Pour la sortie de son deuxième album Staying At Tamara's, George Ezra voit les choses en grand. Le sympathique Britannique, premier des ventes au Royaume-Uni et fort d'un succès fulgurant du haut de ses 25 ans, était de passage à Paris dans le cadre d'une tournée européenne. Récit d'une soirée musicale folk rock rafraîchissante, enthousiasmante et sans faute, qui a su ravir les fans français venus remplir le Zenith.
The Hot 8 Brass Band
Le Zénith s'emplit et s'échauffe avec la venue du groupe Hot 8 Brass Band, fanfare de cuivres venue de la Nouvelle Orléans en Louisiane. Ils sont huit sur scène pour un jam mêlant fanfare, hip-hop, funk et pur entertainment à l'américaine.
Les musiciens chantent ou rappent, dansent et jouent avec le public qui se prête volontiers au jeu. Il faut dire que leurs medleys énergiques et leur belle énergie incitent à danser, même si le son n'est pas très bon, les sonorités de la fanfare se perdant un peu dans le volume du Zenith ce soir.
George Ezra
Avant même de voir arriver George Ezra et ses musiciens, le public sait qu'il va vivre là une soirée particulière. Cela commence par un décor superbe avec de grandes écrans en forme de fenêtres sur tout le fond de scène, des plantes vertes, fauteuils et lampes complétant cette atmosphère cosy, avec une disposition de l'ensemble en arc de cercle. De l'inédit pour le Zénith d'être transformé ainsi en salon chaleureux où on s'imagine facilement converser avec des amis.
Nos amis d'un soir, à savoir les musiciens, prennent place sur tout le fond de la scène. Cette organisation inédite et équilibrée renforce l'impression d'être dans un cocon, une chaleur sympathique renforcée par la présence de cuivres en plus du clavier, du batteur, du bassiste et du second guitariste. C'est avec simplicité et humilité que George Ezra fait son entrée, entamant rapidement les premières notes de guitare de "Don't Matter Now" qu'il accompagne rapidement de sa voix chaude de baryton. Avec une belle énergie, il incite le public à chanter tandis que le clavieriste descend pour encourager le parterre à taper des mains et qu'un décor de paysages s'anime aux fenêtres.
Le son est excellent, et le public de se mettre à danser en reprenant en choeur les paroles de nombreux titres. La setlist est très équilibrée, George Ezra expliquant d'ailleurs, lors d'une des nombreuses interludes où il échange longuement avec son public, qu'il tient à jouer autant de chansons du nouvel album que de titres plus anciens... tout est relatif, les titres dits « anciens » datant de l'album Wanted On Voyage datant de 2014 ! C'est donc 9 titres du rythmé et récent Staying At Tamara's qui seront joués ce soir, contre huit morceaux du précédent opus.
En balayant ainsi sa discographie, George Ezra va montrer toute l'étendue de son talent et la variété des styles qu'il aime à manier. Cela passe bien sûr par des morceaux pop très festifs comme "Get Away" ou "Paradise", qui sont l'occasion de faire chanter de joyeux refrains au public qui s'exécute de bon c(h)oeur. On danse un peu partout dans la fosse mais aussi dans les gradins, pris par la chaude ambiance de la musique, par les animations colorées du backdrop, et aussi par le dynamisme de George Ezra qui arpente la scène et ne ménage pas ses efforts pour communiquer avec ses fans et bouger un maximum, même avec sa guitare. Il n'a de cesse d'expliquer l'historique des morceaux joués, sans prétention aucune, mais avec un talent de narration indéniable. Drôle, émouvant, curieux ou naïf, George Ezra se livre sur ses expériences, ses voyages et ses souvenirs, en apportant au public un éclairage précieux et intense sur les émotions associées aux morceaux interprétés ce soir.
D'autres sonorités s'invitent sur le set, avec par exemple un surprenant groove et un rythme africain venant agrémenter le son folk du titre "Sugarcoat", qui évoque l'Afrique du Sud, conclu par un solo de maître de la saxophoniste. Comme pour un exercice de styles maîtrisé à la perfection, l'ambiance se fait également tantôt jazzy et retro sur "Listen To The Man", tantôt blues pour le gospel entamé a capella "Did You Hear The Rain ?".
C'est dans le rock, là aussi décliné sous toutes ses formes, que l'on va trouver les morceaux les plus intéressants de la soirée. Avec "Song 6", le son évoquant les années 80 fait mouche, les torches de téléphones font s'illuminer les gradins pour un moment intense. Le titre "Saviour", issu du nouvel album, se détache par son identité rock affirmée, des guitares plus puissantes et une liigne vocale très séduisante, la voix chaude de George Ezra étant accompagnée par de belles harmonies des différents musiciens présents autour de lui.
Le moment privilégié touche à sa fin quand retentit le très attendu "Budapest" qui a propulsé le Britannique au sommet des charts il y a 5 ans. Loin d'avoir l'air blasé, il semble comblé quand le public reprend les paroles de cette chanson emblématique. L'orchestre est présenté et tout le monde quitte la scène avant le rappel qui va achever en beauté la soirée : "Cassy O'", hymne country, fleure bon le rock à l'américaine, et voici l'inévitable "Shotgun", ultime occasion pour le parterre parisien de s'époumonner en sautant et en dansant.
On a peine à croire que l'artiste polyvalent et talentueux qui vient de faire l'unanimité au Zenith grâce à un show impeccable et une maturité impressionnante, n'a que 25 ans... Un moment de fraîcheur et de dynamisme pour une belle soirée d'où le public repart un large sourire aux lèvres, preuve que la place de George Ezra en haut des charts est largement méritée.
Setlist George Ezra :
- Don't Matter Now
- Get Away
- Barcelona
- Pretty Shining People
- Listen To The Man
- Saviour
- Did You Hear The Rain ?
- Paradise
- Song 6
- Hold My Girl
- Leaving It Up To You
- Sugarcoat
- All My Love
- Blame It On Me
- Budapest
- Cassy O'
- Shotgun
Photograhies : Florentine Pautet 2019. Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe.