David Coverdale, chanteur de Whitesnake

« Je m’excuse auprès de tous ceux qui souhaitent que je me retire depuis ces dix dernières années, mais je ne me sens pas encore prêt à arrêter. »

Dans le cadre de la sortie du treizième album studio de Whitesnake le 10 mai prochain via Frontiers Records, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec son légendaire chanteur : David Coverdale.

Quel est votre état d’esprit actuel avant la sortie de l’album et le début de la tournée aux USA ?

Je vais te dire, pour moi cette période est très intéressante : on a fait de notre mieux en espérant que les gens apprécieront l’album ; de plus, on a produit cette première vidéo et aujourd’hui nous avons de nombreux fans qui ont précommandé l’album. Frontiers a fait du bon travail, et surtout ça rend les musiciens du groupe extrêmement excités pour la tournée. Je pense que cet album va être bien reçu par notre public. La vidéo a déjà atteint plus de 800 000 vues en trois semaines (ndlr : elle a aujourd’hui atteint les 1.3 millions de vues), elle est beaucoup jouée à la radio et engendre un certain succès, ce qui est plutôt inhabituel pour un groupe de rock classique de nos jours. On sollicite beaucoup mes musiciens et moi-même, beaucoup plus que d’habitude en tout cas, et c’est donc très réjouissant ! Je pense qu’ils sont vraiment très motivés actuellement car ça fait longtemps qu’on joue ensemble des morceaux de mes albums précédents : Slide It In, 1987, ou encore Slip of the Tongue ... et là ils vont interpréter de nouvelles compositions, celles qu’ils ont écrites, donc ils n'attendent que ça de pouvoir les jouer en concert ! Et ça me fait très plaisir de les voir autant excités. Ce sont comme mes frères et on partage tous ce même sentiment. Cette musique que nous avons créé tous ensemble nous réunis encore davantage.

En parlant de ces nouveaux morceaux, je me dois de vous féliciter pour le super travail que vous avez fait sur Flesh & Blood, ça faisait longtemps qu’on attendait de nouvelles compositions de votre part et c’est particulièrement réussi …

(Il me coupe) … Merci beaucoup, quel est ton morceau préféré de l’album ? Je ne peux pas choisir, ce sont comme mes enfants pour moi (rires) donc d’après toi, quel serait le meilleur morceau, celui que tu apprécierais tombé dessus en écoutant la radio ?

Si je dois choisir un morceau ça serait « Trouble Is Your Middle Name »

(rires) Je pense que je vais te rendre heureux en t’annonçant que mercredi prochain, nous allons sortir un nouveau single, et il s’agit de ce morceau ! Et si tu viens au Hellfest tu seras encore plus content de savoir qu’on la jouera aussi !

Super nouvelle ! Les fans apprécieront, ce morceau est vraiment réussi et taillé pour le live, hâte de voir ça ! Pour en revenir à l’album, pouvez-vous nous expliquer votre choix de le produire avec Frontiers Records ?

C’est un ami à moi ! Au départ, j’ai travaillé avec Warner Brothers Family, que je connaissais depuis mes débuts avec Deep Purple, puis j’ai signé avec Geffen Records, avec lequel j’avais sorti l’album Slide It In et 1987, distribué par Warner. Du coup, retourner chez Warner n’était pas forcément le meilleur choix d’après moi et pour les autres membres du groupe. Mais on s’est toujours très bien entendu, nous sortons d’ailleurs une édition collector de l’album Slide It In pour fêter ses 35 ans, qui a été merveilleusement bien réalisée ; nous avions déjà fait cela pour fêter les 30 ans de 1987 et cela avait superbement bien fonctionné. Warner nous a toujours encouragés. Mais ensuite mes chers amis, mes « étalons italiens » (rires) m’ont dit qu’on était un super groupe de rock n’ roll et qu’on devait produire de nouveaux morceaux originaux, et ils m’ont donc proposé de faire un nouvel album ensemble. Le dernier album original que nous avions sorti et qui avait eu un gros succès était Forevermore en 2011. Ensuite on a sorti The Purple Album … d’ailleurs, ma femme me répète sans cesse de ne jamais penser à prendre ma retraite, c’est inconcevable pour moi ! Donc je m’excuse auprès de tous ceux qui souhaitent que je me retire depuis ces dix dernières années (rires) mais je ne me sens pas encore prêt à arrêter.

Comment s’est déroulé les sessions studios avec les musiciens pour la conception de Flesh & Blood ?

Dans un premier temps nous avons commencé à écrire avec Reb Beach et c’était très excitant, j’ai beaucoup apprécié créer et jouer de la guitare a ses côtés, de même pour Joel Hoekstra ; les morceaux du nouvel album ont été principalement composés à la guitare, sauf les ballades qui, elles, ont été composées au piano. C’était un plaisir de travailler avec eux, et c’était aussi la première fois qu’on a écrit des morceaux avec les deux guitaristes à la fois, ce n’était pas arrivé depuis les débuts du groupe quasiment. Il me semble que les morceaux qu’on a composés ainsi sont « Trouble Is My Middle Name », « Hey You »...Mais je ne suis plus sûr pour le premier. Joel et moi-même avons écris « Good To See You Again », qui sonne beaucoup comme aux débuts de Whitesnake, avec des sonorités à la Tina Turner ou Chuck Berry, et même les Faces. Tu te souviens de ce groupe ? En gros ça sonne rock n’ roll.

Il est vrai que l’album sonne très rock n’ roll mais les influences sont diverses, comme cela a toujours été le cas avec Whitesnake, et on ressent un élan de nostalgie des débuts du groupe.

Il est vrai que Flesh & Blood a de vieilles racines des débuts avec le premier album Trouble, qui a déjà plus de 40 ans maintenant. Le temps est fait pour l’amour. Pour toujours et à jamais. Depuis les débuts de Whitesnake j’ai toujours voulu transmettre mon amour pour les différents genres musicaux que j’apprécie, hard rock, rythm n' blues, … Je pense que Whitesnake a trouvé son approche musicale principalement avec les Allman Brothers Band, et en particulier leur premier album dont je suis très fan, ils avaient un slide guitariste du nom de Duane Allman, et un fantastique guitariste de blues, Dicky Betts, et en les écoutant tu te rends compte que ce qu’ils font c’est bien plus que du blues. Donc, si tu écoutes bien ce que Whitesnake faisait à ses débuts, tu peux entendre fréquemment de la guitare slide, on jouait avec des guitaristes de walk blues …  j’ai toujours joué avec de nombreuses guitares depuis que j’ai commencé à enregistrer et j’en emporte souvent sur la route (il marque un temps NDLR) cela vient aussi de mon amour pour Motown : écoute les premiers album de Whitesnake, tu verras que si tu enlèves la grosse caisse et les guitares, ça sonne comme du vieux Motown des 60’s ; j’adore écouter des morceaux du Four Tops.

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En parallèle de l’album vous avez récemment sorti une édition remasterisée de l’album Slide It In qui fête ces 35 ans cette année. Il s’agit du dernier album avant la période 1987 qui a marqué un changement pour le groupe. Pouvez-nous en dire plus sur cette période de transition ?

Je voulais finir mon contrat de management à l’époque, les choses se déroulaient bien, tous les résultats du succès étaient présents, les musiciens avaient un train de vie très confortables, donc j’ai demandé à mes avocats de briser le contrat, quitte à dépenser des millions de dollars. Et donc après ça, le premier album qui est sorti fut Slide It In qui s’est vendu à 9 ou 10 millions d’exemplaires, ce qui est fou et c’est ce que je voulais depuis le début, avoir du succès et sortir des super morceaux, et surtout créer quelque chose d’électrisant, je voulais être encore plus grand dans ma musique et dans l’image que je représentais. Cozy Powell (ndlr : batteur sur Slide It In) était un grand musicien, tout comme John Lord (ndlr : claviériste sur l’album) et avec de tels musiciens je devais être plus grand que ce soit dans mon personnage et surtout dans mon chant, pas en terme de succès mais en tant que musicien essentiellement. J’ai adoré les idées que j’ai pu avoir à l’époque, avec le soutien de certains de mes collègues, mais j’ai voulu faire quelque chose d’encore nouveau et ne pas rester dans la facilité. Nous sommes très fiers d'avoir produit cet objet de collection, en espérant qu'il réjouira ceux qui nous suivent depuis nos débuts. Nous envisageons de faire une édition semblable pour Slip of the Tongue; c’est incroyable la montagne d’archives qu’il y a de l’époque, et on pioche dedans pour être sûr que cette collection soit pour les vrais fans « hardcore ». Tu sais, je suis très attentivement ce qui se passe sur les réseaux sociaux, et les fans peuvent nous dire immédiatement ce qu’ils apprécient ou pas, ce qui est très constructif et nous aide dans nos choix futurs. Je remercie Dieu de me donner cette vie, de m’avoir donné un mariage solide et rempli d’amour, de me permettre d’être toujours soutenu par les fans, de pouvoir travailler en studio sur mes chansons, et actuellement de travailler sur la prochaine tournée … tout ça est très spécial pour moi et j’en suis très heureux.

En effet, vous avez prévu de tourner en Europe jusqu’à mi-juillet pour la promotion de Flesh & Blood, mais qu’avez-vous donc programmé après cette tournée ?

Nous allons jouer en Angleterre au festival Download c’est vrai, après je ne peux rien dire de plus à propos de notre tournée en Grande-Bretagne, mais ensuite nous allons très probablement nous produire en Amérique du Sud ainsi qu’au Japon pour promouvoir l’album. Pour le moment rien n’est programmé complètement, nous attendons de voir si l’album sera assez fort et bien reçu par le public, mais nous espérons tourner dans le monde pour la promotion de cet album pendant deux ans. Tout ceci demande beaucoup de mise en forme avant de débuter une telle aventure, c’est pourquoi nous sommes en train de se préparer très sérieusement avant notre premier concert qui aura lieu le 12 avril, nous avons hâte d’être à cette date, et j’espère te voir au Hellfest !

Tu peux compter sur moi ! Merci pour cet entretien, et à très bientôt. 

Entretien téléphonique réalisé le 8 mars 2019. 



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