Un mois et demi après la révélation de "Alphabet", premier titre inédit depuis la parution de son premier album Songs Of Praise en 2018, shame dévoile un nouveau morceau, "BiL," par la biais cette fois d'une captation live depuis l'Electric Brixton.
"Alphabet", qui devrait possiblement être le premier extrait d’un album à venir sur lequel on ne sait trop rien, avait déjà jeté les bases enthousiasmantes d’une honnête évolution du son du groupe ; le virage se confirme avec ce nouveau titre. Comme tout le monde, shame se met à l’électronique et balance des samples, mais parvient tout de même à y inoculer la sauvagerie nécessaire pour foudroyer sur place le public non averti. "BiL" est un titre dansant (la moitié des commentaires sous la vidéo contiennent les mots « Talking Heads ») et dément à la fois, entrecoupé de ralentissements malséants et suffocants. Le jeu du batteur Charlie Forbes, au passage, est à nouveau particulièrement fascinant ; les roulements maniaques et faussement aléatoires du premier single trouvent ici leur écho dans les fractures millimétrées, d’une précision informatique que la section rythmique orchestre comme autant de coups de pieds dans les tibias du badaud twistant sur le dance-floor.
Les images quant à elles prouvent, si besoin était, que shame est véritablement en train de devenir un très gros groupe, et devrait donc commencer à perdre ses premiers fans, étape importante dans la vie d’un artiste de premier plan. Le processus semble déjà bien avancé, puisque les Londoniens peuvent apparemment se permettre de débloquer deux cachets de plus pour deux musiciens, l’un aux machines, l’autre aux percussions – quand on paye quelqu’un pour jouer de la cloche et du tambourin c’est que les finances se portent bien. Si l’on pourra déplorer le fait que la production globale perd un peu en humanité, on pourra tout de même se réjouir du constat que shame n’a pas choisi de pioncer sur son magot, et continue de bosser dans la seule direction qui en vaille la peine, la sacro-sainte misison de botter des culs.
Crédits photo : Sam Alexander-Gregg