Les Londoniens du BBC annoncent leur nouvel album pour le 17 janvier 2020, après une pause qui durait depuis 2016. Ils étaient en effet partis un peu tous de leur côté faire de belles choses ailleurs : le meneur du groupe Jack Steadman a entamé un nouveau projet jazzy, Mr Jukes ; le bassiste Ed Nash et le batteur Suren de Saram ont créé Toothless, un projet de pop alternative ; et le guitariste Jamie MacColl s'est quant à lui consacré à rien de moins que passer un diplôme en stratégie des conflits, avant de produire un documentaire sur les chants de révolte pour la BBC (la chaîne de télé, pas le groupe, suivez un peu).
Fortement touchés par l'ambiance Brexit de leur pays, ils se sont finalement de nouveau réunis pour trouver du réconfort dans la musique, et transmettre ce réconfort à toutes les oreilles, qui y plaqueront l'apaisement pour leurs propres souffrances. C'est ce qui a donné naissance à Everything Else Has Gone Wrong, un album de 11 titres qui sonne comme une accolade réconfortante.
En guise d'introduction, "Get Up" réveille en douceur avec une ligne de cuivres persistante, qui fait arriver doucement les autres instruments à la suite, basses, synthés, pour venir grossir les rangs sonores et occuper tout l'espace et finir un parfait réveil sans violence.
Les autres morceaux traduisent aussi cette légèreté, comme un effleurement pour pas faire mal, une embrassade au son chantant des flûtes enveloppées de guitares chaleureuses, même si le ton s'alourdit un peu avec "Everything else has gone wrong", et puis touche au sucré-salé avec "Good Day". Les claps en fond, la sonorité genre boite à musique, tout cela donne un air faussement innocent aux paroles, comme si le souhait de simplement passer du bon temps était à ridiculiser avec le sceau d'absence de sérieux.
"Eat, Sleep, Wake" fait un peu écho à ce souhait : le refrain lancinant répété à l'envi donne une impression de répétition sans fin d'une vie sans sens. Et corollaire de cette vie inhumaine, le morceau "I Worry bout you" vient rassurer l'auditeur, lui expliquer avec des notes de chants guillerets sur fond de crissements métalliques (des machines à sous ?) qu'on se soucie de lui. Les cuivres qui fanfaronnent viennent enserrer comme un câlin auditif. Ne t'inquiète pas, on se soucie de toi, on prend soin de toi, la musique qui coule dans tes oreille est un remède aux temps de doute et d'incertitude dans ce monde tourmenté.
Ça continue avec des berceuses, un chant féminin et un son en forme de balançoire, pour s'endormir à la fin de tout ça apaisés, calmés.
Oui, la pop, c'est toujours une histoire d'amour, mais celle-ci est particulière, car elle ne relate pas les états d'âme de l'artiste mais constitue plutôt un chant d'amour pour son auditoire, et ça fait rudement du bien de se faire papouiller les oreilles comme ça.
Sortie le 17 janvier 2020 chez Caroline International