Pour sa quatrième édition, le Lezard'Os Metal Fest nous a, une nouvelle fois, concocté une très belle affiche, toujours aussi diversifiée. C'est d'ailleurs l'une des marques de fabrique de ce festival, qui propose de mettre en avant tout autant la scène locale que les pointures internationales (avec cette année la présence de Crisix et Ensiferum). La Grosse Radio y était et vous raconte tout sur cette très belle soirée metal.
Meatball Grinder
La Haute-Marne n'étant pas particulièrement réputée pour ses soirées metal, c'est un public d'âges et d'horizons variés, et venu parfois de loin qui remplit petit à petit la salle des Fuseaux à Saint-Dizier. Si la soirée n'affiche pas sold-out, c'est toutefois un bon nombre de spectateurs qui sera présent pour les têtes d'affiche de la soirée. Mais en cette fin d'après-midi, le public commence seulement à arriver et ce sont les musiciens de Meatball Grinder qui en font les frais, jouant devant une poignée de spectateurs, plus curieux que connaisseurs.
Nous avons déjà assisté à plusieurs concerts de cette formation de death metal qui tourne beaucoup dans la région et qui, date après date, engrange toujours plus d'expérience et d'assurance sur scène. Malgré le faible nombre de spectateurs, le quintette ne se décourage pas et bénéficie d'un très bon son. L'occasion pour le combo de nous présenter en avant-première quelques extraits de son album à venir, dont le très bon "Predation", dévoilé en ligne il y a quelques jours, et qui rappelle furieusement Cannibal Corpse. Alex (chant) n'est toujours pas un monstre de communication, mais micro en main, il growl à la manière d'un Sven de Caluwé (Aborted), l'une de ses références (et plutôt une excellente !).
Malgré un temps de jeu d'une petite demi-heure seulement pour Meatball Grinder, le groupe a montré qu'il s'affute date après date. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter que leur premier album sorte rapidement.
Setlist Meatball Grinder
Predation
Born For Nothing
Perverse Pulsion
Boardgame
Raise Your Arms
Self Destruction
The Law of Another
Democratie
Extreme Autophage
Voorhees
Après un rapide changement de plateau, ce sont les Messins de Voorhees qui montent à l'assaut. La salle est plus remplie et le groupe peut envoyer son death lourd à tendance thrash. Le premier point à souligner, c'est bien évidemment la qualité des conditions sonores dans cette belle salle des Fuseaux. Pendant le set de Voorhees, l'ensemble sera très bien équilibré, et la basse de Fred, bien mise en avant, apportera une belle profondeur à la musique du groupe.
A la fois puissant et efficace, Voorhees propose parfois des riffs qui rappellent le stoner, notamment en raison de tempi qui ralentissent sur certains titres et à la rondeur de la basse de Fred. Au micro, Chris balance un chant bien rageur, sa posture tout comme ses intonations de voix évoquant régulièrement James Hetfield.
Avec un tel nom (s'inspirant de Jason Voorhees, de la série de film "Vendredi 13"), le quatuor pioche dans l'imaginaire des films d'horreur pour créer sa musique. Et on ne peut que constater que l'univers du groupe est retranscrit à merveille.
Et quoi de mieux pour finir qu'une petite reprise ? C'est ce que nous offrent les Messins avec une bonne reprise du "Evil Dead" de Death, qui récolte un bel accueil et sur laquelle les premiers moshpits de la soirée se forment.
Il aura fallu peu de temps à Voorhees pour convaincre avec un set énergique et un death qui, s'il ne révolutionne pas le genre, a le mérite de faire secouer les nuques.
Setlist Vorhees
Serial Infection
I'm the Man who became God
The Lucky Ones die first
The Will to Kill
Into Darkness
Evil Dead (Death cover)
Undead
L'an passé, nous assistions à ce qui était alors le second concert de l'histoire d'Undead. Depuis, le combo a foulé quelques scènes et a affuté son style en vue de la sortie prochaine de son premier opus. Undead officie toujours dans un death / thrash qui rappelle les grandes heures du style à la transition entre les années 80 et 90. Et si l'an passé nous fustigions le manque de communication de Fafa (chant) entre les titres, c'est clairement un point sur lequel les Troyens ont travaillé. Le vocaliste n'hésite pas à aller au devant du public, pied sur le retour, en exhortant le premier rang à hurler avec lui.
L'énergie est là sur scène, à l'image de Raph (batterie) qui n'attend pas la moitié du set pour faire tomber son t-shirt et son bonnet, la température étant bien plus élevée dans la salle qu'à l'extérieur. Et si Undead n'a toujours pas d'album à son actif, la découverte de ses compositions en live n'empêche pas le public d'apprécier un set où la bonne humeur est de mise.
Tout comme les deux autres groupes qui les ont précédés, les musiciens n'ont qu'une demi-heure pour convaincre. Mais avec des titres aussi efficaces, les spectateurs n'ont pas vu le temps passer au moment où le combo entonne "Eyes of Snake", son dernier morceau. Encore un groupe qui prouve que la scène locale regorge de très bonnes formations.
Setlist Undead
Dark Hordes
While Lady Curse
Invaders from Civilization
Gloomy Temple
Last King
Eyes of Snake
Bridear
Attention ovni ! La venue des Japonaises de Bridear est une sacrée surprise car il s'agit là du deuxième concert donné en France par le quintette. D'ailleurs, la plupart des spectateurs semblent découvrir le combo, qui officie dans un hybride difficile à décrire. "Kawaii metal" serait bien approprié, puisque Bridear comporte de nombreuses similitudes avec Babymetal, mélangeant des influences J-pop avec un heavy/power metal. Chose surprenante, Haru (basse), pousse parfois des hurlements typiques du deathcore, tandis que certaines rythmiques de guitare frôlent le thrash.
Ainsi, c'est un gros fourre-tout, parfois peu digeste, qui s'offre à nous avec ce set. Mais les filles savent bel et bien mettre l'ambiance, gesticulant dans tous les sens et arborant de larges sourires qui en disent long sur leur état d'esprit.
Le public apprécie, fait la fête avec les Japonaises, mais il faut reconnaître qu'à la longue il est difficile d'accrocher au set de Bridear, en raison notamment du chant parfois à la limite de la justesse de Kimi. D'autre part, le côté melting-pot musical est certes intéressant à découvrir, mais manque cruellement de cohérence sur la durée.
On n'en tiendra toutefois pas rigueur aux Japonaises qui auront tout donné sur la scène des Fuseaux pour leur seconde date en France.
Crisix
Angelus Apatrida est peut-être la formation thrash la plus renommée de la péninsule ibérique. Pourtant, Crisix vient méchamment lui faire concurrence ces derniers temps, avec des prestations endiablées. Preuve en est, ce set au Lezard'os Metal Fest va définitivement détruire les cervicales du public et mettre une ambiance de folie dans un pit qui ne demandait que cela.
Lorsque les Catalans débarquent sur scène, il faut avoir des yeux partout tant les musiciens courent dans tous les sens, montant régulièrement sur de petites plate-formes pour faire le show. En dépit de sa petite taille, Julian Baz (chant) sait tenir un public qui lui mange rapidement dans la main.
Et comme si cela n'était pas suffisant, Marc Busqué (guitare) descend dans la fosse dès le deuxième titre pour provoquer un circle pit. Avec le set de Crisix, il se passe des choses à la fois sur les planches, et à la fois dans le pit, comme lorsque Baz fait asseoir les spectateurs pour les faire sauter ensuite, à la manière de Slipknot.
Crisix nous surprend par sa facilité à jouer des hymnes thrash ultra rapides, mais également à faire le show comme si de rien n'était. "Do you want a slow song now ? No, of course, you want it fast !" clame Baz avant "Agents of Mosh". Le public s'enflamme et pourtant lorsque le chanteur demande qui a écouté le dernier opus, peu de spectateurs lèvent les mains. Qu'à cela ne tienne, le combo barcelonais a clairement récolté de nouveaux fans ce soir, en raison de sa sympathie et de sa musique de grande qualité. On retient particulièrement cet échange d'instruments entre les musiciens pour un medley d'hymnes du metal (en vrac du Led Zeppelin, du Rage Against the Machine, du Black Sabbath, du Maiden – "Well, Bruce Dickinson is too hard for me" admettra le chanteur – pour finir sur un "Hit the lights" des familles).
La petite heure de jeu accordée à Crisix touche à sa fin, mais les Catalans ne peuvent pas finir leur set sans un bon vieux wall of death. C'est "Ultra Thrash" qui est chargé de clore les hostilités, pendant lequel Baz descend dans la fosse, dépose des ballons de baudruche et réclame un "footbwall of death".
Une chose est certaine, les spectateurs ressortent lessivés mais heureux d'une telle prestation et il ne faut désormais plus grand chose à Crisix pour accéder au plus haut rang du revival thrash européen.
Setlist Crisix
A.S.F.H.
Leech Breeder
G.M.M (The Great Metal Motherfucker)
Agents of Mosh
Rise...then Rest
Conspiranoia
Get Out of My Head
Xenomorph Blood
Cover Medley
Bring 'Em to the Pit
Ultra Thrash
Ensiferum
Après un set d'une telle intensité de la part de Crisix, on peut légitimement se demander si les Finlandais d'Ensiferum seront à la hauteur pour clore ce festival en tant que tête d'affiche. L'introduction "Ajattomasta Unesta" résonne et c'est "For Those About to Fight" qui se charge de rappeler pourquoi c'est Ensiferum qui est placé le plus haut sur l'affiche.
En effet, la musique du quatuor se veut particulièrement festive et positive et il n'en faut pas plus pour que les spectateurs se laissent aller. D'autant plus que Petri (chant/guitare) chauffe bien les premiers rangs et que le sémillant bassiste Sami ne tient pas en place.
Le seul point de reproche que l'on peut souligner réside dans l'absence non renouvelée maintenant de clavériste depuis le départ d'Emmi (le groupe ayant toutefois eu recourt pendant un an à Netta Skog en qualité d'accordéoniste). Par conséquent, beaucoup de parties atmosphèriques et ambiantes reposent sur des samples.
Musicalement, le set est carré, et chacun est en place, notamment Markus (qui sourit pendant tout le concert) et qui assure des choeurs martiaux avec Sami. Ensiferum balaye sa discographie en mettant toutefois Two Path, son dernier opus, en avant. Mais ce sont surtout les hymnes tels que "Twilight Tavern", "From Afar" ou "In My Sword I Trust" qui recueillent un excellent accueil, malgré l'heure tardive.
Au fur et à mesure du set, Petri communique beaucoup plus avec l'audience, allant jusqu'à annoncer devoir jouer un titre de "disco viking metal" avec son classique "Two of Spades". Il n'en faut pas plus pour faire danser l'ensemble de la salle.
Avec un peu plus d'une heure de jeu, Ensiferum a mis tout le monde d'accord et a conclu une très belle soirée. Pari une nouvelle fois gagné pour le Lezard'Os et à l'année prochaine !
Setlist Ensiferum
Ajattomasta Unesta
For those About to Fight
Two Paths
Heathen Horde
Twilight Tavern
Token of Time
From Afar
Way of the Warrior
In my Sword I Trust
Hail to the Victor
Two of Spades
Iron
Un grand merci à l'association Lezard'Os, Elodie de Ellie promotion et Ludovic Antoine de LA. Events.
Photographies : © Watchmaker 2018
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