Après la petite déception qu’avait constituée V, l’album de leur retour, on espérait quand même que Karma to Burn allait relever la barre. C’est sûr que le trio est avant tout taillé pour la scène, mais il a aussi su nous prouver que son stoner rock instrumental pouvait passer comme une lettre à la poste sur disque. Avec Slight Reprise, le combo ne nous offre pas un nouvel album à proprement parler puisqu’il s’agit de revisiter le premier album éponyme (sorti en 1997) sur lequel leur maison de disques de l’époque les avaient obligés à prendre un chanteur. Etant parvenus à imposer leur formule, les musiciens nous proposent leur premier effort ré-arrangé et surtout débarrassé de chant, à l’exception de « Two Times », sur laquelle John Garcia fait une apparition. C’est donc une bonne occasion de redonner sa chance à un album trop vite oublié.
Je ne vais pas m'improviser expert, j’ai découvert Karma to Burn avec Wild wonderful Purgatory, le 2e album de 1999 sur lequel le trio jouait déjà de l’instrumental, et ne pourrais donc pas me livrer au petit jeu de la comparaison. En revanche, après V, c’est un euphémisme de dire que ça fait un bien fou de retrouver ces riffs massue, hypnotiques et poussiéreux. Forcément, avec des compos écrites en 1997, alors que le trio contribuait largement à la définition du son et de l’esprit stoner, on se replonge directement dans la musique et le son de l’époque. « Seven » est à ce titre un pur bonheur et est loin d'être la seule. Y a pas à dire, le stoner n’est que très rarement parvenu à se développer, la faute bien souvent à des groupes qui se sont contentés de pomper sans vergogne les glorieux aînés que furent Kyuss et Monster Magnet au lieu de faire leur propre truc en se contentant de s’inspirer d’eux. On n’a évidemment pas ce type de problèmes avec les Karma to Burn qui font partie des précurseurs et nous replongent la tête la première dans une vibe qui a globalement disparu.
Si le groupe a fait encore plus fort par la suite, on sent déjà un gros potentiel sur ces titres. Le trio développe un groove incendiaire et possède une identité sonore très forte. Les riffs massifs et irrésistibles s’enchaînent et font très mal. Toutefois, si le groupe a pu proposer son premier album comme il le souhaitait et a sans doute retravaillé quelques trucs, ce Slight Reprise ne parvient pas non plus à rivaliser avec les plus grandes réussites du combo, Wild Wonderful Purgatory et Almost Heathen. Néanmoins, il redresse considérablement la barre après V et devrait représenter un indispensable pour tout amateur du groupe qui se respecte. Pour les autres, on leur conseillera de découvrir le trio infernal avec l’un des deux albums sus-nommés, plus aboutis, bien que ce Slight Reprise soit également un témoignage passionnant d’un style en pleine émergence, qui a un peu disparu de la carte par la suite.