Sum 41 + Zebrahead au Zénith de Paris (17.01.20)

Depuis des années, Sum 41 est un groupe qui aime la France, laquelle le lui rend bien, et la formation canadienne passe très régulièrement dans nos contrées. Six mois après son passage au Hellfest, elle a prévu deux shows à Paris, un au Zénith et l’autre dans la salle plus intimiste des Etoiles. Malheureusement, ce dernier sera annulé, et les spectateurs présents au Zénith auront au moins eu la chance d’assister à ce concert-ci.

Zebrahead

La foule est déjà assez compacte pour la performance de Zebrahead. Le quintette déborde d’énergie, il en profite donc pour motiver le public. Un rôle qui revient essentiellement à Ali Tabatabaee, l’un des deux vocalistes, qui est d’ailleurs meilleur pour haranguer la foule que pour chanter. Non qu’il soit franchement mauvais, mais, en live du moins, on le sent assez limité du point de vue de la puissance, il n’est pas toujours juste, et ses interventions partent souvent sur un rap assez générique – d’accord, n’est pas Kendrick Lamar qui veut, mais quand même. Il compense cependant son chant assez brouillon par une surexcitation qui arrive assez bien à convaincre le public.

sum 41, order in decline, chuck, deryck whibley, dave baksh, cone mccaslin, zénith

L’autre chanteur, Matty Lewis, qui s’occupe aussi de la guitare rythmique, est plus carré, même s’il n’exécute pas non plus des prouesses vocales hallucinantes, et les trois autres musiciens (Dan Palmer à la guitare lead, Ben Osmundson à la basse et Ed Udhus à la batterie) sont à l’avenant. Musicalement, le groupe joue un skate punk globalement bien exécuté, sans que ce soit non plus ni fantastique ni débordant d’originalité. Certains morceaux sortent cependant un peu du lot, avec des guitares plus agressives, une basse plus profonde et plus percutante, pour donner des morceaux qui envoient plus et se rapprocheraient presque des rythmiques et des sonorités du metal.

Pour occuper la scène, le groupe a plusieurs roadies (ou animateurs, ou potes complètement bourrés, on ne sait pas trop) en magnifiques costumes verts fluo du plus hideux effet, évoquant on ne sait trop quel reptile. Ils viennent se pavaner sur scène, font du stage diving sur une sorte de radeau pneumatique circulaire, et surtout s’occupent du bar que Zebrahead a fait installer sur scène et auquel les musiciens viennent régulièrement s’approvisionner. Ils feront même monter deux spectateurs pour venir profiter du bar – ce qui au passage donnera lieu à des commentaires d’assez mauvais goût de Tabatabaee, qui lance au jeune homme « no sex on stage », et à la jeune femme « only oral sex on stage »…

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Bref le concert suit son cours, pas déplaisant, le groupe demande le record du monde de slams pour un vigile qui l’aurait demandé en guise de cadeau d’anniversaire, parvient à faire sauter une bonne partie de la fosse sur l’un des derniers morceaux, et conclut avec « Anthem », un titre qui porte bien son nom puisqu’il est très efficace. Zebrahead achève ainsi un concert digne d’une bonne première partie, sans plus.

Setlist
•  America, Fuck Yeah
•  All My Friends Are Nobodies
•  Call Your Friends
•  The Perfect Crime
•  Drink Drink
•  Save Your Breath
•  Mike Dexter Is a God, Mike Dexter Is a Role Model, Mike Dexter Is an Asshole
•  Who Brings a Knife to a Gunfight?
•  Falling Apart
•  Anthem

Sum 41

La salle s’est encore remplie et est désormais pleine. La sono balance des titres de metal, preuve une fois de plus que les Canadiens restent très liés à cette scène en dépit d’une catégorisation en pop punk. Dans la salle, ce qui est étonnant à chaque concert, c’est que se croisent aussi bien des fans de la première heure qui ont dépassé la quarantaine que des ados qui n’étaient pas nés lors des premiers opus, ce qui n’empêche pas tout le monde de partager la même impatience.

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Finalement, les lumières s’éteignent et le quintette apparait sur scène pour entamer les hostilités avec « Turning Away », chanson d’ouverture du récent dernier album, Order In Decline. Ce disque ayant réussi à mélanger les différentes périodes du passé, le présent et peut-être le futur de la formation canadienne, il est logique qu’il ouvre le concert, d’autant que le morceau a toutes les qualités pour s’imposer en live. Et effectivement, d’emblée, Sum 41 met les choses au point, les musiciens sont carrés, l’introduction est une réussite, et il n’en faut pas plus pour que la foule se déchaine.

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S’ensuit « The Hell Song », l’un des (nombreux) classiques du groupe, et la folie monte d’un cran, la majeure partie du Zénith connaissant les paroles par cœur et les hurlant à s’en arracher les cordes vocales. Phénomène qui se reproduit sur tous les titres un peu anciens du groupe, mais quand tous vos voisins n’ont pas le sens de la justesse, cela peut s’avérer hasardeux auditivement.

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Qu’importe, le groupe est visiblement heureux d’être là et assure un show carré. Cela ressemble à un énorme best-of. Order In Decline tient le haut du pavé avec six titres, et prouve que ses morceaux, qui font de grosses incursions dans le metal, sont taillés pour le live et que leurs auteurs savent parfaitement leur rendre justice. Il semble même que Sum 41 reprenne un obscur groupe de thrash avec un morceau particulièrement rapide, virulent et délectable, mais après vérification, il s’agit d’une version sous stéroïde de « The People Vs », issu du dernier album. Les anciennes chansons sont cependant loin d’être oubliées : à peu près tous les classiques y passent, notamment de Chuck, qui fête ses quinze ans, et aucun album n’est oublié, pas même le premier EP Half Hour Of Power – qui lui a vingt ans d’âge.

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Les musiciens sont tous efficaces, sans non plus se lancer dans des démonstrations incessantes de virtuosité. Le chanteur - guitariste Deryck Whibley semble parfois superflu à la guitare, ce qui est souvent le problème des groupes dont un guitariste historique part, est remplacé, puis revient aux côtés des autres : on se retrouve avec trois guitares, qui, si elles apportent de la puissance au morceau, ne sont pas toujours indispensables. C’est d’ailleurs pour cela qu’il préfère parfois se débarrasser de son instrument pour aller courir sur le devant de la scène, pour la plus grande joie des premiers rangs. Il se fait beaucoup plus remarquer au chant, et même s’il accuse parfois une légère fatigue vocale et que son timbre est toujours incongru avec les morceaux se rapprochant le plus du metal, il reste extrêmement efficace dans ce domaine.

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Entre deux morceaux, il parle beaucoup avec le public, fait sauter, pogoter, circle piter une bonne partie de la fosse, et fait éteindre toutes les lumières pour illuminer la salle uniquement avec les téléphones des spectateurs – on se croirait alors en plein jour. Et trouve une utilité indispensable à sa guitare sur « Underclass Hero » en se servant du manche pour éclater les ballons géants lancés dans la salle et qui reviennent sur scène…

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Chez les quatre autres, si Cone McCaslin reste relativement discret à la basse, Tom Thacker et surtout Dave Baksh se font ponctuellement remarquer sur des soli de guitare qui prouvent qu’ils sont capables de jouer des passages beaucoup plus techniques quand ils s’en donnent les moyens. Mais c’est surtout le batteur Frank Zummo, surplombant ses comparses, qui impressionne par sa force de frappe, dominant souvent les morceaux. C’est le traditionnel diptyque « Fat Lip » / « Still Waiting » qui conclut la première partie des échanges et sont suivis de hurlements jusqu’à ce que le groupe revienne pour le rappel. Sa version ultra agitée de « We Will Rock You » de Queen a de quoi exciter encore plus le pogo, suivie par le très pop punk « In Too Deep », incontournable de ses setlists. Alors qu’on attendait « Pain For Pleasure », parodie metal qui conclut généralement les concerts, Whibley s’installe au piano et annonce un morceau qu’il ne devait pas jouer parce que sa voix fait des siennes, mais qu’il va jouer quand même… Ce qui n’est pas franchement la meilleure façon de terminer le concert : l’interprétation n’est pas plus inspirée que la composition même de ce titre du dernier album, assez insipide, comme la plupart des ballades de Sum 41 à l’exception de « With Me » et « Pieces ».

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Drôle de façon de terminer un concert par ailleurs maîtrisé et survitaminé, mais cela n’annule pas l’effet du reste du concert sur le public qui repart euphorique, à l’exception des nombreux pogoteurs ayant perdu téléphone ou lunettes. Vingt ans après ses débuts, le groupe fait toujours le même effet sur ses fans, quel que soit leur âge.

Setlist
•  Turning Away
•  The Hell Song
•  Motivation
•  The Bitter End
•  Over My Head (Better Off Dead)
•  We're All to Blame
•  War
•  Out for Blood
•  The New Sensation
•  Walking Disaster
•  With Me
•  No Reason
•  Fake My Own Death
•  A Death in the Family
•  Screaming Bloody Murder
•  Underclass Hero
•  Pieces
•  The People Vs…
•  Makes No Difference
•  Fat Lip
•  Still Waiting
•  •  Rappel :
•  We Will Rock You
•  In Too Deep
•  Never There

Photo : Marjorie Coulin. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe



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