Sabaton toujours en forme à l’Alhambra
Forts d’un nouvel album, Carolus Rex, et d’un nouveau line-up, les cinq musiciens de Sabaton reviennent visiter Paris après un an et demi d’absence, cette fois-ci dans une Alhambra pleine à craquer. Les suédois n’ont toujours pas failli à leur réputation d’excellent groupe de scène. Pour les accompagner sur la tournée Swedish Empire, deux groupes : Eluveitie et Wisdom.
Wisdom
La soirée est ouverte par Wisdom, groupe de power metal hongrois, qui sert au public pendant une bonne demi-heure six de ses titres, issus de leurs deux albums sortis à ce jour, Words Of Wisdom et Judas. Un morceau est issu de leur premier EP, Wisdom, il s’agit de "Strain Of Madness", qui conclue le set. Ces titres enchaînent mélodies et refrains typiques du genre, ce qui les rend prévisibles.
Côté performance scénique, le groupe montre qu’il est perfectible. On pourra pardonner le chanteur Gábor "Crossfader" Nagy pour sa piètre performance vocale, étant donné qu’il est malade. Le groupe annulera quelques dates par la suite pour lui laisser le temps de se reposer. Lui-même s’est excusé en début de concert. En revanche, le guitariste soliste Gábor Kovács se montre peu appliqué lors de ses interventions, ce qui est dommageable pour un genre qui voue une grande importance aux solos. Le son très approximatif n’ira pas dans le sens de Wisdom.
Le public ne se montre guère convaincu et restera sage pendant l’ensemble du set des hongrois. Des applaudissements polis se feront entendre entre les titres, mais le groupe n’arrive pas à convaincre suffisamment la foule pour la remuer.
Setlist :
Falling Away From Grace
Somewhere Alone
Live Forevermore
Take Our Soul
Wisdom
Strain of Madness
Eluveitie
Il est temps maintenant d’accueillir Eluveitie, groupe de folk metal suisse attendu par de nombreux spectateurs. Accueillis sous les applaudissements, les sept musiciens verront l’ensemble de la foule s’exciter et faire remuer la fosse de l’Alhambra dès "Helvetios", la première chanson jouée ce soir. L’album du même nom est d’ailleurs largement le plus représenté dans le set, car seulement trois chansons, dont le classique et très attendu "Inis Mona", n’en sont pas issues.
L’ambiance dans le public est à la fête, de nombreux fans sont présents et chantent les mélodies qu’ils connaissent par cœur, dont celle de l’air bien connu de "Luxtos", au cours duquel on peut entendre tout le monde entonner un "J’entends le loup, le renard et la belette" du plus bel effet.
Devant un tel accueil, le frontman Chrigel Glanzmann ne manque pas de remercier chaleureusement le public dans des interventions toutes en sobriété. Il s’amuse également à enseigner quelques mots de gaulois au public lutécien, comme "amène-moi une bière !". Les musiciens, plus discrets, affichent tout de même sourires mines enjouées.
Pourtant, si les musiciens, bien que peu mobiles, sont bien heureux de voir le public les apprécier, le son ne leur fait pas honneur. La trop forte présence de basses rendra la vielle d’Anna Murphy, pourtant importante dans les compositions d’Eluveitie, inaudible. Les différents instruments qu’utilise Chrigel Glanzmann ne seront pas non plus assez mis en avant.
Un concert qui aura été appréciable et qui montre qu’Eluveitie a toutes les chances de s’imposer en tête d’affiche, étant donné le nombre de fans venus pour les voir.
Setlist :
Prologue (Intro)
Helvetios
Luxtos
Neverland
Uxellodunon
A Rose for Epona
Divico
Inis Mona
Thousandfold
Alesia
The Uprising
Havoc
Epilogue (Outro)
SABATON
Bien chauffé par Eluveitie, le public guerrier est prêt à accueillir Sabaton qui vient cette fois promouvoir son dernier album en date, Carolus Rex. Après les intros désormais classiques que sont l’enchaînement de "The Final Countdown" d’Europe et "The March To War", le groupe montre qu’il n’a pas changé sa recette en conservant en titre d’entrée sur scène l’indispensable "Ghost Division".
Bien des choses ont été conservées pour Sabaton dans son approche de la scène. Ainsi, le chanteur Joakim Broden ne change pas ses chorégraphies et garde ses poses farfelues. En beau diable, il parcourt la scène de long en large, avec son gilet pare-balles et ses ray-ban de rigueur. Ses plaisanteries font toujours mouche et son contact est toujours aussi spontané avec le public. Le chanteur prend encore plus le public à partie qu’auparavant, en faisant choisir certains titres au public par un vote à main levée. Un concours de vitesse d’ingurgitation de bière est aussi de mise. Un vainqueur : Joakim Broden.
Cependant, tout n’est plus pareil dans la base de Sabaton. Les musiciens ont bien changé depuis leur dernier passage au Trabendo en 2011 : il ne reste à bord que le chanteur et le bassiste Par Sundström. A la batterie, Robban Bäck vient castagner ses tomes, pendant que la paire de guitaristes Chris Rörland et Tobbe Englund fusille le public de ses riffs guerriers et de ses solos dévastateurs. Un abonné absent : le clavier, remplacé par des samples, qui créé un réel vide sur scène, aussi bien sur le plan visuel que sur le plan auditif. Malgré le changement récent de line-up, l’ambiance sur scène est au beau fixe et chacun s’amuse avec le groupe. Chris Rörland précisera après le concert que les membres se connaissaient déjà avant d’intégrer le groupe, ce qui facilite les choses. Joakim mettra en avant le fait que chaque membre a bien été accueilli par l’ensemble des fans depuis le début de la tournée.
Si la bonne humeur et la bonne performance musicale sont de mise, le son n’est pas clément ce soir-là et les basses trop fortes desservent certains titres, particulièrement le rythmé "Poltava", qui avait pourtant tout d’un excellent titre de scène. L’absence de clavier enlève un aspect mélodique à la musique du groupe et permet ainsi de se rendre compte à quel point cet instrument prévaut dans les compositions.
Côté setlist, Carolus Rex est bien mis en avant avec six titres, dont un, "Karolinens bön" ("Carolean’s Prayer" en anglais), est chanté en suédois. The Art Of War est aussi bien présent avec quatre titres, dont l’indispensable "Cliffs of Gallipoli" repris en chœur par le public. Si les vieux albums ne sont pas les plus représentés, le groupe daignera jouer "Panzer Battalion" en fin de set, à la demande du public, comme lors des deux autres passages à Paris en tête d’affiche. Un autre titre old school est présent : la ballade "The Hammer Has Fallen", avec Joakim Broden qui s’assoit pour jouer du synthétiseur amené sur scène pour l'occasion.
Avec ce concert dans une Alhambra pleine comme un œuf, Sabaton a montré qu’il n’a pas perdu de sa capacité à donner d’excellents concerts. Malgré un son approximatif, le public était là pour entretenir une ambiance du feu de Dieu devant des musiciens ravis d’être présents et bien décidés à tout donner. Un groupe qui ne lasse pas.
Setlist :
The March To War (Intro)
Ghost Division
Gott Mit Uns
Poltava
White Death
Carolus Rex
Karolinens bön
40:1
Cliffs of Gallipoli
Uprising
The Lion From the North
The Hammer Has Fallen
Attero Dominatus
Rappel :
The Art of War
Primo Victoria
Panzer Battalion
Metal Crüe
Dead Soldier Waltz (outro)
Un Grand merci à Alexandre Wandel (Sabaton French Division) pour les photos.