Avec l'Express EP, découvrez cinq courtes galettes qui nous ont séduits ces derniers temps.
Pour cette dix-neuvième édition, vous pourrez découvrir Kurt137!, Lux Bas-Fonds, Speed Rock Machine, PUP et Blutlaitch.
Kurt137! - Les Terres Brûlées
Sortie le 31 octobre en autoproduction - par Thomas N
Il y a dans le groupe Kurt 137! cette volonté de perpétuer la flamme du Punk français imprudent et vindicatif des années 80 dont les seules paroles engagées faisaient mouche, sans compter les potards master et gain des amplis poussés au maximum dont bon nombre de fans peuvent attester de la perte de quelques points d’audition aux retours des rendez-vous scéniques aussi chahutés que festifs. Après quelques 650 concerts entre 88 et 92 et une reformation en 2015, Kurt 137! (initialement appelé Kurt) n’a rien perdu de son énergie. Les Terres Brûlées, mini galette de 6 titres déballe une musique accessible aux mélodies simples mais terriblement efficaces. Dans cette famille musicale ou l’on trouve Les Sheriff, Charge 69 ou Les Sales Majestés, le groupe toulousain Kurt 137! est tout à son aise en envoyant des titres comme « Camarade Humain » ou « Les Oiseaux de Proie ».
Parce que l’on ne fait du punk sans être engagé, le trio prend parti pour la cause animale et nos relations avec ces êtres souvent mal considérés. Une création directe avec la franchise qui caractérise le groupe et le milieu, voilà qui annonce dans un futur on l’espère proche, des pogos suintant la bière et la transpiration.
Lux Bas-Fonds – Amnésie Internationale
Sortie le 16 novembre en autoproduction - par Thomas N
Nous sommes là face à un groupe de vieux briscards, des musicos qui ont roulé leur bosse et traîné leurs guêtres durant des années sur les routes de France. A eux quatre et tout cumulé, les routards accumulent un siècle de vadrouille musicale, autant vous dire de suite que cette petite équipe bien délurée et totalement cabocharde a passé depuis longtemps son envie de jouer pour plaire. Par contre, elle n’a rien perdu au fil du temps de son envie de jouer fort et de dire avec des mots profonds ce qu’elle a dans son ventre.
Lux Bas-Fonds est un groupe de poètes libertaires, une musique systémique qui prend l’auditeur frontalement sans concessions pour faire passer son rock vindicatif et saisissant. « Amnésie Internationale » ou la chanson qui dépote d’entrée de jeu et cette voix ! Quelle voix rocailleuse et pénétrante qui imprègne tous les titres ! Mais attention, il n’y a pas que du riff gras qui bouscule sur cet EP de 5 titres, il y aussi beaucoup de délicatesse et des titres plus mesurés « Celui du jour » ou « Ni Deux Ni Maître » qui apportent cette subtile sensibilité à la musique et qui prouve aussi que derrière cette carapace d’hommes et de femme de caractère auvergnat se trouve cette finesse qui permet de faire passer son message.
The Twin Souls – II
Sortie le 27 novembre chez Smoky Sun Record / Archipel - par Thomas N
Quoi de plus naturel que de monter son groupe avec la personne avec laquelle on partage tout depuis tout petit ? Il allait de soi pour les deux frangins Martin et Guilhem, se connaissant sur les bouts de leurs doigts à ressaut et biberonnés à la même contagion musicale, que le partage de leur osmose harmonique serait tel. Pas de splits en série, de changement de line up ou de troubles de personnalité chers à toutes ces formations puisque celle-ci est une et unique. Leur Ep sobrement appelé II fait suite à leur première sortie l’année dernière The Twin Souls qui a fait mouche dans le microcosme du rock français vu le nombre de dates de concerts et festivals décrochées mais surtout grâce à sa fraîcheur et sa spontanéité.
Deuxième acte donc, pas le plus facile que de confirmer son potentiel et les attentes suscitées des premiers pas mais c’est sans compter que les deux complices qui sont musicalement ambidextres ne se sont pas laissés griser et ont gardé toute l’impétuosité de leur jeunesse mêlant pour autant une maturité et le recul nécessaire pour enchaîner une deuxième production de qualité. Les sonorités et l’esprit vintage marquent leur musique au fer, l’excellent titre « Ch Ch Chewa » nous entraîne directement dans une puissance émotionnelle et l’appétence pour The Beatles se retrouvent sur « Hey Hey » ou « Keep Keep ». Ces cinq titres précieux nous font l’honneur de bonifier le début de carrière partagée entre fougue et élégance de ces deux âmes proches. Un gros ¼ d’heure de musique qui nous pousse à rêver prochainement d’un album complet… parce que lorsque c’est bon, on aime que ça dure plus longtemps.
Speed Rock Machine - Speed Rock Machine
Sortie le 23 octobre en autoproduction - par Thomas N
Sortez vos cuirs poussiéreux, vos vestes à patchs et vos bandanas pour écouter Speed Rock Machine parce que ce groupe, à coup sûr, va vous donner l’envie d’assumer l’esprit rock ancré au fond de vous. Du bon hard rock déchirant dans la plus grande tradition des groupes dont on ne se lasse jamais avec cette même philosophie simple et indémodable de composer des morceaux qui vont à l’essentiel. D’un côté une rythmique d’accompagnement réglée au poil et inamovible, et de l’autre une voix forte entraînante et des solos virevoltants, voilà que faire du rock pour s’amuser est finalement beaucoup plus jouissif que tous ces groupes coincés qui se prennent au sérieux.
Cinq titres de pur bonheur avec l’incontournable « Dans mes veines » ou le très bon « Playing Rock’n’Roll » qui nous laissent deviner la rencontre entre deux groupes, Trust et AC/DC, pour n’en faire qu’un ! Bordel, on aime quand c’est chaud et que ça part dans tous les sens ! Speed Rock Machine et leur chanteur leader Jean-Patrick, véritable showman qui n’hésite pas sortir sa tronçonneuse sur scène comme Jekyl ou Mötley Crüe des débuts, excellent dans l‘interprétation théâtrale de leurs prestations live. Pas étonnant tout compte fait que ce bouillonnant groupe ait déjà partagé les scènes avec Vulcain ou Calvin Russel, on en redemande ! Oui oui ! pour montrer le chemin aux petits jeunes !
PUP - This Place Sucks Ass
Sortie le 20 octobre 2020 chez Little Dipper/Rise Rec - par Florentine Pautet
Deux ans après leur dernier album, Morbid Stuff, les canadiens de PUP nous délivrent là un EP qui ne fait que finalement résumer leur musique. Du punk américain, abrasif avec des mélodies solides et un chanteur qui crie sa colère avec un poil de nonchalance. C’est d’ailleurs intéressant de voir que le groupe change un peu de direction au niveau des paroles, ici on sent l’anxiété et le désarroi face à la crise sanitaire actuelle, leurs anciens projets étant relativement plus joyeux.
Au final, on ressent bien ce qu’on aime ressentir en écoutant ce genre de musique : on se reconnaît facilement lorsque PUP évoque les mauvaises relations, le fait de vouloir quitter à tout prix notre ville d’origine… Un EP qui s’écoute certes rapidement, mais dont on se serait bien passé étant donné que le groupe prévoit de sortir un album complet bientôt.
Blutlaich - Durch Den Spiegel Gehen
Sortie le 30 octobre - par Aude d
Les boites de nuit ont beau être fermées à peu près partout dans le monde, ce n’est pas une raison pour ne pas faire de la musique pour danser : si on ne peut pas sortir, autant pouvoir le faire chez soi. C’est peut-être ce que sont dit les Allemands Ken et Ryo Pike quand ils ont lancé leur nouveau projet, Blutlaich, qui a sorti fin octobre son premier EP.
Durch Den Spiegel Gehen mélange avec délectation electro tendance EDM, rock indus lorgnant sur le metal, gothique et dark wave, pour des chansons en anglais saupoudrées de passages en allemand. Les voix de Ken et Ryo Pike, qui ont quasiment tout fait sur l’EP, à l’exception de quelques voix additionnelles enregistrées par Thorsten Eligehausen, exhalent une certaine nostalgie froide et indicible, renvoyant à la new wave aussi bien qu’à la cold wave. Mais cette sensation est plus que contrebalancée par les multiples claviers qui donnent un son très dansant à l’ensemble, tout en s’aventurant du côté new wave, gothique ou encore indus. Sonorités indus particulièrement appuyées par des rythmiques très marquées, qu’il est cliché de qualifier de germanique, cet adjectif leur correspondant pourtant très bien.
Quelque part entre Rammstein, Sisters Of Mercy et Nine Inch Nails, Blutlaich signe donc un premier EP dansant et sombre à la fois, bande-son parfaite pour célébrer la fin du monde dans l’euphorie.