Après un E.P. très prometteur l’an passé, les jeunes toulousains sortent leur premier album. Ceylon est le fruit de la rencontre explosive entre la voix unique de Louise Holt et la guitare psychédélique de Tristan Chevalier. Un duo qui, en 2017 s’est transformé en groupe soudé avec l’arrivée de trois autres musiciens. L'écriture poétique de Louise, tantôt moderne et personnelle, tantôt empruntant les mots de Shakespeare – voire la personnalité de Hamlet - résonne en harmonie avec des compositions sinueuses et fiévreuses. Entre transe contemplative et rock psyché, "Où ça en est" nous emmène très très haut. Un voyage jamais ennuyeux pour autant, car maîtrisé, dirigé autant qu'instinctif. Aux antipodes de certains trips autocentrés de certains groupes oeuvrant dans la même voie. Six titres magiques, tellement riches et protéiformes, que l'on se félicite de leurs formats si longs et si bons…
Notre duo toulousain, qui compose de concert, ne dédaigne pas pour autant, tenir compte des résultats des séances de travail en groupe. C'est ainsi qu'est né le premier titre "Mon ami". Un morceau qui emprunte ses rimes fleuris à "Roméo et Juliette", deux vers émouvants à Cyrano de Bergerac, le tout mêlé à la prose de Louise. Un cocktail de sons chatoyants, de rythmes groovy, une belle entrée en matière, pour introduire les deux premiers morceaux bicéphales de cet opus. “Où le mal I” ou les vertiges de l’amour. La voix de Louise sur ce premier volet suit à merveille les volutes d’une mélodie aux accents de musique Elisabéthaine, qui flirte ensuite avec une déferlante de riffs et de rythmiques échevelées. “Où est le mal II”, son double - véritable supplique en forme d’excuse maladroite - fait baisser la moyenne en termes de pulsation, mais demeure sacrément entrainant.
Photo © Hellena Burchard
En quatrième position, "Le Cinq". "Le" morceau de bravoure de Tristan qui prend le lead vocal, dans la langue et la musique de Jim Morrison, parvenant avec brio à dépasser le simple hommage aux Doors. Un "Cinq" singulier de par sa rythmique à cinq temps, là où la plupart des morceaux sont traditionnellement à quatre. Un choix qui illustre le propos de ce titre, en jouant sur le fait de ne pas savoir sur quel pied danser… Sur l’ouverture de “Hamlet Hollywood”, Louise monologue d’une voix enfantine et torturée, qui se fait limpide et cristalline, enflammée puis rageuse car entrainée par l'envolée bluesy rock de la guitare de Tristan… C’est sans doute sur ce titre en forme d'apothéose, qu'elle offre toute sa palette extraordinairement large de son chant. Elle fait plus qu'interpréter le Prince du Danemark, elle "est" Hamlet se coulant au sens théâtral du terme dans le rôle et elle le prouve encore plus sur la deuxième phase de ce dytique "Hamlet Roi".
Ceylon :
Louise au chant, Tristan à la guitare, Pierre-Jean à la basse, Lucas à la guitare et Sacha à la batterie
Sortie le 24 janvier chez Fauchage Collectif / La Couveuse
Date parisienne le 13 mars au Point Ephémère
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