Thom J.S., leader de Towering

Alors que Towering, prometteuse formation de blackened death metal signée chez Dolorem Records sort son premier méfait, Obscuring Manifestation, nous avons souhaité en savoir un peu plus sur le quatuor. Thom J.S., leader du combo, s'est alors emparé de son clavier pour répondre à nos questions. 

Bonjour et merci à vous de nous accorder cet entretien pour La Grosse Radio. Avant de parler d’Obscuring Manifestation, votre premier opus à paraître, pourriez vous présenter Towering ? Dans quel cadre vous êtes vous rencontrés ? La direction artistique du groupe était-elle claire dès le départ ?

Salut à vous et aux lecteurs ! La formation de Towering remonte à 2014 après que j'aie commencé à composer des titres de death old school, qui ont abouti par la suite à notre première démo. J'ai alors cherché des personnes pour monter ce projet, et par le biais de connaissances, Christnacht (guitare) a pu écouter ces titres et me rejoindre. De là le projet fut officiellement lancé avec l'arrivée de Wargod à la batterie, qui nous a permis de commencer les répètes et la composition de nouveaux morceaux. Après plusieurs mois de recherches, Necrovorator nous a rejoint en 2015 pour finaliser le line-up et enregistrer notre démo sortie en mars 2016. Cette première formation était  placée sous le signe du death old school, mais a depuis évolué musicalement et pris sa forme finale avec le départ de Wargod, remplacé par Mortem à la batterie début 2017. Nos influences diverses au sein même du groupe ainsi que notre volonté de repousser nos limites se retrouvent sur ce premier album plus marqué et abouti que nos démos.

Obscuring Manifestation est donc votre premier opus et fait suite à deux démos. D’ailleurs, « The Calling » et « The Poison of Man » étaient déjà présentes sur ces démos. Etait-ce nécessaire pour vous de laisser ces compositions prendre de la maturité ?

C'était effectivement un choix que de garder "The Calling" sur l'album après un travail de ré-arrangement dessus. Concernant "The Poison of Man", nous l'avons dévoilé en format 'single' pour marquer le début notre collaboration avec notre label Dolorem Records. Ce promo CD fut important pour nous, nous permettant de révéler l'évolution musicale du groupe avant la sortie de l'album.

A quelle période ont été composées les autres chansons de l’album ?

Certains titres de l'album comme "Growing Seed of Agony" remontent jusqu'à la première formation de Towering, mais ont été profondément retravaillés afin de correspondre à la direction actuelle du groupe. Ces titres étaient alors moins aboutis et ne dégagaient pas l'ambiance que nous recherchons aujourd'hui, mais après ce lourd travail nous sommes parvenus à les inscrire dans un ensemble homogène et cohérent.

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Obscuring Manifestation présente des titres globalement longs, "One with the Black Earth" atteignant d’ailleurs les huit minutes, ce qui reste assez rare pour le style. Etait-ce nécessaire pour vous de ne pas vous imposer la moindre limite ?

Tout à fait. L'écriture de Towering a toujours évolué et évolue encore aujourd'hui. Nous ne cherchons pas forcément à faire toujours plus technique et plus rapide, mais plutôt à nous retrouver dans une écriture plus profonde et recherchée, portée sur les ambiances et l'énergie. C'est pourquoi les titres les plus 'récents' comme "One With the Black Earth" sont plus longs et plus travaillés. Et les suivants le seront d'autant plus !

Towering oscille entre inspirations black metal et riffing death,  ou l’inverse suivant les titres et les ambiances. Qu’elle était l’envie initiale lorsque vous vous êtes lancés dans la composition ?

Au fil du temps l'écriture de Towering s'est orientée vers des ambiances plus sombres et pesantes, et moins sur les aspects old school. Même si nous ne renions pas nos racines et apprécions toujours fortement le genre, l'objectif sur l'album était de nous rapprocher d'une interprétation plus sombre, travaillée et personnelle du death metal. Ceci est en outre le résultat des goûts musicaux des membres très variés, et c'est cette richesse qui nous a permis de ne nous fixer aucune limite dans notre recherche.

D’ailleurs, votre musique me fait penser à des groupes tels qu’Otargos ou Arkhon Infaustus qui mixent ces deux styles, black et death, brillamment en apportant l’énergie du death et le côté sale du black . A propos d’Arkhon Infaustus, il s’avère que vous avez enregistré avec Andrew Guillotin qui a également bossé avec eux… Etait-ce conscient ?

En tout cas pas à la base, car nous sommes arrivés au Hybreed Studios en premier lieu pour les répétitions, à l'époque où notre démo n'était pas encore sortie. Avec l'évolution du groupe et l'arrivée de l'album, l'approche et la patte d'Andrew nous ont parues en total accord avec ce que nous recherchions comme son pour Obscuring Manifestation. Nous lui avons alors confié le son pour le titre "In the Void" qui apparaît sur le deuxième volet de l'excellente compilation We Are French, Fuck You!. Son travail sur le titre fut excellent, et il était alors clair pour nous que nous devions lui confier le son de l'album. Et nous sommes très contents du résultat !

D'autre part, le titre "A Ritual of Descent" et le final d' "Obscuring Manifestation" ont une couleur doom qui me fait penser aux Havrais de Kaabalh, également signés chez Dolorem. Est-ce important pour vous de varier les tempi, entre blast et passages plus doom ?

Tout à fait. Il est primordial pour nous de ne pas tomber dans la linéarité et la répétition outrancière. Comme dit plus haut notre recherche musicale s'effectue sans barrières imposées, il est donc important de ne pas mettre de frein à nos élans en renonçant à telle ou telle couleur qui ne respecterait pas les codes et les clichés du genre. Ces variations sont également ce qui nous permet d'exprimer des ambiances plus sombres et introspectives, là où les passages plus rapides imposent une intensité qui nous est chère.

Dans le livret de l’album et sur les communiqués du label, Dolorem, vous arborez des pseudonymes en lieu et place de vos vrais noms. Pourquoi ce choix ? Cela vient-il de votre goût pour le black metal où cette pratique est plus répandue que dans le death ?

Ce n'est pas vraiment dans l'optique de se rapprocher d'un genre en particulier, mais plutôt car cela nous permet de mettre nos personnalités "réelles" et "quotidiennes" de côté en plaçant l'individuel en retrait, formant ainsi une entité cohérente.

L’artwork fait penser à la tour de Babel qui semble en flammes, ce que l’on suppose relié au nom de votre groupe. Est-ce un moyen pour vous de dénoncer une certaine idée d’une humanité mondialisée et ses dérives telles que nous les connaissons à l’heure actuelle ? C’est en tout cas ce qui me vient à l’esprit avec un titre tel que « Monuments to our End ». Qu’en est-il exactement ?

C'est effectivement une des interprétations que l'on peut en faire. Le nom du groupe ("imposant", "gigantesque") renvoie à quelque chose qui nous surplombe, nous domine et nous contemple, comme cette fameuse tour. Celle-ci peut alors représenter le résultat d'un concept façonné par l'Homme (comme notre société), issu d'un effort commun, mais qui n'est autre que notre propre perte. Nous sommes actuellement, à mon sens, les architectes de ce qui nous mènera à notre déclin, et indéniablement à notre fin. C'est en tout cas un des aspects abordés par nos paroles, mais d'autres, plus sombres et plus personnels, peuvent être représentés par cette tour.

Les photos promo qui accompagnent le livret et le digipack sont particulièrement soignées. Peut-on savoir dans quel lieu elles ont été shootées ?

Le shooting photo a eu lieu dans une magnifique carrière souterraine de gypse dans le massif de l'Hautil [à l'ouest de Paris, ndlr], un lieu que nous adorons pour son ambiance sombre et solennelle. C'est dans ce lieu que nous avons pu (re)trouver et assimiler de nombreux aspects qui se retrouvent sur l'album, et aujourd'hui au sein même du groupe. L'ayant découverte en pleine période de composition de l'album, cette carrière nous a apporté énormément d'inspiration aussi bien musicale que visuelle. Y prendre les photos nous a permis de faire revêtir à Obscuring Manifestation l'aspect visuel que nous recherchions.

Vous avez récemment partagé la scène avec Storm Upon the Masses, un autre combo de chez Dolorem et avez-même effectué votre première date hors de nos frontières avec un passage en Belgique. Quelle expérience c'était pour vous ?

Ce week-end fut incroyable, aussi bien musicalement qu'humainement. Enchaîner ces deux dates à Lille puis Gand deux jours de suite fut l'occasion pour nous de repousser nos limites d'intensité physique et musicale, en nous produisant aux côtés de groupes qui en font tout autant ! La symbolique de notre premier concert face à un public non francophone a marqué une étape extrêmement importante pour Towering, qui plus est lors d'une soirée incroyable dans des conditions très professionnelles. Ces deux shows furent un réel plaisir grâce à un public très réactif et des orgas soucieuses de nous offrir les conditions pour donner le maximum notre intensité !

Vous avez une date de prévue à Paris avec Otargos et Embryonic Cells en juin prochain. Quelles sont vos autres projets de scène dans les mois à venir ?

Une autre date très importante pour nous et pour le label se profile pour le mois d'octobre, mais je ne peux pas en dire plus pour l'instant ! Quoi qu'il arrive, l'objectif pour le reste de 2019 est de défendre notre album sur un maximum de dates dans le plus de villes possibles !

Quels sont les derniers groupes et / ou albums qui vont ont marqué dans la scène metal extrême et en dehors ?

Il serait difficile voire impossible de lister les découvertes et pépites de chacun, mais sans ordre particulier et pour tous les membres, je pourrais citer Azarath, Misþyrming, Zhrine, Emperor, Ulcerate, Dakhma, Absu, Amenra, The Kills, Judas Priest, Deafheaven, Throane...

Merci pour cette interview. Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs ?

Merci à tous d'avoir parcouru cette interview, et un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent !

Interview réalisée par mail en mai 2019.
Merci à Alex de Dolorem pour avoir permis cet entretien.
Photos promos : © DR Dolorem / Towering



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