C'est dans un Olympia affichant complet que nous entrons ce soir pour voir Wardruna accompagné par Dayazell. Le combo est là pour défendre son dernier album en date, Skald.
Dayazell
Sans surprise, l'Olympia est bondée, et la représentation de Wardruna y sera filmée. La plupart du public ne connait pas Dayazell mais tout le monde se place face à la scène pour découvrir le combo. Le quatuor, composé de trois hommes et d'une femme, monte sur scène et débute son set. L'atmosphère est calme et la voix de la chanteuse est douce. Le combo utilise divers instruments typiques de multiples cultures tels qu'un nyckelharpa (instrument suédois de musique traditionnel à cordes frottées) ou un tar ( instrument perse à cordes). La chanteuse est rapidement rejointe par le chant d'un autre membre du groupe et la découverte de l'univers du combo est plutôt belle.
Nous ne tardons pas à découvrir qu'il s'agit d'un groupe français mélangeant des influences scandinaves à des influences perses en passant par l'Égypte ou la Mongolie. Le mélange peut d'ailleurs paraître très étonnant mais il en ressort véritablement bien pensé et très beau. L'un des membres du groupe appuie les influences arabes avec l'utilisation d'une darbouka sur scène pendant que les autres chantent ou utilisent une flûte à bec.
On se rapproche de la fin du set et pour une première partie de Wardruna, le défi est réussi. Le groupe n'a que très rarement d'ouverture à ses concerts et Dayazell en est une très bonne.
Wardruna
Wardruna fait une entrée sur scène impressionnante aux alentours de 21h40. Deux personnes, lur en main, sont principalement visibles et accompagnés par un magnifique jeu de lumière : l’ombre des musiciens et de leurs instruments au mur. Les premières notes de "Tyr" résonnent et nous voici partis pour plus d'une heure de set. Le jeu de lumière très rouge reste globalement le même et on ne perçoit que très peu les musiciens. De temps à autre les couleurs affichées au dos de Wardruna nous donnent presque la sensation d'être en forêt. L'ambiance est tellement douce, la musique tellement belle qu'on n'oserait presque pas parler ou allumer son téléphone ne serait-ce qu'une minute.
D'un seul coup le jeu de lumière change, nous surprend et nous sort du calme où l'on était. Il marque les moments moins doux des titres de Wardruna. Einar alterne entre une voix puissante et une voix beaucoup plus rageante. On est définitivement transporté à travers les légendes nordiques et vikings. Le jeu de lumière avec les ombres reflétées au dos du groupe est toujours d'actualité et reste une très bonne idée pour ce set. Jusqu'à maintenant aucune chanson hormis "Voluspá" n'est jouée. Mais justement prenons le temps de parler de ce moment qui nous présente sûrement le plus beau morceau de Wardruna à voir en live. L'ensemble du groupe se met en retrait et Einar reste au devant. Il se retrouve seul à jouer et chanter "Voluspá" et on en profite pour entendre toute la puissance et la capacité de sa voix. Il n'y a plus qu'à fermer les yeux pour se retrouver en Norvège.
Après une aussi belle claque en live, on apprend par diverses personnes que Wardruna sera de retour en France sur le sol de Clisson à l'occasion du Hellfest 2020 ce qui donnera l'occasion de les revoir rapidement. En effet, le groupe passe très peu sur notre sol ce qui provoque très souvent des dates complètes. La chanteuse de Wardruna, Lindy Fay Hella, présente également une voix en pleine forme ainsi que de petites danses discrètes qui accompagnent le set. La qualité du concert et du son est aussi bonne que celle que l'on retrouve sur les albums studio. Aucun musicien ne commet de fausse note et on n'a pas vraiment l'envie que le set finisse.
Comme un grondement résonne dans la salle et les lumières restent toujours aussi sombres. Einar pendant ce temps fait de grands mouvements avec ses bras, il attire l'attention automatiquement sur lui. Il vit pleinement le concert sans compter ses multiples changements d'instruments (à noter qu'Einar utilise beaucoup d'instruments qu'il a fabriqué lui-même). Wardruna joue par la suite "Fehu" et "Odal" qui provoquent de forts applaudissements de la part du public, tellement le rendu est magnifique en live. On est tellement hypnotisé par ce qu'il se passe sur scène qu'on ne remarque presque pas que jusqu'à maintenant le groupe n'a pas adressé un seul mot au public.
Ce que Wardruna vient de nous offrir est tellement magnifique que le public frappe fort des mains ou des pieds pour que le groupe puisse continuer de jouer. On est même surpris par un rappel digne d'un réveil des Vikings puisque la fosse se met à hurler des cris guerriers de façon synchronisée. Les Norvégiens reviennent sur scène complètement émus et Einar nous dit qu'il est vraiment "content d'être là et de partager cette énergie". Il rajoute par la suite que la prochaine chanson "n'est pas par rapport au fait que ton ou tes dieux ou que même ta culture soit meilleure que la mienne" mais qu'elle est plutôt liée au fait que "la musique rapproche les gens". Il se met à parler encore longtemps avant de nous dire qu'il s'agit finalement "d'une chanson liée à ceux que l'on a perdus". A la fin du morceau Einar s'approche au plus possible du devant de la scène pour chanter seul les dernières notes, lumière juste sur lui. Wardruna remercie toute la salle en parcourant absolument toute la scène mais le public n'est absolument pas décidé à laisser le combo partir.
Le public se remet à applaudir du plus fort qu'il le peut quitte à refaire le fameux éveil des Vikings. Einar rigole et demande si c'est la façon des Français de demander une chanson supplémentaire. Il décide donc d'en chanter une en disant qu'il devrait peut être revenir plus souvent en France. Il prend la décision de nous jouer le poème "Snake Pit Poetry" avant de quitter pour de bon la scène sous risque de prendre du retard et d'énerver certaines personnes comme il le dit si bien. On repart littéralement sur les fesses après un tel concert et on a bien hâte de les revoir au Hellfest prochain.
Setlist :
Tyr
Wunjo
Bjarkan
Heimta Thurs
Thurs
Runaljod
Raido
Voluspá
Isa
UruR
Solringen
Dagr
Rotlaust tre fell
Fehu
NaudiR
Odal
Encore :
Helvegen
Encore 2 :
Snake Pit Poetry (Skaldic Version)
Photos : © Arnaud Dionisio.
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