Après trois semaines de confinement, vous avez fait le tour de votre cédéthèque et de vos favoris sur toutes les plateformes de streaming et vous tournez en rond musicalement ? Desolation Blue, de Buffalo Summer, trouvera peut-être grâce à vos yeux. Si l’originalité n’est clairement pas au rendez-vous, le groupe fait preuve d’une efficacité indéniable et devrait au moins apporter de la bonne humeur à ses auditeurs.
Buffalo Summer, actif depuis 2010, a déjà sorti deux albums qui, s’ils n’étaient pas mauvais, restaient relativement anecdotiques. Le même verdict attend ce Desolation Blue : il reprend le même mélange de rock sudiste, rock FM, blues, influences hard-rock, sans apporter grand-chose à ses deux prédécesseurs ni vraiment renouveler le genre, qui déborde de groupes plus ou moins pérennes depuis des décennies.
Néanmoins, si l’on n’est pas à la recherche du chef d’œuvre de l’année mais d’un album agréable pour passer le temps, ce disque fera tout à fait l’affaire. Le quatuor, gallois mais dont le son sonne terriblement américain est tout à fait efficace dans son domaine. Il maîtrise bien le genre dans lequel il officie, et on peut se réjouir d’entendre un album où les guitares sont vraiment mises en avant, à l’heure où nombre de groupes de rock les mettent de côté sans proposer quelque chose de plus innovant pour les remplacer.
Les soli de Jonny Williams sont corrects et bien exécutés, bien qu’ils ne soient la plupart du temps pas vraiment mémorables. L’énergie est là, la section rythmique de Darren King (basse) et Gareth Hunt (batterie) fait le job sans en rajouter, et les trois instruments réunis s’emploient plutôt bien à recréer cette atmosphère bluesy sudiste si caractéristique (les guitares de « Hit the Ground Running », notamment, l’illustrent parfaitement). Le vocaliste Andrew Hunt a du potentiel, mais dans un genre où la voix joue un rôle d’identité important, il ne se démarque pas assez, et l’on a parfois l’impression d’avoir un Myles Kennedy de Ligue 2 croisé avec un chanteur d’un groupe de rock sudiste random.
Certains titres font vraiment dans le cliché et ne convaincront que les plus fervents adeptes du genre, surtout parmi les ballades, à tendance dégoulinante : les refrains de « The Mirror » ou de « When you Walk away », « Dark Valentine », « Untouchable ». Mais d’autres morceaux, sans être indispensables, attirent plus l’attention et restent plus en tête. « Hit the Ground Running » s’écoute comme un plaisir coupable aguicheur et festif quand « The Mirror », « When You Walk away » et « Last to Know » offrent des débuts intéressants avant de sombrer dans le trop convenu. « Everybody’s out for Number 1 » sait se faire entêtant et accrocheur, et « The Bitter End » utilise à bon escient des accords de guitare assez clichés pour un morceau qui fonctionne vraiment bien, avec une voix qui se fait soudain un peu plus suave.
Si l’album reste relativement dispensable, il communique une énergie et une bonne humeur communicative, incitant à s’agiter et à chanter à tue-tête, et par les temps qui courent, cela suffit à faire œuvre de salubrité publique.
Tracklist
1. The Power & The Greed
2. Hit The Ground Running
3. If Walls Could Speak
4. The Mirror 5. When You Walk Away
6. Last To Know
7. Dark Valentine
8. Deep Water
9. Everybody’s Out For Number 1
10. Untouchable
11. The Bitter End 1
2. Pilot Light
Sorti le 27 mars chez Silver Linning Music