« Le vrai est un moment du faux », tels furent les mots qui nous accueillirent au Bataclan en cette froide soirée de décembre. C'est après deux églises combles qu'Amenra s'attaque à cette mythique salle parisienne en compagnie des Parisiens Decline of The I. On vous raconte cette soirée émotionnellement puissante.
Decline of the I
"Je pense, donc je fuis".
Les lumières s'abaissent, le linge blanc ne cesse de répéter ces mots projetés "Le vrai est un moment du faux", et Decline of the I fait son entrée. Les toms de la batterie sont martyrisés, les riffs puissants et incisifs, le scream glace les os et nous transperce de part en part. On est face à une complainte malsaine et sordide, les images se succèdent et nous sommes captivés par la puissance que nous transmet le quartet parisien. Les riffs s'enchaînent, tantôt lancinants, tantôt incroyablement agressifs. Pendant quarante cinq minutes, nous sommes happés dans son monde sordide, aux relents presque spirituels. On pensera aux différentes images tournant en boucle sur le backdrop, tantôt des moines semblant condamner une femme, tantôt une femme étendue sur le sol d’une forêt lugubre. Decline of The I se sert de nos sens visuels à la perfection puisqu’on est captivé par une telle performance. En parlant de performance, le set se conclura par un long morceau durant lequel six danseurs viendront danser au rythme de ce dernier.
Decline of The I aura livré une performance notable de par sa mise en scène mais également de par les thèmes abordés. En effet, le groupe de post-black livre au travers de ses trois albums un triptyque sur les travaux du neurobiologiste français Henri Laborit qui mena des expériences sur les réactions de rats confrontés à des agressions. Ces expériences servent dans ces albums de point de départ pour évoquer à l’humanité dans son ensemble.
Setlist :
Mother and whore
Art or cancer
Enslaved by existence
Lower degree of god's might
Hexenface
Je pense donc je fuis
Le rouge le vide et le tordu
Amenra
Approchez, fidèles de l’église de Ra.
C’est après trente minutes de changement de plateau que les lumières s’éteignent à nouveau. Le set démarre dans un silence total, Colin H. van Eeckhout arrive, s’assied dos au public, et commence l’intro de « Boden ». Il est rejoint par son batteur Bjorn J. Lebon, la salle est hypnotisée et les musiciens arrivent au compte-goutte. La tension monte inlassablement, prête à exploser. C’est après deux longues minutes et sans aucun tir de sommation que les guitares, tonitruantes, explosent. C’est le déluge. Le Bataclan est noyé sous tant de puissance. En témoigne le film projeté derrière le musicien, plein de chaos, de forces inextricables de la nature qui s’entrechoquent.
Comme à son habitude Colin H. van Eeckhout passe la majeure partie du set dos au public, ce qui peut être déroutant au départ mais donne un on ne sait quoi de spirituel. Après le déluge orchestré par « Boden », la lancinante « Plus Près de toi » et son chant en partie français fait son entrée. On est subjugué par la capacité du groupe à nous accrocher et à nous hypnotiser. Le son est impeccable, chaque instrument s'entend parfaitement, les lumières quant à elles sont réglées au millimètre, elles battent le rythme inlassablement et nous empêchent définitivement de quitter les yeux de la scène. Le public est scotché et réagit vivement lorsque les premières notes de morceaux très appréciés comme « A Solitary Reign » ou « Razoreater » résonnent dans la salle.
Pendant près d’une heure et demie, la supplique délivrée par Amenra est poignante et nous touche en plein cœur. Presque deux ans après leur dernier passage dans la capitale (le 13 Janvier 2018 à la Gaité Lyrique), les adorateurs du culte de Ra livrent un spectacle de haute volée et c’est sans sommation que se conclura leur set avec « Silver Needle. Golden Nail ». Les musiciens s’en vont, et nous laissent avec ces simples mots, projetés sobrement sur ce linge blanc, témoignage de l’Humain, désabusé peut être, dans sa vaine quête de spiritualité, à la recherche d’une réponse :
« La tristesse durera toujours ». Amenra. La messe est dite.
Setlist :
Boden
Plus près de toi (Closer to You)
Razoreater
Thurifer et Clamor ad te Veniat
Diaken
A Solitary Reign
Nowena
.Terziele.tottedood
Am Kreuz
Silver Needle. Golden Nail
Crédit photos : Elie Lahoud Pinot (All Rights Reserved - Tous Droits Réservés)
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