En tournée depuis un moment pour son dernier album My Songs (constitué essentiellement de versions arrangées de plusieurs classiques issus de la discographie de Police et de celle de sa carrière solo), Sting était de retour en France cet automne avec pas mal de dates : Orléans, Lille, Grenoble, Nice, Bordeaux, Nantes, sans oublier Lyon et bien sûr Paris. Pour la couverture de ce double report, nous nous sommes rendus au Zénith de Nantes pour la partie rédaction et à la Halle Tony Garnier de Lyon pour la partie photographie. Si on est dans une configuration bien plus classique par rapport à la tournée précédente avec Shaggy, menu best-of oblige, on va voir que cette fin de tournée nous a quand-même réservé au moins une grosse surprise.
En effet, la stupéfaction est de mise dans la foule quand apparaît Sir Gordon Sumney affublé d’un long manteau cachant son bras gauche, plâtré et tenu dans une attelle. On comprend rapidement que le bassiste ne sera par la force des choses pas bassiste ce soir, mais seulement chanteur. Sting prend d’ailleurs immédiatement la parole en français avec ces mots : “je peux expliquer ça”, avant de nous raconter une malencontreuse blessure à l’épaule pendant la seconde partie de la tournée. Et plutôt qu’annuler les dates françaises et avec elles le reste des dates européennes, Sting a choisi de les maintenir dans une configuration légèrement différente en se contentant de poser sa voix sur l’ensemble des compositions.
Et c’est avec une présentation plutôt romancée de la genèse de “Roxanne”, inspirée par une affiche de Cyrano de Bergerac dans un hôtel parisien, que le concert s'ouvre. Sting captive la foule en racontant l’histoire de ce titre bien connu, histoire que beaucoup de monde connaît vraisemblablement déjà dans la foule d’ailleurs, puis la musique se lance et on découvre le classique dans une version très "lounge" et feutrée. Les rythmiques sont douces et discrètes, le piano de Kevon Webster omniprésent et se marie à merveille aux vocaux bien descendus d’une octave. Ça fonctionne toujours très bien avec ce titre, en lui donnant ce petit aspect crooner si délicieux. Quand arrive “Message In A Bottle”, on est en revanche bien dans le style rock. L’occasion de mesurer la technique de Nico Fiszman, remplaçant habilement Sting à la basse ce soir (les deux hommes sont habitués à collaborer ensemble). Une nouvelle fois, le mix est très propre, inaugurant du meilleur pour le reste du concert. Évidemment, blessure oblige, Sting est pour une fois presque statique sur scène et laisse ses musiciens faire le show, en particulier ses choristes Gene Noble et Melissa Musique (ça ne s’invente pas).
Après ces deux rejetons de la première heure, la setlist prend son envol et vient mettre à l’honneur pas mal de gros tubes de sa carrière solo : “If I Ever Lose My Faith”, première occasion pour Sting de faire des échanges avec le public, “Englishman In New York” et son ambiance si classe ou “Fields Of Gold”, tout en revenant régulièrement dans le registre de Police. L’artiste n’oublie ainsi pas “Every Little Thing She Does Is Magic” avec sa fin en bossa nova, l'incontournable "Every Breath You Take" et évidemment les deux "medley" Police/Bob Marley, “Walking On The Moon”/”Get Up, Stand Up” et “So Lonely”/”No Woman No Cry”. Sur ce dernier, mention spéciale au caméraman changeant de plan à chaque coup de baguette pendant le refrain, pour un effet épileptique garanti !
Dans cette setlist fleuve, les meilleurs moments restaient tout de même l’enchaînement “Brand New Day” (Shane Sager, impressionnant et pourtant si jeune, a mis tout le monde d’accord en reprenant les parties d'harmonica de Stevie Wonder), “Seven Days” et “Whenever I Say Your Name”, ce groove monstrueux et cet immense duo vocal entre Sting et Melissa. Sans oublier “Desert Rose”, et le rappel avec “King Of Pain” et “Russians”. En revanche on regrette le réglage du son batterie inadapté sur “Wrapped Around Your Finger”, avec bien trop de réverbération, et surtout ce titre bonus de 44/876, bien dispensable, principale ombre à un tableau autrement fort convaincant.
Malgré sa blessure, Sting était très en forme ce soir et ses acolytes également. La setlist était de grande qualité (et pas totalement classique) et le réglage sonore irréprochable pendant pratiquement tout le set. Alors évidemment on aurait préféré en plus voir Sting se dandiner en nous régalant avec son instrument, mais en l’état c’était déjà très nettement supérieur aux shows avec Shaggy, comme celui en clôture du festival Guitare En Scène 2018. À noter qu’à Lyon, les spectateurs ont également eu droit à un guest de choix : Ibrahim Maalouf.
Setlist :
Roxanne
Message In A Bottle
If I Ever Lose My Faith In You
Englishman In New York
If You Love Somebody, Set Them Free
Every Little Thing She Does Is Magic
Brand New Day
Seven Days
Whenever I Say Your Name
Fields Of Gold
If You Can’t Find Love
Shape Of My Heart
Wrapped Around Your Finger
Walking On The Moon/Get Up, Stand Up
So Lonely/No Woman, No Cry
Desert Rose
Every Breath You Take
Rappel :
King Of Pain
Russians
Fragile
Photos : Florentine Pautet, à la Halle Tony Garnier à Lyon.
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