Soundgarden 16 ans après
Un peu d’histoire…
Tout le monde a au moins entendu parler de ce groupe qui compte bien sûr parmi les tauliers de la scène Grunge des années 1990. Voire des années 1980 car en réalité, c’est en 1984 que le groupe se forme. A force de tourner et de collaborer avec des musiciens à droite à gauche (dont les Melvins), Soundgarden se taille une certaine réputation underground et fait forte impression sur Jonathan Poneman, Disc-Jockey sur une radio publique spécialisée dans la musique indépendante et alternative (KCMU), qui fournit 20 000 dollars pour fonder le label SubPop, qui deviendra célèbre pour avoir signé des formations comme Nirvana, Mudhoney et Dinosaur Jr. Soundgarden y publiera ses deux premiers EP en 1987 et 1988 après avoir participé à une compilation publiée par KCMU.
Les choses sérieuses commencent en octobre 1988, quand le groupe sort son premier album Ultramega OK sur un label indépendant. Album qui est une pure bombe et contribue largement à faire remarquer le groupe, qui est curieusement classé comme métal. Le deuxième album semble confirmer cette impression et, s’il n’est pas un échec, contribue à entretenir le malentendu, d’autant plus que Soundgarden, qui a signé sur une major (ce qui déclenche la colère de nombreux fans), tourne avec Voivod. Mais c’est au début des années 1990 que le groupe va véritablement se trouver. En termes de line-up tout d’abord : le 3e bassiste (Ben Shepherd) sera le bon et s’avérera un complément idéal à la paire Cornell/Thayill. Ce qui se ressentira directement sur le 3e album, Badmotorfinger, sorti en 1991 et qui est le premier à connaître un large succès.
Dès lors, les choses vont assez vite : Guns’n roses choisit Soundgarden comme première partie (Faith no More sera régulièrement présent sur la tournée également), ce qui permet au groupe d’être exposé à un large public, avant qu’il ne prenne part au festival itinérant Lollapalooza avec les Red hot Chili Peppers, Ministry et surtout Pearl Jam. L’histoire des deux groupes est intimement liée puisque cornell a monté Temple of the Dog, un groupe/projet parti de chansons destinées à rendre hommage à Andrew Wood, chanteur de Mother Love Bone (la première version de Pearl Jam). L’album ne connaît qu’un succès confidentiel mais deviendra album de platine après sa ressortie, et après que les musiciens participant au projet, Soundgarden et Pearl Jam donc, aient le succès que l’on sait.
Si Badmotorfinger a connu un grand succès, sa sortie a été un peu éclipsée par celle du Nevermind de Nirvana. En revanche, Superunknown, qui sort en mars 1994, est un énorme carton et demeure l’album le plus populaire du groupe à ce jour. Car Down on the upside, qui arrive deux ans plus tard, divise les fans et ne connaît pas le même succès. Fatigués par les tournées à répétition, pas forcément d’accord ur la marche à suivre, les musiciens décident d’en rester là. Ce qui nous amène à ce lundi 12 novembre 2012, où nous allons enfin pouvoi écouter ce nouvel album qui déboule 16 ans plus tard !
King Animal
On a eu récemment un grand groupe qui, s’il ne s’est jamais séparé (encore que c’est pas passé loin), a sorti son premier véritable album depuis 11 ans. Et malgré tout le respect qu’on leur doit, c’était pas beau à entendre. Dans le cas présent, on peut penser ce qu’on veut d’Audioslave, mais les albums solos récents de Cornell n’étaient pas là pour nous rassurer. Car sans remettre en cause l’apport des autres musiciens, le chanteur et multi-instrumentiste est bien le leader et le principal compositeur de la formation. Alors le voir s’essayer au R’n B foireux et tenter de percer vers le mainstream n’était pas fait pour rassurer, surtout qu’après que sa tentative de capitaliser sur l’exposition générée par son générique de Casino Royale (le premier James Bond avec Daniel Craig) se soit avérée être un échec, on pouvait craindre qu’il soit retourné vers Soundgarden pour de mauvaises raisons. Le titre « live to rise », sorti sur la BO de The Avengers cet été, n’était pas là pour nous rassurer. Fort heureusement, King Animal se fait un plaisir de nous détromper.
Les détracteurs de Down on the Upside auront peut-être un peu de mal avec ce nouvel opus qui s’avère d’une grande maturité. Le groupe se fait plaisir et s’aventure vers des sonorités parfois assez étonnantes : « Eyelids Mouth », les chœurs ultra rock’n roll old school de « Attrition », « a thousand days before » et ses sonorités un peu hindou... N’allez surtout pas croire pour autant à un album qui part dans tous les sens. Au contraire, on sent que les musiciens ont gagné en cool attitude, sont plus relax dans leur vie, dans leur tête (donc dans leur musique), et n’ont pas hésité à essayer à essayer le plus de pistes possibles et à aller au bout de leurs envies. Soundgarden n’a pas non plus oublié ce qui faisait sa force et conserve ses racines Black Sabbath pour ses tempos lourds et lents, et Led Zeppelin pour un ancrage bluesy. A ce titre, le premier single « Been away too long » (le lien pour le clip est en bas de l'article) est réjouissant et remet les points sur les « i » d’entrée de jeu : le groupe n’est pas revenu pour faire semblant et la guitare de Kim Thayil sur « Non-state actor » nous montre que les musiciens n’ont rien perdu de leur savoir-faire.
Des titres comme « Blood on the Valley Flore », ou les plus mélancoliques « Balck Saturday » et « Bones of birds »sonnent comme du Soundgarden typique, de sorte que ce King Animal se révèle être un album très riche qui marque le retour d’un grand. Album synthèse qui ajoute encore quelques nouvelles cordes à un arc déjà bien fourni, suite finalement logique de Down on the Upside, l’album ne manquera pas de décevoir les adorateurs de Badmotorfinger qui espéraient un retour à ces sonorités. En revanche, pour les autres, pour les fans qui peuvent accepter que les musiciens ont mûri et qui, s’ils n’ont pas abandonné leurs racines, ont désormais envie de faire parfois des choses plus posées, ce nouvel album se montrera pleinement satisfaisant. Il s’agit d’un album de rock au sens large, qui brasse de nombreuses influences et envies. D’un album synthèse de Soundgarden qui esquisse de nouvelles pistes pour le futur et pose les bases idéales pour un nouveau départ réussi. D’un album de rock qui a parfaitement sa place en 2012, et qui on l’espère en appellera d’autres.