Lors du Cernunnos Pagan Fest, nous avons pu interviewer les trois membres permanents du groupe de pagan metal suédois Månegarm, juste avant leur concert et la sortie de leur album Fornaldarsagor. Voici ce que les trois compères nous ont dévoilé de leur album et du Månegarm Open Air qui se tiendra les 23 et 24 août prochain à Norrtälje, leur ville natale.
Eloïse : C’est la seconde fois que vous venez jouer au Cernunnos Pagan Fest. Êtes-vous heureux d’être ici ?
Markus : Oui. En plus, c’est un meilleur endroit que celui dans lequel nous avons joué la dernière fois. C’était à la Machine du Moulin Rouge, en plein centre de Paris. Je préfère vraiment ce lieu, qui est ouvert contrairement à la petite salle dans laquelle le festival se déroulait avant.
Erik : En fait, je crois que pour un festival de musique pagan et viking cet endroit est bien mieux qu’une grande ville. Je dois dire aussi qu’on est vraiment super heureux de revenir jouer en France. Le public est toujours génial. On a toujours un super contact avec les gens ici.
Eloïse : Votre nouvel album Fornaldarsagor sort le 26 avril [deux mois avant l'interview, ndlr]. Et pour cet album vous avez décidé de poster sur Facebook toutes les paroles des chansons ainsi que leur traduction et les sources que vous avez utilisées pour les écrire. Est-ce que c’est important pour vous que vos auditeurs comprennent ce qu’ils écoutent ?
Jacob : Oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous le faisons. Toutes les paroles sont en suédois, donc c’est important qu’il y ait une traduction, une illustration et quelques explications pour que les gens comprennent. Et puis, faire découvrir une nouvelle chanson toutes les semaines avant la sortie de notre album nous permet également de le promouvoir. Cela nous permet d’attiser la curiosité des gens qui nous suivent.
Erik : Pour moi il y a également une troisième raison. Jacob a écrit de très belles paroles qui content de très belles histoires. Et je pense que c’est important que les gens puissent les comprendre et prendre part à ces histoires. Et pour cela il n’y pas de meilleur moyen que d’accompagner ces paroles d’une illustration, d’une traduction et de quelques explications.
Eloïse : Toutes vos chansons sont basées sur différentes sagas, et pour certaines vous avez aussi apporté votre propre interprétation de ces sagas. Est-ce que c’est aussi important pour vous que les gens découvrent votre culture et les sources que vous avez utilisées pour écrire ces paroles ?
Markus : Oula… ça c’est une question pour Jacob.
Jacob : Oui je crois que si je commence à répondre à cette question je vais être intarissable.
Erik : Ouais c’est lui le mec chiant du groupe.
[Markus et Erik explosent de rire.]
Eloïse : Ce n’est pas si chiant que ça ! Je pense qu’avoir plus d’informations sur les sources peut intéresser certaines personnes. En tout cas, pour ma part ça m’intéresse.
Erik : Non ? C’est pas vrai !
Jacob : J’ai utilisé plusieurs sources pour écrire ces chansons qui viennent des Fornaldarsagor, qui est aussi le titre de l’album. En danois, ces sagas ont un autre nom. Mais ce sont des sagas qui n’ont pas été traduites et qui n’ont pas autant attiré l’attention que les sagas islandaises. Pour moi, puiser dans ces sources permet aussi de les mettre en lumière. Certaines d’entre-elles sont absolument fantastiques à lire et je les ai également utilisées comme sources pour ma thèse à l’université. En les étudiant, je me suis dit qu’elles étaient trop belles pour rester dans l’oubli. En fait, ces sagas ont été mises de côté. Donc cela m’a paru important de les faire connaître et de leur donner une nouvelle vie. Concernant les paroles des chansons, j’ai essayé de faire en sorte qu’elles soient le plus proches possibles des sagas originelles. Il n’y a qu’une seule chanson pour laquelle j’ai apporté mes propres interprétations. Bien sûr, il a fallu apporter quelques ajustements pour qu’elles s’adaptent à la musique mais en faisant en sorte que ceux-ci n’altèrent pas le sens des sagas. Les Fornaldarsagor ont été pour moi une belle source d’inspiration, et j’espère que cet album sera un moyen de ne pas les laisser dans l’oubli car comme je le disais, certaines n’ont même pas été traduites en suédois, danois ou norvégien moderne et encore moins en anglais. La plupart de ces sagas sont en vieux norrois. Cet album va de redécouvrir ces sagas avec une perspective plus moderne.
[Pendant ce temps, Markus, Erik et mon acolyte Lionel nous regardaient avec des yeux ronds d’incompréhension, tout en faisant des mimiques de mecs qui s’endorment et des commentaires du styles : « Merde… elle a vraiment l’air intéressée. Il faut l’arrêter tout de suite ! Ça va prendre des plombes !» Une fois l'explication de Jacob finie, ils ont tous trois éclaté de rire, comme soulagés.]
Pourquoi vous riez ? Ça m’intéresse vraiment ! J’en ai d’autres des questions comme ça. D’ailleurs … autre « question chiante » que je vais poser à Jacob du coup. Quelle est la saga que tu préfères ? Celle que tout le monde devrait lire ?
Jacob : Völsungasaga, je ne sais pas comment le traduire en anglais. Mais c’est une des sagas que je préfère car elle vient de la région d’où nous venons. Mais aussi parce qu’elle retrace vraiment le mode de vie d’antan.
Erik : Si je ne me trompe pas, la quatrième chanson de notre album est basée sur cette saga.
Eloïse : Est-ce qu’elle a été traduite en anglais ?
Jacob : Non je ne crois pas. En fait, elle a été racontée autrement, simplifiée. Il y a une tonne de traductions différentes en danois, suédois, norvégien, google traduction… Mais il y a une réelle absence de bonne traduction de cette saga. Il y a juste une bonne traduction récente d’un traducteur danois, mais rien en suédois ou en anglais de mon point de vue.
Eloïse : On a parlé des paroles, mais comment avez-vous travaillé ensemble sur cet album ?
Erik : On a travaillé sur cet album comme pour les deux précédents. Jacob nous propose l’idée directrice des chansons et on compose la musique autour de cette idée. On fait quelques démos, on apporte nos ajustements. On compose la musique en premier, puis les paroles…
Markus : J’ai un studio chez moi. Erik et moi enregistrons quelques démos. On ajoute les basses, les violons, tous les autres instruments et voix. Il n’y a pas de vraie batterie sur nos démos. Puis, quand nous allons au studio d’enregistrement pro, on enregistre la batterie, on fait le mixage.
Erik : En fait, quand on a les connaissances musicales, il est possible de pratiquement tout faire chez soi. Mais c’est un procédé plutôt lent et agréable. Nous prenons le temps qu’il nous faut, sans aucun stress.
Jacob : Oui, je crois qu’on a commencé à enregistrer les parties de batterie l’an dernier en février.
Lionel : Est-ce que ce nouvel album est plus folk ou black metal ?
Markus : C’est une bonne question. Cet album est très diversifié. On a des chansons très rapides. Des morceaux mid-tempo.
Erik : Oui, on a aussi des morceaux plus atmosphériques avec des voix féminines. D’autres qui ont un côté bien plus black mais avec des passages mélodiques. ‘’Hervors arv’’ est bien plus heavy metal. En résumé, nous couvrons un champ musical assez large.
Eloïse : Cette année, vous avez également un autre gros évènement qui vous attend. Le Månegarm Open Air qui aura lieu dans votre ville Norrtälje. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’organiser ce type d’évènement et comment le projet a-t-il vu le jour ?
Erik : En fait, cela fait des années que nous n’avons pas joué de concert chez nous. Et on s’est dit que ce serait cool d’organiser notre propre festival. On a commencé à vraiment y réfléchir il y a deux ans, puis on s’est lancé. On organise ce festival avec un très grand ami à nous. Il s’appelle Björn et il a déjà une grande expérience de ce type d’évènement et d’organisation. On a contacté pas mal d’amis pour jouer avec nous. Le line-up est prêt. On a encore quelques petites choses à voir. Mais je pense que ce sera un super évènement.
Eloïse : Et c’est comment d’organiser un festival, plutôt que d’y jouer ?
Erik : On n’en sait trop rien pour le moment ! Pour le moment, on a les groupes, le lieu… Mais on sait qu’il va falloir qu’on se mette vraiment à bosser sur cet évènement d’ici quelques temps, donc là on en profite un peu, et on ne sait pas encore si c’était une bonne idée de se lancer dans un truc pareil !
Jacob : Je pense qu’on va réussir à mener à bien ce que l’on a entrepris. De bons groupes vont venir jouer, ça va être sympa. Donc je ne m’inquiète pas trop.
Erik : Oui, nous avons déjà joué avec tous ces groupes que ce soit en salles ou sur des festivals. Et beaucoup d’entre eux sont devenus des amis. Je pense notamment aux membres d’Ereb Altor. Mais à chaque fois que l’on demandé à un groupe de rejoindre le line-up, il a dit oui très rapidement. Ça va vraiment être cool. Un peu comme une fête de famille.
Eloïse : Combien de personnes attendez-vous pour cet évènement ?
Markus : Pour le moment on a seulement des estimations. Au pire 500 personnes, au mieux 1000 ou un peu plus. On espère au moins avoir un nombre de participants dans cette fourchette-là.
Erik : Pour le moment, ça a l’air plutôt bien parti vu les retours sur la communication qu’on a lancée. Mais l’idée est surtout de faire du mieux que l’on peut. Et pour la seconde édition l’année suivante on s'améliorera. On doit bien partir de quelque part. Donc nous verrons bien ce que cela donne cet été.
Lionel : Quels groupes vous ont poussés à faire de la musique ?
Markus : Erik et moi avons commencé à faire de la musique ensemble quand on avait dix ans. A cette époque-là, j’écoutais beaucoup Mötley Crüe et Twisted Sister. On rêvait d’être des rock stars comme eux. Mais avec le temps on découvre de nouvelles influences.
Erik : C’était vraiment le bon temps. On était à la campagne. On passait notre temps à écouter Metallica et à essayer d’apprendre à jouer comme eux. Les groupes comme Metallica et Iron Maiden ont vraiment eu une grosse influence. De nos jours, je n’écoute pas du tout le genre de musique que nous faisons. Pour moi il y a un groupe, et là il faut m’écouter attentivement : Motörhead ! Que le rock’n’roll ne meure jamais !
Lionel : Donc ce soir tu vas entrer sur scène et nous dire : « We are Månegarm, and we’re here to kick your asses ! »
Erik : Ouais, pourquoi pas !
Interview : Eloïse Morisse et Lionel Born 666
Photos: Thomas Orlanth et Lionel Born 666
Membres du groupe présents:
Erik Grawsiö - Voix, basse
Markus Andé - Guitare
Jacob Hallegren – Batterie