La sortie d'Horizon en 2018 a été un franc succès pour les Troyens d'Embryonic Cells. Succès critique et bel accueil de la part des fans, cet album a en effet permis au groupe de jouer au Hellfest et d'ouvrir pour Misanthrope. Pourtant, peu de temps après, Pierre Le Pape (claviers) annonçait sa volonté de quitter le groupe pour se concentrer sur son projet Melted Space. Malgré ce coup de massue, les Troyens reviennent moins de deux ans après Horizon avec un très bel album, dans la droite lignée de son prédécesseur.
"To Pay Our Share", le titre d'ouverture, permet immédiatement de se rendre compte que l'absence de claviers suite au départ de Pierre offre plus d'efficacité au black thrashisant des Troyens. Le chant de Max Beaulieu est également bien plus caverneux, plus polyvalent, évoluant ainsi au gré des ambiances dévoilées. A ce titre, le leader fait preuve de beaucoup de variation dans son chant, comme sur les passages clairs, presque gothiques (évoquant Paradise Lost), de "From the Shadows Into Day", d' "Alone I Fall" ou de "Devoid of Promise" ainsi que les parties hurlées sur ce dernier. On regrette toutefois un accent français très prononcé sur les parties claires du couplet de "From the Shadows into Day", élément malheureusement récurrent chez Embryonic Cells.
Point fort de l'album, le combo n'oublie jamais les mélodies accrocheuses qui faisaient sa force par le passé, comme le pont du titre d'ouverture où les claviers sont remplacés par des guitares arpégées en son clair du plus bel effet, ou la sublime introduction d'"Alone I Fall", assurément le meilleur titre de l'album, varié et accrocheur. Dans le haut du panier, le titre de clôture, "You're So Full of Fear", particulièrement épique avec ses choeurs inquiétants évoque "Across the Mountains", morceau progressif dévoilé par Embryonic Cells sur Horizon. Mélancolie, puissance et sentiment de voyage, voilà ce qui se distingue sur ce titre. On regrette seulement une fin trop abrupte, là où le pèlerinage vers les abysses aurait pu se poursuivre plus longtemps, et aurait permis de concurrencer "Across the Mountains".
La maturité entrevue sur Horizon se confirme ici avec ce cinquième album, à la production excellente. Débarrassé des claviers qui pouvaient parfois apporter un côté pompeux et singer Emperor, Embryonic Cells gagne en créativité avec cet espace de liberté dans le spectre sonore. Pour autant, le combo ne semble pas lever le pied, comme en témoigne l'agressivité d'un "Kill the Gods" et ses parties blastées de Djo, ou l'introduction puissante de "Devoid of Promise". L'efficacité semble également le mot d'ordre de "First Tear", qui cherche à s'inscrire dans la droite lignée d'un morceau comme "Azatoth", classique de la formation, à travers ses parties scandées. Malheureusement, bien qu'efficace, ce morceau n'atteint pas la qualité de son ainé.
Avec quarante minutes au compteur, Decline parvient à se hisser à la hauteur de son prédécesseur, à travers des titres inspirés et inspirants, variés sans être totalement exempts de légers défauts, que l'on pardonnera aisément au trio étant donné la qualité de son écriture. En somme, Decline est un bel exemple d'un groupe qui a su se relever du départ de l'un de ses membres et qui est tout sauf...sur le déclin.
Tracklist :
To Pay Our Share
Kill the Gods
Devoid of Promise
Alone I Fall
From the Shadows Into Day
First Tear
You're So Full of Fear
Sorti le 9 octobre chez MusicÖEye
Photographie promotionnelle : DR Embryonic Cells