Entretien Riddim Maker avec Edwin Cardot
Sur le webzine, on aime vous faire part des bonnes initiatives surtout quand celles-ci sont à créditer à des musiciens français qui se bougent et croient dur comme fer à leur projet. Edwin Cardot qui nous a pourtant plus habitué à nous faire vibrer avec ses skanks de guitare est parti en Jamaïque et nous a ramené quelques pépites tout droit de l’île du reggae. Une virée retranscrite à travers un documentaire intitulé Riddim Maker qui valait vraiment la peine qu’on y prête attention.
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Pour en savoir un peu plus sur ce projet dont devrait éclore plusieurs surprises de taille pour en avoir discuté avec Edwin ( On vous en reparle en temps voulu, promis !!! ), on a contacté Edwin et on lui a posé quelques questions.
LGR : Salut Edwin, on te contacte pour parler de Riddim Maker, le documentaire que tu as publié il y a un petit moment et pour lequel tu es parti en Jamaïque. Peux-tu te présenter aux auditeurs de La Grosse Radio ?
Edwin : Bonjour, moi, c’est Edwin. Ça fait maintenant 12 ans que je fais de la musique. Avant, je faisais des sports extrêmes et je me suis mis à la guitare…. C’est mon frère qui m’a mis une guitare dans les mains, j’en faisais un petit peu au lycée et j’ai rencontré un groupe de potes et on a formé un groupe qui s’appelle Shaman Culture. Avec qui on a fait deux albums, le premier en 2010 et le second est sorti en 2015. On a fait pas mal de concerts, de festivals avec ce groupe en France et à l’étranger. Ça m’a permis, le groupe et moi de découvrir d’autres artistes, d’autres lieux en France.
On s’est fait notre réseau et puis j’ai rencontré des gens, forcément humainement quand tu es en festival ou en concert, tu fais des rencontres et puis t’avances. Par la suite, j’ai commencé à me mettre à la musique assistée par ordinateur et mes premiers petits logiciels et à concevoir mes propres instrumentaux.
LGR : Depuis quand tu écoutes du reggae ?
Edwin : J’écoute du reggae depuis que je suis tout petit parce que mes parents étaient fans de Bob et il y en avait régulièrement chez moi. Entre Queen et Michael Jackson, c’était Bob Marley et je sais pas, chez moi, ça m’a fait une vibration particulière et cette musique m’a touchée. Quand, j’ai essayé de découvrir par la suite, les messages et tout ce que le reggae représente, j’ai vraiment aimé.
A cette époque, j’habitais au Maroc, quand j’étais petit et j’étais élevé par une dame qui s’appelle Latifa, une femme berbère de là-bas et d’une famille, on va dire très modeste et je me suis retrouvé dans pleins de choses avec ce contexte où j’adorais aller chez elle et quand j’ai commencé à prendre conscience du message de Bob par rapport au Tiers-monde, par rapport aux gens qui souffrent aussi d’une certaine manière, etc… Ca m’a parlé, tu vois. J’ai fait un petit lien avec tout-ça.
Je pense que c’est aussi pour ça que cela m’a touché et puis aussi au niveau du mélange de la culture et de l’histoire des musiques. L’histoire du reggae, c’est très large et très étoffé et je trouve que ça a énormément de sens. Ça m’a pris au cœur et j’ai décidé de faire du skank à fond les ballons avec ma guitare et à concevoir des riddims et être à fond dans cette musique que j’aime.
LGR : Tu peux nous parler de Riddim Maker ?
Edwin : Riddim Maker, en fait, je t’explique rapidement. Ca s’est fait sur un coup de tête. Trois semaines avant que je parte en Jamaïque, je faisais un foot avec des potes et dans l’équipe, il y avait un pote à moi qui est réalisateur indépendant, il s'appelle Thomas Dorleans et fait des courts métrages, des films…. Quand je lui ai dit que je partais en Jamaïque trois semaines après, il m’a dit : " Bah, vas-y, je te suis et je fais un doc sur toi parce que ça a l’air super passionnant, tu as pas mal de contacts sur place ".
C’est un pays où il rêvait d’aller aussi. Il m’a demandé : " Tu m’acceptes " ? J’ai appelé mes contacts sur place pour leur dire que je ne serai pas seul mais avec un pote. Ils ont bien voulu nous accueillir à deux.
Dans l’avion, on s’est dit : " Mais du coup, si on fait un doc ! On part sur quoi et comment " ? Moi, j’ai dit : " C’est simple, j’ai pleins d’instrus dans mon sac. Je vais essayer d’aller chercher des voix pour poser sur mes riddims. Que se soit des gens super connus ou pas du tout. Des gens qui ont du talent et des gens qui sont humainement dans la rencontre où c’est fort quoi ". Une manière de mettre tout le monde à la même hauteur.
Je trouvais l’idée intéressante parce que, je suis animateur socio culturel, j’ai un BTS animation socio culturel, donc j’ai beaucoup travaillé avec des jeunes de quartier. Là, je suis encore sur plein de projets en ce moment. Je suis responsable d’un studio et je suis passionné par ça, donner du sens à la musique. Riddim Maker, ça m’a permis de mettre en image un peu toute ma passion et aussi essayer de faire un petit doc en indépendant mais un peu socio culturel aussi. Pour apprendre un peu la culture de l’autre. C’est cool d’être passionné de reggae mais moi, j’avais envie d’y aller pour savoir.
LGR : Là-bas, tu as rencontré un paquet de monde, Ijahman Levi, Andrew Diamonds, Clive, ça a dû être une superbe expérience ?
Edwin : Bah en fait, c’était super fort. Dans le documentaire, on voit que je rencontre pas mal de gens. Certains de façon imprévue, avec d’autres, c’était plus calé comme avec Ijahman Levi. Parce qu’avec lui, j’avais une tournée en première partie sur 5 dates en France, c’était à l’époque de Shaman Culture et c’était un peu, un papy mystique que j’adorais et on s’entendait bien. On avait été reçu chez lui en Jamaïque, pareil pour Andrew. Quand il venait en France, il venait nous voir en répétition. Et moi, j’avais gardé la vibe. Je me souviens, j’allais le chercher à la gare avant d’aller en répet. Tu vois, ça s’est passé comme ça. Et du coup, je me suis dis que j’allais essayer de créer un petit univers avec tout ça et lui donner un nom et amener un projet avec ça.
LGR : On voit dans le documentaire que tu trouves ce que tu as été chercher. Des voix pour poser sur tes riddims, on peut en savoir un peu plus ?
Edwin : J’ai ramené quatre morceaux que je vais produire un jour, je ne sais pas quand mais bientôt.
LGr : c’est qui les quatre, j’en ai relevé que trois dans le documentaire ? J’ai Iyah Blazze
Edwin : Oui, il y a Iyah Blazze
Iyah Blazze meets Riddim Maker - " Rasta For Free "
LGR : Il y a Skelletour qui a l’air d’être un sacré personnage.
Edwin : Exactement, il y a Skelletour qui est un personnage incroyable. Il est génial, on a passé des grosses soirées ensemble.
LGR : Il y a Kadian Hamilton
Edwin : Kadian Hamilton, exactement. Qui est plutôt une jeune que j’ai rencontrée chez Earl China Smith. Et il y a eu un autre titre mais pour le moment, ça demande encore un peu de boulot. En fait là, je prépare encore pas mal de morceaux, le truc, c’est que ça continue.
LGR : Justement, on allait y venir. Quelle est la suite de ce projet ?
Edwin : L’idée en fait, c’est que l’on s’est dit avec le réalisateur que l’on irait plus loin. Je vais essayer de faire un maximum de pays dans ma vie. Quand je ferai un pays, je ramènerai mes riddims et ferai la même chose dans un autre pays. Le concept, c’est ça. Et il n’y a pas de producteur, tu vois. C’est un truc dans ma vie
LGR : Quelle destination si tu as déjà une idée, faut-il s’attendre à te voir arpenter ?
Edwin : Le prochain, j’ai envie de le faire au Maroc parce que comme je te disais toute à l’heure. Je connais super bien le Maroc, j’y ai habité quatre ans et j’ai des supers contacts aussi avec des studios, des artistes. J’adore la musique Gnawa même si je ne la maîtrise pas techniquement encore aujourd’hui, je suis entrain de la bosser pour arriver avec des instrus Boombap, un peu musique du monde/orientale, j’adore ça !
LGR : Quelque chose à rajouter ?
Edwin : Oui, après l’expérience Riddim Maker, il y a eu l'expérience de beatmaker par rapport à l’album de Soom T qui vient d’être élu meilleur album Crossover de l’année aux Victoires Du Reggae sur lequel j’ai participé à 4 morceaux. Ça m’a permis d’enrichir un peu plus mes compétences de beatmaker. Je suis responsable d’un studio municipal, du coup, j’ai un studio tous les jours et j’essaie de faire un riddim par jour.
L’an dernier, j’ai fait un morceau avec Fatbabs du label Big Scoop Records, le label de Naâman, avec un artiste jamaïcain qui avait gagné le Digicel Magnum (la nouvelle star en Jamaïque), Vanzo.
LGR : Exact, j’ai moi-même fait l’actu sur le webzine.
Edwin : Ah yes. En fait, je suis le compositeur de ce morceau avec un pote, Vincent Tuan Lépinaux, et après, on l’a fait réarranger par Fatbabs. Ça me permettait de travailler avec Fatbabs parce que je trouve que c’est un super beatmaker et là maintenant on continue de bosser ensemble sur du lourd.
J’ai habité en colocation pendant deux ans aussi et c’est mon coloc qui m’a mis dans l’amour du soundclash, l’amour des dubplates. Du coup, j’ai fait des dubplates sur mes riddims avec pas mal d’artistes.
Joseph Cotton meets Riddim Maker - " Pum Pum Par "
LGR : Tu vas les sortir tous ces sons là ?
Edwin : Oui, je pense que je vais les sortir sur ma page Soundclound déjà dans un début et après pour les sons de Riddim Maker, je pense que je vais les distribuer sur les réseaux de téléchargement légal.
Pour revenir sur Riddim Maker, j’aimerais bien faire le Maroc d’ici deux ans et après j’aimerais bien Cuba, La Nouvelle-Orléans et j’aimerais bien un pays du Moyen-Orient, la Perse ou chez Farsh en Iran. Tiens là, je prépare un morceau avec un flûtiste Iranien justement. Le son c’est avec de la flûte traditionnelle, la ney, une flûte traditionnelle Iranienne. En gros, ça va être un hip-hop Iranien super volant.
Sinon, j’ai plein de riddims que je peux éventuellement filer à des gens, j’essaie de faire un business avec ça mais dans les règles de l’art, tranquillement, je ne me prends pas trop la tête avec ça.
J’aimerais bien aussi pouvoir les jouer en live les riddims que j’aurais fait avec quelques artistes. Faire un petit programme avec quelques machines et un ou deux musiciens, à terme, ça pourrait être pas mal.
Tu vois Riddim Maker, c’est un projet évolutif, c’est un projet de vie, c’est un projet de découverte, de respect des cultures, d’humilité. Moi, j’hallucine quand je me retrouve chez Jimmy Cliff, c’est un apprentissage.
D’année en année, mes riddims, ils vont être de plus en plus solides et peut-être que ça intéressera de plus en plus de monde.
Autre chose très importante. Quand je fais mes riddims, je veux toujours être avec quelqu’un pour partager le riddim. Genre le faire tout seul, je ne kiffe pas. Déjà, je pense que ça me rassure et pis la musique, c’est le partage.
Riddim Maker - Jamaïca
La Grosse Radio tient à remercier Edwin d’avoir pris le temps de nous répondre et pour sa gentillesse. Un passionné de musique avec lequel c’est un véritable plaisir d’échanger.
Aucun doute, Mr Skank Man est un acharné de travail et il va falloir le suivre de près à l’avenir. Big respect Edwin
Crédit photo : Parker Morain