Pour la troisième année consécutive (la première année était en simple festivalier), La Grosse Radio Reggae a posé ses valises dans la Drôme pendant deux jours à l’ERVA Festival.
Deux soirs de fête pour célébrer les cinq ans d’un “petit” festival qui monte, qui monte, et s’installe déjà dans le patrimoine des festivals régionaux à ne pas manquer pour les amateurs du genre.
Retour sur cet événement, entre chaleur et nébulosité.
Dès l’ouverture des portes, c’est le Dub Shepherds Sound qui prend les commandes de la soirée pour accueillir les premiers festivaliers.
Un Dub Corner bien trouvé, qui allait s’avérer être un point charnière de ce festival, un lieu de convergence de tous les amateurs du genre steppa, mais pas que…
Sur la Main Stage, tout s’annonce sous les meilleurs hospices avec Païaka. Nous pouvons même dire que ce fut la première claque du week end. C’est avec simplicité que les huit membres du groupe prennent place sur scène. Se ressent alors l’envie, l’excitation, le plaisir d’être là et d’offrir, de donner le meilleur à un public timide au début, mais qui adhère quelques instants plus tard à l’état d’esprit du groupe et ce qu’il dégage.
Païaka, c’est de l’authenticité. Avec ce “The Line Tour”, la formation Clermontoise se veut roots certes, mais pas seulement. Ils façonnent un reggae à leur sauce, teinté de jazz, avec un certain sens du groove, c’est à souligner.
Authentique, doublé de sincérité également, quand Martin Spellim s’adresse au public les yeux dans les yeux, une certaine atmosphère plane alors sur Anneyron. Le public se fait de plus en plus attentif à ce qu’il est en train de se passer. Il entre dans la danse avec “Take It (As It Is)”, donne de la voix sur “Old Man Say”, et lève la main comme un seul homme sur une version de “Like A Candle” à forte résonnance de cuivres.
Les musiciens parlons en un peu. Sur scène, les huit musiciens font preuve de justesse technique. Chacun à sa manière bâtit son groove, profitant pleinement du moment. Un bassiste survitaminé, bondissant, transpirant, un clavier amenant parfois quelques touches un peu plus aériennes, et un lead vocal “plein de sex appeal” (comme je l’ai entendu).
J’allais oublier la surprise du chef. Dans un coin de la scène, un percussionniste avec congas et pad électronique, qui va s’avérer avoir plus d’une corde à son arc, quand, sur le devant de la scène, il vient mash up le riddim avec un flow plus ragga, bien appuyé par sa voix grave.
Un vrai bon premier concert en ouverture avec Païaka. En inter-plateaux, comme durant tout ce week end, le Dub Shepherds reprends la main. La nuit est tombée sur Anneyron.
Le temps pour les techniciens d’oeuvrer sur la grande scène, et la soirée peut se poursuivre.
Après une introduction vitaminée de la part des musiciens, c’est Mr Pekah qui rentre en scène sur le titre “10 millions de glandeurs”. L’occasion pour lui faire de faire un medley, sélectionné parmi ses classiques. Celui que l’on croyait disparu dans différents méandres, est bien là, présent, debout, fidèle à lui-même. Le public, formant à présent une masse compacte ne s’y était pas trompé.
Bien soutenu par des musiciens de qualité, Pierpoljak a revisité ses classiques comme “Je sais pas jouer”, “Mama”, ou encore “Police”. Des titres connus de chacun. Faut dire qu’il fut un des premiers artistes hexagonaux à être connus médiatiquement. Mais c’est bien plus profond, chacune de ses chansons retraçant un parcours de vie.
Pierpoljak sur scène est bluffant, nous embarquant avec lui, nous plongeant dans les souvenirs. Un show bien rôdé qui a résonné comme vingt ans de turbulences scéniques.
Au vu de l’engouement du jeune public présent au premier rang, nous pouvons considérer que Pierpoljak n’était pas la seule attraction phare de cette première soirée. Nous assistons à un raz de marée déchaîné quand Rakoon investit la scène.
Certaines sont même prêtes à franchir les barrières pour toucher ce jeune prodige de l’électro, lui aussi est tout aussi hallucinant. Il sait faire jumper la foule en envoyant des grosses basses, juste de quoi mettre le public en transe.
Chose particulière, outre ses machines, Rakoon nous prouve qu’il est aussi un musicien de talent, ajoutant à son électro quelques riffs de guitare façon bluesman.
Rien de tel pour conclure une première soirée et emmener le public jusqu’au bout de la nuit.
Mais demain est un autre jour...
Crédit Photo: Sev Irie (S.B Photo)