Pour les dix ans de l’association Battle’s Beer, nous avons droit à un Beermageddon Fest huitième du nom presque à la campagne. On se souvient des groupes qui sont passés par le festival. D'Aktarum au Star Café à Negură Bunget au Backstage O'Sullivan's (avec Negru quelques semaines avant son décès) en passant par Nazgaroth à la salle du Glazart ou encore de Woodtemple à La Flèche d’Or... C’est à l’Estaminet Café Culture à Magny-les-Hameaux que se déroule la fête ! Une fois encore, les organisateurs ont su choisir une affiche orientée black et pagan metal en dénichant des groupes parfois peu connus, mais toujours de qualité. Sans parler des noms récurrents de notre belle scène française.
Brennkelt
Le Beermageddon c’est aussi ça. L’esprit Viking comme lorsque vous rentrez dans la salle pour voir un chanteur bassiste brandir une hache, caché derrière un long bouclier. C’est Tarvos de Brennkelt qui harangue le public qui commence à arriver dans la salle.
Leur black/death metal est parfait pour commencer le festival dédié à la bière, au black metal et aux mythes ancestraux et à l’esprit médiéval. De suite on est dans l’ambiance pour la suite de la journée, rythmée au son d’une musique qui ne laisse pas insensible les premiers festivaliers. (L/B666)
Pestiferum
Aux alentours de 14h, après une bonne rasade de bière de qualité artisanale, c’est au tour des Albigeois de Pestiferum de monter sur scène. Le public est très éparpillé et clairement en phase digestive. Il est vrai que les crêpes maison avaient l’air excellentes…
« Laideur, pestilence, péchés, bûchers, morts », c’est ainsi que l’on peut résumer la thématique du groupe. Spernax l’Abject, le vocaliste, met bien en pratique cette absence d’espoir et d’élégance et la décoration macabre du blouson de cuir de la Fomoire réhausse le tout avec un mauvais goût certain. Ceci dit, tout est logique, car nous sommes bien devant un black metal efficace, avec néanmoins des passages plus mélodiques. Mais l’ensemble ne fait guère de compromis.
Quelques problèmes techniques de la part du bassiste, contraint de changer de corde en plein concert, obligeront le groupe à jouer presque deux morceaux sans lui, ce qui est un peu dommage, car cet instrument semble assez présent dans la musique sombre du groupe. Si on peut reprocher un certain manque d’énergie de la part du public, on peut aussi trouver que les musiciens sont globalement statiques et très concentrés sur leur jeu.
Quoiqu’il en soit, les compositions de Pestiferum méritent d’être entendues ! Il n’y a qu’à écouter des titres comme « Syphilis Déjantée », issu de leur split avec Halsfang ou « Seule la flamme absoudra le pêcheur » qui termine le concert pour s’en convaincre. (TO)
Setlist Pestiferum:
Le Supplice de Judas
Holocauste bubonique
Au vent mauvais
Ignis plagna, ignis sacer
Misère gangrénée
Syphilis déjantée
Des prêtres, des rites et des défunts
La plaie
Seule la flamme absoudra le pécheur
Boisson Divine
Boisson Divine est en quelque sorte la meilleure promotion possible pour l’office du tourisme de Gascogne. En effet, le soleil et la fête (mais aussi le vin et le floc) entrent aussitôt dans une salle qui s’est bien remplie.
En quelques minutes, l’effet magique sans doute dû à l’esprit joyeux et authentique du groupe fait son effet : la foule s’agite et se laisse rapidement entraîner. Si Boisson Divine fait aujourd’hui particulièrement figure d’extra-terrestre sur cette affiche clairement orientée black metal, entre Pestiferum et Mortis Mutilati, le public a su apprécier les rythmes endiablés ou les ambiances polyphoniques.
Après les avoir découverts au Ragnard Rock festival, revus au Cernunnos, ils confirment leur constance et leur haut niveau et leur contagiosité. L’humour gascon vaut bien la musique, et c’est dans une ambiance réellement festive que se déroule le concert. D’ailleurs, le groupe fera des extras, avec un véritable concert a capela pendant une bonne partie de la soirée, bière, vin et floc aidant. C’est aussi à cela que l’on reconnaît les authentiques fêtards.
Je le dis ici haut et fort, vous autres organisateurs de concerts ou de festivals, si vous cherchez un groupe capable de mettre l’ambiance dans n’importe quelle condition, il me semble qu’il faudra penser à Boisson Divine à l’avenir ! En tout cas, nous avons hâte de les revoir. En attendant, nous aurons droit à une interview qui vous en apprendra plus sur le terroir et le véritable sens de la vie. (TO)
Setlist Boisson Divine:
Que m’en tomarei
Los thilholers
Lo cant deu pastor
Que de melhor
Coquin de pire
Dauna
Hilhota
Les Invisibles
Braguer
Aiga d’aur
Libertat
Rappel : Breaking The Law (Judas Priest)
Mortis Mutilati
Vous adoriez Nehemah vous allez apprécier Mortis Mutilati. Son côté théâtral, Messe Noire et son funeral black metal des plus sombre tout en ambiance ne laisse pas indifférent. Les Français sont grimés, les corpse paints noir et sang coulent sur leurs visages maquillés à l’image de Macabre (tête pensante du groupe et multi-instrumentiste) derrière son micro.
Le public est maintenant plus nombreux et ne rate pas une miette de la prestation. Les lights légers donnent une ambiance encore plus sombre et rituelle à leur prestation qui met en avant les titres de leur quatrième et dernier LP The Strench of Death sorti en début d’année avec « Echoes from the Coffin », « Crevant-Laveine », « Onguent Mortuaire » ou encore « Homicidal Conscience ». (L/B666)
Setlist Mortis Mutilati:
Ways to End your Useless
Life II
Onguent Mortuaire
Reliquiae
Echoes from the Coffin
Homicidal Conscience
Orphelia
Crevant-Laveine
Aorlhac
De retour parmi les vivants après huit années d’absence, les Auvergnats font un retour en force avec un black metal somptueusement bien exécuté. D’emblée on accroche aux premières notes de leur musique mêlant un black metal des plus enivrant avec des textes en occitan évoquant une période médievale. Spellbound le chanteur ne tient pas en place. Il vit sa musique à fond, se tend comme un arc pour ensuite s’effondrer comme un château de cartes.
Les musiciens sont là pour défendre leur dernier et troisième album L’Esprit des Vents avec lequel ils ouvrent leur show avec « Aldérica » pour nous proposer ensuite le prenant « La Révolte des Tuchins » (titre épique possédant des solos de guitare époustouflants) et l’entraînant « L'ora es venguda ». Le set passe trop vite et on en aurait bien pris encore deux trois titres tellement on a été charmé par cette prestation des plus magnifiquement exécutée. (L/B666)
Setlist Aorlhac:
Aldérica
Sant Flor, la cité des vents
La Révolte des Tuchins
Le Charroi de Nîmes
L'ora es venguda
Les enfants des limbes
Mandrin, l'enfant perdu
Le Bûcher des Cathares
Heol Telwen
C’est un événement qu’il ne fallait pas rater. Le retour d’Heol Telwen après le Motocultor en 2011, l’Espace B de Paris et le Cernunnos en 2010. Et ça faisait longtemps qu’on les attendait. Le line-up a évolué mais la rage que dégage le groupe sur scène, elle, n’a pas changé.
Hades et Llyr et Mylgaon Vibuc'h, les inséparables musiciens que l’on retrouve aussi dans Bran Barr, prennent le devant de la scène pour nous emmener dans un set bien costaud autour de leur seul et unique album An Deiz Ruz (en 2011 ils nous avaient joué des inédites). Les riffs puissants de leur celtic black metal apaisé par le tin whistle (flûte) a toujours autant d’impact sur le public.
C’est toujours un plaisir d’assister à un concert d’Heol Telwen, chose assez rare mais tellement jouissive qu’on en attendrait même un nouvel album (euh, je crois que je l’ai suffisamment dit ces dernières années…) (L/B666)
Setlist Heol Telwen :
An Douar Eleh Mon Ganet (Intro)
An Deiz Ruz
Dahud
Kan ar Kern
Son ar Everezh
Ar Korrigan Du
Epona
Enez Glaz
Darkestrah
Les organisateurs de l’association Battle’s Beer ont vraiment le chic de dénicher des groupes méconnus, mais de qualité.
Darkestrah en est un excellent exemple. Venus à l’origine de Bishkek au Kyrgyzstan, la formation désormais basée en Allemagne s’inspire des poèmes épiques et des contes du folklore païen Kyrgize.
Le groupe a une bonne carte de visite, à travers plusieurs albums, et la qualité se ressent. Il est clair que le vocaliste Merkith a une présence indéniable.
Musicalement, nous sommes devant un black metal aux influences atmosphériques. Le groupe affirme faire du « black metal épique shamanique ». Quelle que soit l’étiquette que l’on veut y coller, le son en tout cas colle bien à la soirée. Les ralentissements majestueux permettent de donner un rythme intéressant au concert, qui est tout de même plutôt virulent et en accord avec les cris frénétiques !
L’album Turan semble bien présent dans une setlist laissant la part belle aux ambiances et au synthé.
Darkestrah est donc venu apporter cette petite touche d’exotisme nécessaire et nous a démontré que dans l’Est lointain et imprononçable, on sait également faire du metal, et du très bon ! (TO)
Setlist Darkestrah:
One with the Grey Spirit
Erlik-khan
Conversions of the Seer
Cult Tengri
Epos
Bird of Prey
Sur Austru
L’annonce de la mort soudaine de Gabriel « Negru » l’an passé, le batteur et leader de Negura Bunget, a forcément causé quelques soucis pour la pérennité du groupe. Stefan Zaharescu, Tibor Kati, Ovidiu Corodan et Petrica Ionutescu ont donc décidé de poursuivre le chemin avec un nouveau projet nommé Sur Austru, directement inspiré de l’œuvre précédente. La volonté revendiquée de continuer dans le même style, sans renier Negura Bunget est clairement affichée. En effet, les compositions précédentes sont bien présentes, et même si un premier album sous cette nouvelle formation est prévu, la prestation de ce soir ne peut que nous convaincre que ce sera « du Negura Bunget ».
C’est au jeune Nadaban Sergiu qu’est revenue la lourde tâche de reprendre le flambeau à la batterie. Tout ce qu’on peut dire, c’est que visiblement la relève semble assurée.
Quoiqu’il en soit, le concert de ce soir est un sans-faute. L’ambiance magique des compositions des Roumains nous transporte encore bien loin et l’utilisation ponctuelle des instruments traditionnels anciens apporte cette petite touche unique au groupe. La toaca par exemple, planche de bois sur laquelle on frappe avec un marteau est typique, et même s’il ne sert que quelques instants pendant le concert, cela ajoute une authenticité à la prestation qui a tout son intérêt. Les fans peuvent donc être rassurés sur l’avenir… (TO)
Setlist Sur Austra :
Dincolo de munte
Puhoaielor
Mistuind
Dor austru
Cunoasterea tacuta
Tara de dincolo de Negura
Schimniceste
Dacia hiperboreana
Nametenie
Jale.
Les festivaliers ont passé un moment à part, déconnectés de la vie. Ils se sont perdus dans des histoires païennes, rigoler en écoutant des histoires à boire et d’autre à frémir. Ils ont écouté la description des affrontements anciens pour se perdre à jamais dans les secrets des forêts profondes de Roumanie. Le plateau était magnifique et on attend impatiemment la neuvième édition que devra relever le challenge.
Thomas Orlanth & Lionel / Born666
Photos : © 2018 Thomas Orlanth & Lionel / Born 666
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