcase à l'heure de l'apéro ou presque… On s'est vite décidé à inventer un bobard au taf pour être à l'heure ! Les pros du MaMa n'ont pas eu à trouver d'excuses bidon pour assister à ce showcase, les veinards… Cosy, le Paprika. Les tables ont été poussées pour laisser place aux amplis, aux micros et à une batterie dépourvue de grosse caisse. Formule complète donc ; au trio acoustique de base - guitare, violon et harmonica - se joignent Denis Barthe, Pascal Lamige et Jérôme Bertrand (respectivement batterie, accordéon et contrebasse). Les TVSO ont revêtu leurs tenues de scène, chemise blanche et cravate noire. Pour un peu, s'ils rajoutaient un gilet, on les prendrait pour un groupe de loufiats parigots. Mais quand ils chaussent leurs rayban, peut pas y avoir gourance, c'est à un quintet de rockers qu'on a affaire ! Enfin sinon de purs rockers, au moins des musiciens qui ne se la racontent pas, "classiques mais excellentissimes" pour emprunter sans-lui-demander sa formule à un connaisseur...
Photo David Poulain
Des pros, mais pas bégueules pour un sou. Chanteur, guitariste et Monsieur Loyal pince-sans-rire, Vincent Bosler qualifie leurs reprises de "série-sur-les-chanteurs-morts qui plait particulièrement aux enfants". Il est vrai qu'ils débuteront par "Heroes" de Bowie, mais leur relecture de AC/DC ou de Motorheäd valent aussi le détour. Leur interprétation de "Small town boy" de Bronski Beat réconcilierait bon nombre d'entre nous avec les années 80… Les TVSO font aussi dans la compo. Un rock bon enfant, parfumé au blues mais qui ne s'interdit aucune échappée belle. Le superbe "The kitchen floor" sur lequel la voix de Bosler fait merveille, évoque les B.O des films de Kusturica. Un son unique emmené par les fulgurances de l'harmonica de Kiki Graciet, les envolées du violon de Don Rivaldo Tutti Corto et de l'accordéon de Pascal Lamige. Ils s'essaient même au style mexicano-rigolo ; "Desperado". Le futur tube de l'été selon Vincent Bosler, qui rappelle doctement qu'un tube n'est jamais qu'un truc long et creux… Leur titre emblématique demeure néanmoins "Biscarosse"; celui qui "les a rendu célébres dans le monde entier", mais qui est surtout un dézinguage joussif de la Mecque du surf landais… Souhaitons qu'un des tourneurs présents ce jour-là leur mettent le grappin dessus et leur dégottent prochainement une date parisienne !
Denis Madelaine
Michelle David and the Gospel Sessions - Backstage by the Mill
Arrêtez tout, vous pensiez qu’Aretha Franklin avait disparu ce funeste jour du seize aout dernier ? Bon oui, ça ne change rien, mais rangez tout de même vos kleenex et dites-vous que la descendance est parfaitement assurée. Dans les tréfonds de la salle du Backstage by the Mill, une pépite en or massif 24K nous attendait. Quelque chose de tellement scintillant que vous avez autant plaisir à regarder la scène que les sourires innombrables d’un public aux anges… Ladies and gentlemen, enters Michelle David and the Gospel Sessions ! Un groupe venu de l'autre pays du fromage, mais digne héritier de la Motown de l'âge d'or. Un mood soul donc, mais également gospel profane (trop taillé dans la roche pour être sanctifié), jazzy aussi et fortement teinté de rhythm and blues… et viscéralement imprégné de blues tout court ! Des influences traversant du nord au sud les Etats Unis, de Détroit, ville de Marvin Gaye et de Diana Ross (Eminem aussi, mais la corrélation est plus délicate) avec petit crochet par Chicago au pub d’Al Capone Le "Green Mill" pour siroter Jazz et champagne, pour finir en Louisiane. Pour un combo parfait et plus festif, une petite pincée d’afrobeat et le tour est joué.
Une puissance incroyable, une divine diva sur scène. Le genre de femme qui vous font hisser les poils au garde à vous quand vous l’écoutez chanter l’hymne Américain au Super Bowl (alors que vous détestez le sport et les ailerons de poulet). Le look rétro de ses comparses ajoute à la mise en scène et le solo de saxo nous fait délicieusement vibrer. L’éclairage est solaire lui aussi, très visuel mais horrible pour les photographes qui s’agglutinent tous devant cette vénus noire. Pour vous faire un résumé, cette musique, c’est celle que vous mettez avant un entretien d’embauche et c’est celle que vous remettez après que trois recruteurs vous aient appelé pour vous dire oui. Juste du bonheur en barre à consommer sans modération !
Mathilde Normand