Enslaved (+ High On Fire + Krakow) à  la Machine du Moulin Rouge (16.10.18)

Beau plateau éclectique ce soir à la Machine du Moulin Rouge, avec du black et du stoner, du très planant et du très bourrin savamment mélangé, pour la dernière date de la tournée des princes norvégiens d’Enslaved.

 

Krakow


Ce sont les compatriotes d’Enslaved qui ouvrent le bal, et la prestation du groupe va se révéler excellente à tout point de vue.
 


Le quatuor joue un stoner extrêmement planant, presque onirique, qui fait décoller l’auditeur et emmène vers des contrées fantasmagoriques. Le chanteur interprète les morceaux presque exclusivement en voix claire, ne poussant quelques growls que pour faire monter la pression et donner une dose d’agressivité supplémentaire.
 


Les lumières elles-mêmes sont parfaitement en accord avec l’ambiance produite par la musique, et accentuent son aspect onirique.
 


Le public est encore peu présent, à peine une poignée de personnes dans la fosse, quelques dizaines sur les coursives latérales et aux balcons. Mais les spectateurs présents semblent apprécier le moment, et sont pour la plupart plongés dans un état contemplatif.
 


Krakow aurait aisément pu nous embarquer pour un set complet, mais après quelques morceaux, la salle atterrit et les Norvégiens quittent la scène.

 

Enslaved


La salle se remplit, et en attendant qu’Enslaved attaque son show, les hipsters venus boire un verre sur la terrasse de la Machine croisent les metalleux qui préfèrent patienter à l’air libre que dans une salle obscure.
 


Enslaved est la véritable tête d’affiche de la soirée, mais comme cette date est la dernière avant un break, ils ont échangé leur place avec High On Fire pour pouvoir prendre le dernier vol pour Oslo.
 


Les escaliers de la salle et les balcons sont par conséquent pleins pour le deuxième set de la soirée. La fosse est aussi bien remplie mais reste circulable.
 

Malgré les nombreuses dates déjà derrière lui cet automne, le groupe livre une prestation impressionnante. Depuis longtemps, le groupe est bien plus qu’une formation de black metal, sa musique lourde et puissante s’enrichissant d’éléments de rock progressif, voire de jazz. Sur scène, le mélange fait des merveilles.
 


Ses morceaux alternent les passages très planants, mystiques, et les développements beaucoup plus bourrins, dans lesquels le batteur Iver Sandøy et les deux guitaristes Bjørnson et Arve Isdal s’en donnent à cœur joie. Les longs passages instrumentaux permettent d’écouter à loisir les talents des musiciens, dans les registres les plus calmes comme les plus agressifs. Les changements de rythme fréquents des morceaux emportent les auditeurs dans un environnement sonore mouvant et chaotique qui ne laisse aucune place à l’ennui.
 


Le claviériste Håkon Vinje n’est pas pour rien dans le souffle épique qui se dégage de la musique des Norvégiens, et sa voix claire s’allie parfaitement à celle du bassiste hurleur Kjellson, qui alterne entre growl pur et chant très écorché. Le groupe a d’ailleurs choisi des titres qui mettent en valeur l’harmonie entre les deux vocalistes, et l’équilibre entre parties claires et criées est idéal. La setlist est d’ailleurs très variées en termes d’époque, puisqu’elle puise aussi bien dans Hordane Lands, un des premiers EP de 1993 du groupe, que dans le dernier album en date E, et contente aussi bien les fans historiques que récents.
 


Les lumières sont elles aussi magnifiques et mettent en valeur les compositions du quintette. Le public est captivé, et s’il y a peu de déplacements à noter dans la fosse, les réactions vont de l’écoute dans une contemplation religieuse au headbang systématique. Le leader Kjellson parle relativement peu, mais sait motiver le public un public parisien ravi.


La prestation est si prenante que la durée du set semble scandaleusement courte – 1h10 – et le groupe quitte la scène, la ville et le pays sous une ovation nourrie.

Setlist
Roots of the Mountain
Ruun
Storm Son
The River's Mouth
Isöders dronning
Sacred Horse
Havenless
AllfÇ«ðr Oðinn

 

High On Fire


High On Fire est donc le groupe qui va mettre un terme à cette soirée. Les Américains se démarquent nettement des deux formations norvégiennes, puisque, s’ils ont la base de stoner de Krakow, leur son est nettement plus orienté thrash et sludge, avec des sonorités beaucoup plus brutes et moins recherchées.
 


Le trio a une sacrée présence sur scène, et est visiblement là pour envoyer du lourd. Le chanteur guitariste Matt Pike s’exprime uniquement en growl et en grunt, et la rythmique du bassiste Jeff Matz et du batteur Des Kenzel matraque tout.
 


Le public en profite d’ailleurs pour multiplier les pogos, qui ne se prêtaient pas à l’ambiance des deux premiers groupes. La salle assistera même à plusieurs tentatives de slam au milieu du moshpit. Les premières échouent, mais une slammeuse parviendra finalement à réaliser ce périlleux exercice.
 


L’ambiance malsaine de la musique est assez plaisante, et le combo offre par moments de beaux passages musicaux et quelques bons soli, mais leur musique reste assez répétitive, et leur son, beaucoup moins travaillé que celui d’Enslaved, peut s’avérer fatigant à la longue.
 


La majorité du public semble cependant conquise par High On Fire. Le trio parcourt tous les albums de sa carrière, à l’exception des deux premiers, et finit sur "Electric Messiah", de son tout récent album éponyme. La réception est aussi bonne que sur les autres morceaux, et les Américains quittent un public visiblement convaincu.

Setlist
Sons of Thunder
The Black Plot
Carcosa
Fertile Green
Rumors of War
Slave the Hive
Steps of the Ziggurat
Spewn From The Earth
Fury Whip
Snakes For The Divine
Electric Messiah

Photographies : © Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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