Pour les Danois de Meridian, il s'agit d'une première. Non pas un premier album, puisque Margin Of Errors, sorti le mois dernier, est leur troisième effort. C'est surtout la première fois que le groupe, doté d'un line-up stabilisé, a pu affiner sa recherche d'un son caractéristique, la première fois également qu'il a travaillé avec un nouveau guitariste et producteur, Marco Angioni. Une sorte de nouveau départ qui permet au quintette nordique de s'affirmer et de prendre une place de choix dans le registre du hard rock et du heavy metal mélodique.
La description du groupe sur son site est la suivante : "Metal from Denmark". Plutôt générique – et puis, il sonne comment, le metal, au Danemark ? C'est peine perdue que d'essayer de trouver des points communs entre Mercyful Fate, Hatesphere et Volbeat ! C'est donc sans information préalable, et sans a priori, que nous entrons dans l'écoute de Margin Of Error à la recherche d'une identité remarquable, d'un signe distinctif pour parler précisément du son de Meridian. C'est mission accomplie dès les premières secondes du morceau "The Devil Inside Us All" qui ouvre l'album : Meridian, c'est une énergie et une voix, avant tout le reste. Et quelle voix ! Au chant, Lars Märker impose son timbre clair et cristallin sur chaque mesure, pour une interprétation inspirée et dynamique collant parfaitement à l'atmosphère agressive et puissante de ce morceau éminemment heavy, de l'intro rentre-dedans au solo de guitare magistral, en passant par les riffs puissants et le martèlement de la ligne de basse de Peter Bruun. Le vocaliste porte d'ailleurs tout l'album, faisant preuve d'une tenue impressionnante et d'une présence indéniable.
Le heavy metal que propose Meridian est énergique, rythmé et fleure bon les années 80 dans les arrangements. L'hymne heavy "Second Best", avec son refrain d'école, est comme teinté de nostalgie. À la limite du rock mélodique, agrémenté de choeurs, de soli et doté d'une intro symphonique entre The Who et Dream Theater, on croit entendre ici un classique très bien exécuté par un groupe aux cheveux longs.
À la limite de l'exercice de style, les Danois déclinent le heavy metal sous toutes ses formes, avec les notes très power metal du titre viril "Off To War", où l'on imagine clairement les guerriers partant au front, ou dans l'éminemment Maiden-esque "Scream For Me". Ils s'autorisent aussi des passages par le prog avec "The Fate Of Atantis", ou encore le thrash proggy (!), notamment dans le très bon "Disconnect" : grâce à une rythmique enlevée, Klaus Agerbo qui cogne ses fûts de façon impitoyable, une basse énorme, un refrain mélodique qui se retient illico et des guitares lead excellentes (invité sur ce titre, Steve Smyth de Testament, Nevermore et One Machine) Meridian semble encore avoir trouvé la recette du hit très bien construit.
Du bon, du très bon même, dans les soli de guitares de Martin J Andersen, toujours magistraux, dans le mixage soigné (l'album a été produit dans le studio de Marco Angioni) quoiqu'un peu trop centré sur les guitares, son retro oblige. Pour la petite histoire, Martin et Marco ont d'ailleurs récemment participé à l'écriture du dernier album de David Reece (ex Accept).
C'est propre, c'est très bien exécuté, mais on sent bien qu'arrive le revers de la médaille à la poursuite de l'écoute de l'album : les titres s'enchaînent mais on a l'impression d'avoir déjà entendu cela, que ce soit 10 minutes plus tôt ou quelques décennies auparavant. C'est surtout dans les compositions un peu identiques que le manque d'originalité se fait ressentir, sur des titres bien faits mais moins percutants comme "Fragments Of A Life" ou "Drowning The Miracle".
Même si quelques titres ressortent et que l'album est doté de très solides atouts, c'est un peu frustré que l'on peut terminer l'écoute. Meridian ne s'autorise que peu de changements de styles, en prenant un minumum de risques, avec une marge d'erreur (!) quasi nulle : on tape ici dans le heavy metal mélodique très traditionnel, ou trop selon les attentes. Pour ceux qui voulaient des imperfections, du moins propre, des genres revisités et des prises de risques, cet opus de Meridian sera sûrement vite oublié. Pour les amateurs de heavy mélodique, en revanche, Margin Of Error a tout pour plaire : une splendide ligne vocale, une énergie à toute épreuve et des soli monstrueux sur chaque titre, sans exception. Le talent du quintette danois, au final, et cela mettra tout le monde d'accord, s'est exprimé dans cet album solide, cohérent et efficace.
Tracklist :
1. The Devil Inside Us All 04:13
2. Off to War 03:14
3. Second Best 03:25
4. Margin of Error 04:44
5. Fragments of a Life 04:50
6. Circle the Drain 03:26
7. In Nothingness 04:05
8. Drowning the Miracle 04:19
9. The Fate of Atlantis 05:48
10. Disconnect 05:42
11. Scream for Me 06:21
Margin Of Errors, troisième album de Meridian, est sorti le 22 mars 2019 chez Mighty Music